Liaisons Dangereuses
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Liaisons Dangereuses

Forum Yaoi avec Anges et Démons
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Bienvenue à toi, Invité! Bonne visite sur le Forum, en espérant que tu l'apprécieras et que tu viendras rejoindre notre petite communauté ;p
Le Deal du moment :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où ...
Voir le deal

Partagez | 
 

 Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptyVen 11 Mar - 19:07




Dernière édition par Népenthès le Jeu 14 Juin - 20:50, édité 10 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptyDim 20 Mar - 19:09

NEPENTHES


Naissance.



La lave coulait lentement, plus chaude que d'habitude encore, plus lumineuse, plus rougeoyante. Elle se glissait dans la tranchée de pierre noircie qui lui servait de lit, raclant et caressant à la fois les bords rocheux et immobiles, tel un long serpent fumant et avançant à son rythme, suivant une voie déjà toute tracée. Le bruit sourd du magma qui s'écoule était habituel et tenait lieu de fond sonore aux Enfers. Cependant, cette fois-ci, quelque chose était différent. Ça ne se voyait pas, ne se sentait pas, ne s'entendait pas. Pas pour le moment en tout cas. Mais lentement et sûrement, de l'énergie s'accumulait dans le courant de lave. L'air vibrait subtilement d'énergie qui ne ferait que grossir et devenir plus palpable avec le temps. Le phénomène était devenu rare. Si bien que la grande majorité des Démons pensaient qu'il s'agissait d'un mythe. La conception était lente, si lente qu'à moins d'être fin observateur et de s'attendre à l'évènement, il était indécelable, jusqu'au moment du terme.

Là, quelque part dans cette immense coulée de lave, de roche en fusion, de soufre, la magie occulte des Enfers s'accumulait pour créer un nouvel être. Il n'était pas visible. Dilué dans la lave, encore immatériel, il n'avait aucune âme, aucune conscience, il était encore trop tôt pour tout cela. Sa création fut longue, s'étirant sur des dizaines et des dizaines d'années où la colère et la folie des hommes nourrissaient le nouvel être. A la surface, les humains combattaient, se massacraient. Il y eut de grandes guerres, de terribles exécutions, des révolutions, des épidémies, des croisades. Jamais tant de sang ne coulât. Et tout cela devenait une part de cet être en fabrication. Dans la rivière de feu, il prenait lentement forme, acquérait une conscience légère, n'entendant que les remous de la lave autour de lui, de la roche cédant sous la chaleur, frottée par sa cousine en fusion, et pourtant, la créature ne savait pas qu'elle existait et qu'elle était différente de ce qui l'entourait.

Le jour de sa naissance arriva. L'odeur de souffre du courant de lave était bien plus forte qu'à l'accoutumée, et la rivière fumante semblait plus agitée. Le son des roches en fusion était plus fort, presque comme le son tonitruant du tonnerre. Dans la lave, la créature prenait conscience de son corps. Structure plus solide, plus maniable aussi, plus puissante. Une indicible colère l'envahissait, alors même que le nouvel être ignorait tout de ce dont il s'agissait. Malgré la lave en fusion, ses yeux s'ouvrirent, étincelants. Il entendait le bruit tonitruant de son berceau. Il le sommait de sortir. A l'extérieur, l'agitation du fleuve avait attiré l'attention, son odeur et le bruit qu'il produisait également. La colère galvanisa la créature qui sentit la force tendre ses muscles, lui indiquant les limites de son corps. Soudain il poussa et se redressa, hurlant sa colère à la face du monde en un cri inhumain. Ses iris d'argent brillaient de milles feux, aussi glaciales que la lave qui couvrait son corps et coulait lentement sur sa peau nue était brûlante. Son hurlement se répercuta dans tous les Enfers. Le sol trembla comme pour l'accueillir. Il ne voyait pas encore, mais il avait une furieuse envie de détruire, de massacrer. Il voulait faire le mal, il voulait libérer la puissante énergie en lui. La lave le quittait, lu retirant sa chaleur alors qu'une autre, bien à lui prenait sa place. De grandes flammes bleues l'entouraient alors même qu'il ne voyait rien autour de lui, ne distinguant que des silhouettes floues, n'entendant que de vagues échos de sons qu'il ne connaissait pas.

Une douleur explosa dans son crâne et il hurla une nouvelle fois, cambré sous la douleur, la lave le caressant comme pour le rassurer là où il était encore immergé. Ses cornes poussaient, lui fendant les os du crâne pour se faire une place avant que ceux-ci ne se ressoudent à ce nouvel attribut. Sa vision devint plus claire, plus nette. Son odorat lui indiqua qu'il y avait d'autres créatures autour, ses oreilles percevaient des sons articulés. Il entendit quelqu'un qui semblait lui parler et tourna la tête vers lui avec brusquerie. Il retroussa ses lèvres et feula, griffes sorties, montrant les crocs. Les flammes autour de lui le protégeaient. Il se sentait agressé, il voulait retourner dans la lave, mais la rivière de feu le poussait, lui faisait perdre pied, l'obligeant à en sortir. Mais il ne voulait pas approcher des autres créatures. Il en vit de nouvelles arriver et l'une d'elle attira son attention.

La haute silhouette de l'homme aux cheveux flamboyants se pencha vers lui et lui tendit la main en prononçant quelque chose d'une voix grave et vibrante. Son odeur était semblable à la sienne. Les flammes autour de son corps se dissipèrent lentement et il approcha prudemment. Il restait méfiant cependant. Il sentait qu'il était plus ou moins semblable à cette créature. Dans son dos il en vit une autre qui se tenait en retrait. Un grand homme qui avait une odeur très différente qui le fit froncer du nez. Pas de la même espèce. Il lui montra les crocs. Le visage de l'homme resta impassible, son regard violet le scrutant. L'autre créature aux cheveux rouges s'était approchée et lui toucha l'épaule. Il eut un mouvement de recul puis s'approcha de nouveau et finalement se laissa toucher à nouveau. Il lui parlait, il ne saisissait pas ses mots. L'homme se recula de quelques pas et lui fit signe de le rejoindre. Le nouveau né hésita puis sortit de la rivière de feu, ayant un pincement au cœur en faisant ce geste. Complètement nu, il observait les alentours avec curiosité. Autour de lui, son esprit commençait à saisir le sens de quelques mots chuchotés. L'homme face à lui lui fit signe de le rejoindre. Il obéit et se blottit dans ses bras, un peu perdu. Il sentit les bras puissants et chauds se refermer sur lui. Les autres créatures commentaient, disant que très sûrement, Satan en profiterait pour le mettre dans son lit. Il tourna brutalement la tête vers eux et feula, faisant crépiter son corps par la même occasion. La main de son seigneur lui agrippa brutalement le visage et ses ongles s'enfoncèrent dans ses joues, l'obligeant à le regarder bien en face.

- Attention à ce que tu fais, entendit-il d'une voix sifflante.

Il resta complètement immobile, les étincelles disparaissant autour de son corps. Il le toisa du regard puis le relâcha, le laissant se frotter les joues pendant qu'il réprimandait sèchement les autres. Il l'emmena ensuite dans une grand structure de roche qu'il appelait « son palais ». Le nouveau Démon observait les alentours avec curiosité, son cerveau vide se gavant de ce qu'il voyait. Derrière eux, le Démon aux yeux violets suivait. On l'emmena dans une salle avec des draps, des couvertures, des coussins partout au sol. On le fit asseoir et on lui amena des vêtements. Ensuite son maître qui semblait répondre au nom de Satan l'obligea une nouvelle fois à le regarder.

- Tu n'as pas de nom, je présume ?

Le nouveau-né ouvrit la bouche pour la première fois. Sa voix rocailleuse et un peu cassée prononçant un « non » qui résonna dans la pièce.

- Bien. Alors tu te nommeras...

Il eut l'air de réfléchir quelques instants et enfin le regarda droit dans les yeux.

- Népenthès.

Le nouveau Démon cligna des yeux alors que ce nom se gravait en lettres de feu dans son esprit.

- Népenthès, répéta-t-il.

Satan acquiesça. Il lui donna des explications, lui expliquant qui il était, ce qu'il devait faire, où il se trouvait, comment le monde fonctionnait. Puis enfin, il lui permit de partir. Il avait dit ça d'un ton impérieux. Népenthès savait qu'il ne devait pas désobéir. Il ressortit donc. Il était un Démon de la Colère, opposé aux Anges. Sa vie pouvait commencer.


Dernière édition par Népenthès le Ven 8 Juin - 18:24, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptyMer 4 Mai - 15:40

NEPENTHES


Premier Protégé.



Un premier Pacte est toujours une étape importante chez un Démon. C'est un peu comme une émancipation. Il est rare que les Démons quittent les Enfers avant leur premier Pacte et ce fut également le cas de Népenthès. A peine âgé d'une trentaine d'années, le Démon avait déjà fait parler de lui à de nombreuses reprises. Il était extrêmement turbulent, prompt à s'enflammer toutes les cinq minutes, plus vulgaire qu'un charretier et refusant l'amitié de qui que ce soit. Sa méfiance n'avait d'égale que la fureur qui l'animait en permanence. Pendant les premières années de sa vie, il avait même passé des jours entiers enflammé, sans s'arrêter. Il ne se contrôlait absolument pas. Aussi quand il sentit l'étrange sensation que cela fait quand un Pacte vous prend aux tripes et vous arrache à vos occupations, à votre foyer, pour vous jeter nu et vulnérable dans un environnement gelé pour une longue durée, il avait été fou de rage. C'est ce qui lui avait sauvé la vie lors de ce premier passage dans l'Erèbe. Souvent les Démons lors de leur premier Pacte y laissaient la peau. Le changement était si brutal et si inattendu pour eux qu'ils n'arrivaient pas à s'en protéger et mouraient. Dans le cas de notre Démon de la colère il était tellement fou de rage qu'il ne ressentit pas vraiment la morsure du froid lors de ce premier passage dans les Limbes.

Il atterrit durement au sol, dans une pièce fermée, sombre et quasiment vide. Il mit quelques instants à comprendre vu la température extérieure, qu'il était arrivé sur Terre. Il faisait froid. Il se redressa et se mit accroupi observant avec curiosité les alentours. Il se trouvait dans un genre de...il ne connaissait pas le mot. Une gigantesque pièce, très haut de plafond. Ça sentait l'huile de vidange et la moisissure. Les murs étaient en béton, nu, et le plafond fait avec de la tôle apparemment. Il y avait quelques véhicules autour, quelques flaques d'eau ou d'huile, difficile à dire, mais tout lui semblait silencieux à part ça. Du moins, jusqu'à ce qu'il entende un léger gémissement. Il releva la tête brusquement, comme un animal, identifiant une petite porte au fond, dans l'obscurité. Il s'en approcha, méfiant et colla son oreille au battant. Il y avait quelqu'un là-dedans. Il renifla l'air à la recherche d'odeurs qui pourraient potentiellement le renseigner davantage mais ne trouva rien. Son nez glacé n'était pas aussi performant qu'aux Enfers. Il observa alors les alentours pour bien s'assurer qu'il n'y avait personne et ouvrit la porte. Enfin il essaya, mais elle était verrouillée. Il pesta et persifla, broyant la poignée dans sa main et défonça la porte d'un coup sec. Il arriva dans une pièce où un homme était attaché, ligoté à une chaise et en piteux état. Un homme malingre de la trentaine voire quarantaine d'années. C'était lui son protégé. Il se dirigea vers lui, furieux et lui attrapa le visage déjà tuméfié et boursouflé, furieux.

- C'est toi qui m'a appelé espèce de chiure de merde ?! cracha-t-il d'un ton sec.

L'homme gémit et tenta de s'échapper. Le Démon remarqua qu'il avait un vieux tissu, sans doute autrefois blanc, qui lui couvrait la bouche, il le lui arracha d'un geste sec.

- Mon Dieu, le Malin vient à moi, je suis maudit ! pleurnicha l'homme en psalmodiant des prières.

Thess lui asséna une gifle cinglante. Il avait mal mesuré sa force car l'homme ainsi que la chaise sur laquelle il était assis basculèrent sur le côté et s'écrasèrent pitoyablement au sol. Il était habitué à balancer des coups dans la tronche de ses congénères et non pas dans celles des humains qui semblaient un tantinet moins résistants. Il l'attrapa par sa chemise et le remit debout sur sa chaise. L'homme lui suppliait de ne pas lui faire de mal. Le Démon s'apprêtait à lui dire sa façon de penser quand ils entendirent du bruit dans la pièce d'à coté. Le Démon s'immobilisa tandis que l'homme le suppliait de le délivrer. Il le pressait, le suppliait, lui disait qu'ils allaient tuer sa famille et que peut-être c'est ce qu'ils étaient en train de faire en ce moment-même. Le Démon soupira, plaqua sa main sur la bouche de l'homme et arracha les cordes d'un geste. L'homme tenta de se relever mais tomba lourdement au sol, apparemment sans forces.

- Et merde, lâcha le Colérique en attrapant la chemise de l'homme pour le remettre debout.

Il le balança sur son dos juste au moment où deux hommes entraient, armes au poing et l'air plus que surpris de trouver un type, ou du moins, une chose, à poil en train d'embarquer leur prisonnier.

- Hé ! Toi là ! cria l'un des deux en dégainant son arme.

Le Démon n'attendit pas davantage et s'enfuit, fonçant vers les malabars qui lui bloquaient la seule sortie de la pièce. Il leur fonça dedans avec une telle force qu'ils décollèrent de plusieurs mètres en arrière et qu'il entendit un craquement sourd quand l'un d'eux retomba au sol. Il n'attendit pas davantage et fonça vers les énormes portes coulissantes marquées d'un numéro qui étaient légèrement entrouvertes. Il sortit et se retrouva sur des quais enneigés. De la vapeur sortait de sa bouche tandis qu'il regardait partout autour de lui. Il n'était pas chez lui. Il était sur Terre. Il y avait la mer à perte de vue face à lui, des pierres glissantes couvertes de neige boueuse où on avait marché. A droite et à gauche une quantité impressionnante de bâtiments similaires à celui dont il venait de sortir. Il se sentait perdu et il avait froid.

- Mais qu'est-ce que tu attends, ils se relèvent ! lui indiqua son fardeau.

Il le retourna pour que le visage de l'homme soit orienté vers l'avant.

- Indique-moi l'chemin, j'connais pas c't'endroit.

L'homme acquiesça et lui indiqua de suivre les quais. Le Démon se mit à courir, il entendit des détonations et quelque chose lui piqua la jambe. Il se retourna et sentit la colère l'envahir. Il jeta son fardeau sur le côté et fonça vers ses agresseurs, des flammes jaillissant autour de son corps.

- Bande de connards de mes deux ! hurla-t-il en assénant à celui à portée un immense coup de poing qui l'envoya plusieurs dizaines de mètres en arrière.

Son vol plané fut stoppé par le mur d'un bâtiment dans lequel il s'encastra. L'autre, le bras pendant et du sang gouttant de son membre blessé restait le regard rivé à son collègue inerte qui était toujours dans le mur. Thess lui attrapa la tête et serra. Il sentit les os se briser sous sa poigne tandis que l'autre hurlait alors que les flammes léchaient son corps et que son crâne se brisait. Puis sa boite crânienne céda d'un coup et tout son corps devint mou. Le Démon le balança de côté, sans plus d'intérêt pour cette loque. Il observa les alentours et hurla :

- Y en a d'autres qui sont tentés d'me faire chier ?!

Il observa les alentours, méfiant et furieux et finit par comprendre qu'il n'y avait personne d'autre dans le coin. Hormis son protégé qui l'observait, terrifié et recroquevillé dans un coin. Il se dirigea vers lui et l'attrapa par sa chemise, le balançant à nouveau sur son épaule.

- Le chemin ! exigea-t-il d'un ton sec.

- O-oui..., répondit l'autre d'une voix tremblante.

Il le guida et lui indiqua quelques raccourcis pour qu'ils n'attirent pas l'attention. Le Démon découvrit bientôt ce que les humains appelaient « une ville ». Il réclamait que l'homme sur son épaule lui explique où il était. Il lui apprit qu'il était aux Amériques. Dans une petite ville côtière du nom de Baltimore, en plein essor. Evidemment, dans toute ville qui grandit, le crime grandit en proportion. Il lui expliqua entre deux indications de route qu'il avait été enlevé car il dirigeait une agence immobilière et que les affaires marchaient bien ces derniers temps. On voulait donc une rançon contre sa libération, seulement sa femme et lui avaient dû hospitaliser l'un de leurs jeunes enfants et que les soins s'étaient avérés très chers. La somme demandée était trop élevée pour eux. Les ravisseurs n'avaient rien voulu savoir et avaient donc naturellement informé leur prisonnier que puisque personne ne pouvait payer, il serait tué, ainsi que sa femme et ses deux enfants. Évidemment.

- Ils ont dit qu'ils iraient les égorger dans la nuit. A droite.

Il leva les yeux au ciel. L'aube pointait.

- Si ça se trouve, ils sont déjà tous morts, sanglota-t-il.

Népenthès leva les yeux au ciel, soupirant. Mais qu'il était sensible ! Ils arrivèrent devant une maison plutôt grande et aisée après les quartiers pauvres et les immeubles malodorants qu'il avait pu voir. Ils étaient dans une banlieue entretenue et tout le monde dormait encore à cette heure. Son protégé lui avait indiqué quelle était sa maison et ils entrèrent dans le jardin, avant que l'homme ne tente d'ouvrir la porte, toujours sur l'épaule du Démon. C'était ouvert. Et Thess sentait d'ici l'odeur du sang.

- A mon avis c'est trop tard, dit-il d'un ton absolument pas concerné.

L'homme se débattit pour descendre de son épaule et il le reposa à terre. Ils étaient dans un hall, à gauche, une ouverture conduisait au salon, face à lui, un escalier que tentait de grimper tant bien que mal son protégé et à droite, une pièce...une cuisine apparemment. Le Démon passa à côté de l'homme qu'il laissa se trainer comme une loque dans les escaliers. A l'étage, l'odeur du sang était partout. Il ouvrit la porte face à lui et tomba sur une salle de bain propre comme un sou neuf, bien que quelques jouets trainent ça et là. Il referma la porte et se dirigea vers la porte de droite. La pièce était plongé dans l'obscurité mais ça sentait le sang frais à plein nez. Le Démon distingua deux lits. Des petits lits. Son protégé venait d'atteindre le haut des marches et s'agrippa à ses jambes.

- Allume ! demanda-t-il en soufflant comme un porc.

Le Démon s'exécuta et on découvrit deux lits avec les corps des enfants toujours endormis, les couvertures à peine défaites, une grosse tâche de sang salissant leurs draps et une flaque s'étendant silencieusement au sol. L'homme lâcha un gémissement comme s'il était à l'agonie. Thess haussa un sourcil d'incompréhension. Bah qu'est-ce qu'il avait encore ? Il avait mal quelque part ou quoi ? Le reste de la chambre était dans les tons pastel, très doux. Des jouets et des peluches ornaient des étagères et une grande armoire renfermait probablement les vêtements des enfants. Des jouets s'entassaient dans les coins de la pièce et certains trainaient ça et là dans la pièce. L'homme à ses pieds pleurait toutes les larmes de son corps. Le Démon soupira et se détourna pour ouvrir la porte d'en face, à gauche quand on arrivait de l'escalier. C'était probablement la chambre conjugale. Il distingua un grand lit, large. La pièce était beaucoup plus grande que celle des enfants. Il y avait une grande armoire et un bureau dans la pièce. L'une des fenêtres était entrouvertes et laissait les rideaux légers voleter. L'odeur du sang était également très présente. Il alluma la lumière alors que l'homme arrivait en chancelant à côté de lui. Il s'effondra littéralement en voyant un main inerte sortir du lit, d'où gouttait du sang. Les draps originellement blancs avaient pris la jolie couleur du sang.

Le Démon entra dans la pièce et vit que par contre, la femme avait tenté de se débattre. Ça n'avait pas suffit. Il poussa les draps détrempés pour s'asseoir sur le matelas moelleux et attendit que l'homme se reprenne un peu. Il sanglotait en murmurant des choses incompréhensibles. Thess s'ennuyait ferme en attendant. Bon, il allait se calmer oui ou merde ? En attendant qu'il se ressaisisse, il se leva et ouvrit l'armoire de la chambre à la recherche de vêtements. Erk, y avait que des costumes de coincés du cul. Il prit une chemise et un pantalon noir. Il arracha un bout de l'arrière pour faire passer sa queue dedans et regarda la dégaine qu'il avait dans le miroir à l'intérieur de la porte de l'armoire. Mouais. Il n'avait pas le choix de toute façon. Il referma les battants du meuble et se dirigea vers son protégé.

- Bon, qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-il.

L'homme faisait non de la tête en pleurant, incapable d'articuler un traitre mot, levant la main pour signifier qu'il n'en savait rien et qu'il n'en avait probablement rien à foutre. Le Démon se mordit la langue, mais son visage se tendit en une expression de colère mal contenue. Il attrapa l'homme par les cheveux. Celui-ci se mit à crier de douleur, lui intimant de le relâcher. Il redescendit au rez-de-chaussée, le trainant derrière lui par les cheveux tandis qu'il sentait vainement les ongles de l'homme s'enfoncer dans sa main, cherchant un moyen de lui faire lâcher prise. Il le fit glisser sur le parquet du salon et lui bloqua toute retraite.

- J'me suis mal fait comprendre sans doute. Tu m'as appelé ici parce que t'as envie que je fasse un truc que t'as pas les couilles de faire toi-même. C'est quoi ?

Il vit l'autre penser manifestement à vouloir lui répliquer quelque chose de bien senti mais le Démon l'en dissuada d'un simple regard. L'homme prit le temps d'y réfléchir et son visage se marqua des traits caractéristiques de la haine et de la colère. Ses yeux luisaient de larmes. Il le regarda droit dans les yeux.

- Tue les salauds qui m'ont fait ça.

- J'en ai zigouillé deux, ils étaient combien ?

- Cinq.

Merveilleux. Il allait pouvoir se défouler tout son saoul. Il se releva et s'étira. S'il voulait pister ces hommes il devrait forcément attendre que cette saloperie de neige fonde. Qu'il fasse moins froid. Il en informa son humain qui acquiesça et avertit la police. On embarqua les corps et on ouvrit une enquête. Comme ça on saurait très vite qui étaient les salauds qui avaient osé faire ça à sa famille. On l'interrogea longuement mais on laissa Thess tranquille. Ils se retrouvèrent alors seuls. Son protégé resta longuement silencieux puis lui demanda s'il aimait lire.

- Lire ? répéta-t-il sans comprendre la signification de ce mot.

- Oui lire.

L'homme se leva et prit un livre dans la bibliothèque vitrée du salon. Il montra le livre et en fit tourner les pages.

- Tu sais lire ?

- Chais pas. Jamais essayé.

Il tendit la main vers le bouquin sous le regard curieux de l'humain qui l'observait. Ca devait le distraire pendant que des types nettoyaient les saloperies à l'étage. En fait, il avait déjà lu, une ou deux missives envoyées par Satan. L'écriture était différente ici, mais il comprenait parfaitement ce qui se disait et rapidement plongea dans sa lecture. Ses yeux parcouraient les lignes à toute allure tandis qu'il tournait régulièrement les pages, toutes les minutes voire moins parfois. Il arriva à la fin du livre et releva la tête. Son humain n'était plus là, et dehors, le crépuscule tombait. La neige avait fondu.

Il posa le bouquin sur la table du séjour et renifla l'air. L'odeur du sang n'avait pas disparu, mais il ne sentait pas davantage celle de son protégé.

- Oh le con ! siffla-t-il.

Il avait dû partir en croisade tout seul. Il vérifia quand même toute la maison et sortit brusquement dehors.

- Et merde ! C'est pas vrai !

Il renifla partout autour de lui, se mettant à courir dans les rues à la recherche de ce crétin de première. Il le fila jusque chez un marchand d'arme. Putain de bordel de merde ! Furieux, il chauffait déjà, les vêtements qu'il portait commençant à souffrir et poursuivant sa course dans la ville. Il le maudissait, le traitait de tous les noms, se promettait de faire payer à ce pauvre con son accès d'héroïsme. Il se retrouva sur les docks et pria pour que cet idiot ne soit pas mort. Il courut à toute vitesse vers le hangar - ça s'appelait comme ça ce bâtiment - où il s'était réveillé dans la nuit. Il ouvrit les portes en grands et sentit l'odeur du sang. Il y avait un silence de mort. Mais dès qu'il passa la tête dans l'ouverture, des tirs le visèrent et il se dirigea à toute allure vers un véhicule. Un homme était caché derrière. Il le souleva et l'envoya en plein milieu du hangar, dans l'espace dégagé. Bien sûr, les complices avaient trouvé les corps de leurs copains et avaient su qu'il y avait de fortes chances pour que leur prisonnier revienne se venger en découvrant ce qu'il l'attendait chez lui. Et ils l'avaient piégé. Des tirs retentirent, suivi de cris puis à nouveau le silence. Et un de moins. N'en restait plus que deux.

Thess passa la tête derrière la roue du véhicule. Ok, il y en avait un derrière la porte qu'il avait déjà remarquée l'autre fois, un derrière un second véhicule et un dernier derrière les barriques. Il était peu probable que son protégé soit celui derrière la porte. Il doutait qu'il ait pu aller jusque là. Il était donc plus logique qu'il soit derrière les barriques, assez proches de la porte et offrant une cachette moins sûre que les voitures. Il inspira profondément et s'élança vers la porte, plus proche de lui. Bingo, ce n'était pas son humain. Il lui envoya un coup de poing dans le ventre, qui le traversa de part en part. L'homme émit un horrible gargouillis, les yeux révulsés, et tomba au sol comme une espèce de gélatine informe. Bon, n'en restait plus qu'un. Prochaine étape, la dernière voiture du hangar. Il fonça vers elle et fut surpris de voir que c'était son protégé qui se cachait derrière. Il était blessé à l'épaule et avait perdu beaucoup de sang. Le Démon arracha la chemise usée qu'il portait et regarda la plaie. La balle était encore dedans. Il déchira une des manches de sa chemise et la donna à son humain.

- Appuie dessus avec ça.

Les humains étaient tellement vulnérables. Un de ses congénères aurait déjà guéri depuis perpète et aurait déjà recraché la balle. Il soupira. C'était tellement pathétique.

- Je vais zigouiller le dernier.

Son protégé ne put qu'acquiescer. Il semblait perdre connaissance. Le Démon se rua vers le dernier et faillit se prendre une balle dans le visage. Il avait senti le projectile frôler sa joue. Une autre se ficha dans son bras. Il massacra littéralement l'homme qui se terrait dans son coin en pointant le canon tremblant de son arme vers lui. Il lui arracha l'arme des mains et lui arracha ensuite les bras avant de lui arracher la tête aussi. Avant même que le corps ne tombe au sol, il sentit quelque chose se briser dans sa poitrine. Il ne put s'empêcher de sourire. Il venait de remplir son Pacte. Sympa pour une première mission sur Terre. Il se tourna vers son protégé duquel il s'approcha lentement. Il s'agenouilla face à lui. L'humain peinait à garder les yeux ouverts et sa respiration était laborieuse. Il le regarda droit dans les yeux.

- Et voilà, ils sont morts.

L'homme le remercia. Thess sourit, posant sa main sur la gorge de l'humain.

- Y a pas d'quoi.

Il lui ouvrit la gorge et le regarda lutter quelques secondes avant de mourir.

- Et ad vitam eternam, lança-t-il. Bon, ben c'est pas tout ça, mais j'ai bien envie de rentrer. Doit bien y avoir un passage quelque part...


_______________________

« Je pense aujourd'hui avec du recul que cet homme devait déjà se douter qu'il ne parviendrait jamais à sauver sa famille. Il avait besoin que quelqu'un les venge si lui-même ne pouvait plus le faire. J'ai rempli mon contrat. Je lui ai même permis de rejoindre les siens, ne suis-je pas magnanime ? Dans tous les cas, cet homme dont j'ai ignoré le nom et qui ignora le mien m'a donné goût à la lecture et démontré combien les humains étaient inintéressants et faibles. Ce fut le plus court Pacte que j'eus jamais à faire. Heureusement que ce fut mon premier. J'avais fait de grossières erreurs qui m'auraient été fatales en d'autres circonstances...»
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptySam 4 Juin - 10:35

NEPENTHES


Viol.



Les quarante premières années de sa vie, Népenthès avait vécu dans une certaine naïveté. Non pas qu'il croie en la bonté ou en l'amour, ni même qu'il considère que simplement vivre était une bénédiction. En fait, il ne voyait rien de particulièrement miraculeux autour de lui, ni de particulièrement enchanteur. Mais la raison pour laquelle on pouvait le traiter de naïf, était tout simplement qu'il n'avait pas encore vu les choses les plus sombres qu'il lui ait été donné de voir. Il connaissait les plaisirs de la chair, la douleur des scarifications et le contact intime de la lave contre sa peau, mais il n'avait pour ainsi dire aucune raison particulière d'être mauvais, si ce n'est que c'était inscrit dans ses gênes, qu'il était né pour ça, aussi sûrement qu'il était un être passionné comme en démontrait la violence de ses crises de rage. Mais bien sûr, tout cela devait bien changer un jour. Son côté prude et insoumis en intéressait plus d'un qui lui tournaient autour comme des vautours. Un petit jeune qui ne se laissait pas faire, ne se laissait pas toucher par n'importe qui, et mieux encore était apparemment endurant...Voilà de quoi attirer les mauvaises pensées sur lui. Bien sûr, Népenthès n'avait aucune idée de tout cela, sûr de sa supériorité du fait de sa naissance, sûr de sa force et persuadé que personne n'oserait le forcer à quoi que ce soit sous peine de le voir entrer dans une colère noire.

Mais il se trompait.

Ça arriva sans crier gare. Un jour, il se fit sauter dessus par un Démon à la mauvaise réputation. Un géant de près de deux mètres. Une armoire à glace composée de muscles et de force répondant au doux nom de Sedirah. C'était un vieux Démon et une créature cruelle qui n'avait de cesse de répandre le mal aussi bien sur Terre qu'aux Enfers. Pourtant, il n'occupait pas une grande place dans la hiérarchie bien que les Sept gardent un œil sur lui. Il avait donc un jour attaqué Népenthès qui flânait dans les Enfers, le prenant en embuscade et lui sautant dessus, l'écrasant de tout son poids avant que le jeune Démon n'ait le temps de l'éviter. Il l'immobilisa avec une facilité déconcertante tandis que le tout jeune Démon sifflait, insultait et tentait de se défaire des bras puissant du Démon. Il commençait même déjà à s'enflammer. Mais seul un rire profond lui répondait, faisant vibrer le corps du géant qui se moquait bien de ses petites tentatives, ce qui ne fit que rendre notre jeune Colérique encore plus furieux. Sedirah l'emmenait tranquillement vers les habitations creusées dans les roches, probablement la sienne, et ne montrait toujours aucun signe de douleur. C'est alors que Népenthès comprit et blêmit. Ce géant, il s'en rappelait maintenant, était un Démon de la Colère également. Et il n'était pas de taille à le repousser.

- On dirait que tu as compris. T'en fais pas, on va bien s'amuser.

- Lâche-moi tout de suite, fils de ...!


Le géant avait plaqué sa main sur sa bouche, l'étouffant à moitié et lui coupant la chique. Il fulmina, et ne put que se laisser faire, prêt à saisir la moindre occasion pour se casser et laisser ce gros plein de soupe sur sa faim. Malheureusement et comme il allait s'en rendre compte, ce dernier était suffisamment intéressé par lui et suffisamment puissant pour pouvoir le garder sous contrôle sans problème. Il l'emmena jusque chez lui, un endroit guère accueillant, très sombre. L'habitation semblait comporter une pièce principale avec une cuvette de lave en son centre, illuminant l'endroit, et une ouverture débouchant sur des escaliers descendant dans les profondeurs. Le géant se dirigea vers celle-ci et se remit à parler, ayant enlevé sa main de la bouche du jeune Démon.

- On sera plus tranquille en bas. En plus, ça devrait te plaire.

Népenthès lui lança un regard assassin et se contenta de sentir la chaleur augmenter sensiblement et une lueur orangée et mouvante illuminer petit à petit les marches de l'escalier plongé dans l'obscurité. Ils arrivèrent dans une grande pièce où coulait une rivière de lave. Ah ouais, il ne pouvait pas nier, ça lui plaisait. Il faudrait qu'il s'arrange pour qu'il ait quelque chose comme ça aussi chez lui. Sedirah l'emmena vers l'un des murs où le jeune Démon aperçut d'épais anneaux fixés au mur. Ça par contre, ça ne lui plaisait pas du tout. Le Démon plongea sa main dans la rivière de feu juste à côté et farfouilla un peu dedans avant d'en sortir des chaines chauffées à blanc. Il l'envoya contre le mur sans douceur, faisant hoqueter son jouet du moment de douleur. Il tenta de se relever immédiatement mais une main large et puissante le plaqua aussi sec contre le mur.

- Du calme jeune étalon. Tu n'as pas envie que je devienne méchant, mmh ?

Salaud. Il lui passa les chaines autour des poignets et du cou. S'il n'avait pas été un Démon de la Colère, il en aurait probablement hurlé de douleur. Le contact du métal lourd et épais, bouillant sur sa peau lui faisait afficher une grimace de douleur, mais il survivrait. Puis Sedirah entreprit de le déshabiller.

- Me touche pas, connard ! hurla le plus jeune en tentant de le faire reculer à grands coups de pieds.

Le Démon lui attrapa un cheville et serra. Il hurla de douleur, se cambrant en sentant ses os céder puis le craquement sonore résonna dans la pièce accompagné d'un nouveau hurlement de douleur. Sedirah lâcha sa jambe qui retomba brutalement par terre, lui arrachant un nouveau cri.

- Tu me le paieras ! Tôt ou tard, tu me le paieras ! sifflait tant bien que mal Népenthès d'une voix sourde.

- Mais oui, mais oui. Ils disent tous ça.

La douleur irradiait dans tout sa jambe, il en avait presque des larmes aux yeux. Et il savait qu'il allait cicatriser dans quelques secondes et que ce serait sans doute aussi douloureux. Sedirah en attendant s'était penché vers lui et lui avait arraché ses vêtements. Vêtements longs à fabriquer et difficiles à trouver car les seuls capables de supporter les inflammations impromptues des Colériques. En partie dénudé, il sentit sa jambe se remettre en place et se ressouder, lui arrachant des cris de douleur. Les yeux fermés, il luttait puis sentit enfin que tout était revenu à la normale et rouvrit les yeux. Il découvrit alors son bourreau en tenue d'Adam et bloqua complètement sur son entrejambe. C'était...monstrueux. Il blêmit et leva les yeux vers Sedirah qui lui adressait un grand sourire cruel.

- Même pas en rêve ! Casse-toi !

Mais bien entendu, le Démon ne l'écouta pas le moins du monde et s'approcha de lui, toujours aussi ravi de la situation.

- Me touche pas ! M'approche pas espèce de bête en rut ! lui lançait-il, paniqué.

Il lui écarta les jambes d'un geste et il tenta à nouveau de se défendre mais un simple regard du Démon lui fit comprendre qu'il n'hésiterait pas à lui casser à nouveau les jambes s'il ne se tenait pas tranquille. Il s'immobilisa et se crispa. Sedirah s'enfonça alors en lui d'un seul coup qui lui arracha le pire hurlement qu'il ait jamais poussé. Son long calvaire commença alors. Les Démons étaient très endurants et il put le constater. Il ne sut jamais combien de temps il était resté dans cet endroit à se faire monter par le Démon qui le besognait sans état d'âme. A force, il avait fini par s'habituer à l’innommable douleur dans son cul, mais il devinait qu'il aurait beaucoup de mal à marcher pendant un bon moment. Finalement, son bourreau se lassa de lui et finit par lui enlever ses chaines, lui indiquant qu'il sortait et qu'il avait intérêt à ne pas le trouver là quand il rentrerait.

Il sortit effectivement, sans doute ravi d'avoir passé de bons moments en sa compagnie et lui permettait maintenant de sortir, à moins que ce ne soit qu'une ruse pour lui donner de faux espoirs. Dans tous les cas, le jeune Colérique attendit avant de faire le moindre mouvement. Épuisé, brisé et éteint. Il finit par trouver la force de se relever et remarqua qu'il n'avait pas de vêtements. Tant pis. Rien à foutre, c'était certainement pas parce qu'il se baladait à poil qu'il allait se sentir gêné. Il tendit une main tremblante entre ses cuisses et y sentit du liquide. En regardant sa main il vit un mélange de sperme et de sang en grande quantité. Il n'avait jamais pris la peine d'y aller plus doucement et l'avait labouré sans relâche pendant des journées entières, empêchant toute cicatrisation. Titubant et tremblant, ses jambes le soutenant à peine, il remonta avec lenteur les escaliers et ne trouva personne. Il sortit en chancelant de l'habitation et s'en alla au hasard. Ses congénères le reluquant avec intérêt et certains se moquant ostensiblement de lui. On devait sans doute remarquer que son cul était ouvert aux quatre vents et maculés de liquides immondes. Il finit par échouer près des rivières de feu où il se plongea, en quête de réconfort que seul le fleuve qui l'avait vu naître pourrait lui prodiguer.

Il y resta un moment et sentit ses blessures se guérir lentement mais sûrement. Lorsqu'il se sentir assez remis, il sortit, nettoyé en partie de cet affront, il rentra chez lui où il se rhabilla. Il se le jurait, un jour ce connard lui paierait cet affront. Dusse-t-il y laisser sa peau. Et il se promettait que plus jamais il ne se laisserait prendre et soumettre. Jamais !
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptyMar 21 Juin - 15:32

NEPENTHES


Elizabeth. [PART I]


C’est à peine une année plus tard qu’un nouveau Pacte le lia à un humain. Très franchement, il s’en serait passé. Il aurait voulu prendre le temps de fomenter une vengeance digne de ce nom contre Sedirah et il aurait bien aimé rester seul plus longtemps. Pour la première fois, il comprenait qu’un Pacte ne tombait pas forcément au bon moment et comme il allait très vite le découvrir, pouvait durer très longtemps.

Il s’écrasa, tombant d’une hauteur à la fois vertigineuse et très courte. Le souffle coupé quand il se reçut sur la toiture d’une grande maison victorienne. Il dévala la pente et tomba du toit, atterrissant dans un épaisse couche de neige qui amortit sa chute mais lui coupa également le souffle une seconde fois. Après tout, avoir un corps aussi chaud et atterrir dans une matière aussi froide, ça fait un choc. Comme la première fois, il était conscient. Ce n’était pas forcément toujours le cas à ce qu’on disait. Tout dépendait de l’état d’esprit dans lequel on se trouvait en passant dans les Limbes. Bougeant difficilement et tremblant, il se redressa tant bien que mal sur les coudes, le regard trouble et la tête dodelinant. Il leva alors les yeux et tomba en arrêt, avec sans doute la tête d’un parfait imbécile, en remarquant qu’une jeune femme le fixait, l’air surprise et apeurée. Ils se dévisagèrent en silence, elle les yeux ronds et la bouche entrouverte, tenant son parapluie au-dessus d’elle et un châle serré autour de ses épaules, et lui, étendu, nu dans la neige, la fixant sans comprendre, bouche ouverte et sourcils froncés.

Ils voulurent parler en même temps et s’arrêtèrent en même temps également. Elle fut plus rapide à reprendre la parole cependant :

- Puis-je savoir ce que vous faites dans mon jardin, euh…, elle l’observa en essayant de ne pas paraitre sans gêne, monsieur ?

Il sentait rien qu’à son ton et à ses mimiques qu’elle avait du caractère. Et il devinait aussi facilement que c’était elle sa protégée. Il avait peine à y croire. Elle semblait être l’incarnation de la pureté. Elle avait la peau diaphane, des cheveux châtains et bouclés, coiffés en chignon, portant un chapeau et une robe élégante dans les tons clairs. Un corset moulait son buste, mettant en valeur ses formes, tandis que la robe, bouffante à l’arrière faisait ressortir sa croupe appétissante. Elle semblait presque aussi douce et innocente que la neige autour d’elle. Il s’aperçut curieusement que ça lui plaisait beaucoup qu’elle ait l’air si pure.

- On pourrait pas parler de ça au chaud ? Je me les caille, répliqua-t-il en faisant un effort visible pour se relever.

Elle détourna les yeux en rougissant et lui tendit son châle d’une main tremblante. Il s’en aperçut et le saisit d’un geste sec.

- Oh trop aimable ! Vous me sauvez la vie, là, dis donc ! s’exclama-t-il d’un ton ironique.

Elle se retourna vers lui, rouge de colère et se mit à l’engueuler :

- Non mais vous n’êtes pas gêné ! Espèce de naturiste ! Vous entrez chez moi complètement nu et ensuite vous réclamez la charité ! Si vous ne voulez pas de mon châle rendez-le-moi !

Elle tendait la main d’un geste autoritaire, prenant grand soin de ne pas laisser ses yeux descendre sous la ceinture de son interlocuteur qui fut complètement scotché de se faire engueuler par une bonne femme et qui plus est une simple humaine. Il mit quelques secondes à se reprendre et marmonna dans sa barbe :

- Nan, c’est bon, j’le garde.

Elle posa l’une de ses mains sur ses hanches – l’autre tenant toujours le parapluie – et se redressa un peu alors qu’il s’enroulait de la fine étoffe parfumée.

- Ravie de l’entendre. Suivez-moi.

Elle pivota et fit le tour de la maison, montant un petit escalier de bois avant d’atteindre une terrasse protégée d’un porche qui donnait sur l’avant de la maison. Elle referma son parapluie et le secoua un peu avant d’ouvrir la porte d’entrée et de le ranger dans un porte-parapluie. Le Démon se glissa rapidement derrière elle et fut soulagé de sentir la chaleur qui régnait dans les lieux. Il était frigorifié et tremblait comme une feuille.

- Ne faites pas de bruit, mon père est là. Et je doute qu’il accepterait votre présence s’il vous voyait ainsi, murmura-t-elle.

Il acquiesça, peu enclin à quitter la chaleur des lieux. Un escalier s’ouvrait devant lui, permettant d’accéder au premier étage. A droite et à gauche, des pièces de vie qu’il ne tenta pas d’identifier. Il y avait des tapisseries aux murs, de nombreux petits tableaux et des gravures. Sur les meubles en bois sculpté, on trouvait beaucoup de petits bibelots et de la porcelaine. Une famille aisée apparemment. Ils avaient à peine faits deux pas pour rejoindre l’escalier qu’une voix grave retentit dans la pièce de gauche.

- Elizabeth, c’est toi ?

- Oui, père, dit-elle en entrant spontanément dans la pièce. Vous avez besoin de moi ?

- Non, non. Je voulais simplement m’assurer que c’était bien toi.

- Bien, je vais lire un peu dans ma chambre dans ce cas. Je redescendrais pour le thé.

- Moui, moui, répondit son père distraitement.

Elle ressortit de la pièce en fermant doucement les portes vitrées donnant sur le hall où attendait le Démon, caché près de la porte d’entrée, à l’abri des regards des curieux pouvant se trouver dans les pièces à droite et à gauche. Elizabeth grimpa les escaliers et pivota pour lui intimer de la suivre. Il haussa un sourcil dubitatif mais s’exécuta et la rejoignit silencieusement et rapidement. Ils montèrent les marches et arrivés à l’étage, un long couloir s’étendait devant eux, donnant sur diverses pièces. La jeune femme passa plusieurs portes sans les regarder et à la façon dont elle entra dans une pièce, il devina qu’il ne s’agissait pas de sa chambre. Il resta sur le seuil, la voyant ouvrir une armoire et la fouiller rapidement, avant de refermer le meuble, des vêtements sur le bras, et de ressortir aussi sec de la pièce pour entrer dans une autre un peu plus loin et de s’effacer pour le laisser passer. Ça par contre, c’était sa chambre.

Elle lui tendit les vêtements et lui désigna un auvent dans un coin de la chambre, lui faisant comprendre du regard qu’elle attendait de lui qu’il se change derrière. Un auvent couleur crème avec des fleurs dessus. Elle rêvait.

- Tu me crois pudique ?

- Non, absolument pas. C’est pour moi que je le fais.

- Qu’est-ce que tu veux que ça me foute ?

- Ou vous vous changez derrière, ou je vous jette dehors aussi nu que quand je vous ai trouvé. Choisissez.

Mmh. D’accord, celle-là elle avait du tempérament. Il grommela et se changea derrière en maudissant copieusement les bonnes femmes, les auvents et les fleurs. Les vêtements étaient trop larges pour lui, il flottait littéralement dedans, mais au moins ça le couvrait. Il dut quand même déchirer l’arrière du pantalon pour laisser passer sa queue pointue et le serrer avec une ceinture histoire de ne pas se retrouver en sous-vêtements à un moment inopportun. Les vêtements étaient de bonne facture, et sans doute très élégants s’il faisait au moins cinquante kilos de plus, mais n’étant pas le cas, il avait l’air d’une espèce de clown.

- J’ai l’air fin tiens, dit-il en ressortant de l’auvent.

La jeune femme se mit à glousser de rire en le voyant et il la fusilla du regard. Elle se calma assez vite cependant et le prit par la main.

- Allons ne faites pas la tête. C’est ça ou rien de toute façon.

Elle le fit asseoir sur le bout du lit et il obtempéra, continuant à grommeler tandis qu’elle tirait une chaise pour s’asseoir face à lui. Sa chambre était assez simple. Elle bénéficiait d’un grand lit avec des montants en bois sculpté, un immense tapis cachait presque tout le parquet sombre de la pièce tandis que de grandes fenêtres éclairaient la chambre avec douceur. On trouvait également une petite coiffeuse et un ou deux sièges dans des coins de la pièce, sans parler de la commode et de l’armoire ou des décorations très féminines de la pièce. Elle retira délicatement le chapeau qu’elle portait sur sa tête, ainsi que les gants blancs qu’elle portait aux mains et se mit à le dévisager avec intérêt.

- Alors monsieur le cambrioleur…Que cherchiez-vous chez moi ?

- Chez ton père tu veux dire ?

Elle posa ses gants et son chapeau sur la petite coiffeuse un peu plus loin et retourna s’asseoir.

- Oui, chez mon père.

- Mais je te cherchais, bien sûr, dit-il avec un sourire enjôleur.

- Vraiment ? Et pourquoi donc ?

- Parce que tu m’as appelé, ma jolie.

Son sourire s’élargit tandis que celui d’Elizabeth s’effaçait. Elle semblait agacée par son attitude.

- Soyez sérieux, monsieur. Je vois déjà que vous ne respectez pas la plupart des usages les plus communs et les plus basiques. N’essayez pas de m’avoir par une quelconque ruse, dit-elle d’un ton cassant.

- Je n’essaie pas de t’avoir par une quelconque ruse, dit-il en reprenant de son sérieux, une pointe d’agacement perçant dans sa voix. Je suis ici parce que tu m’as appelé pour une raison précise. Je ne sais même pas où ni quand je suis tombé.

- Vous plaisantez ?

Il se contenta de la fixer avec un grand sérieux. Elle eut l’air de comprendre, ou du moins d’envisager de le croire et changea un peu d’attitude.

- Vous n’avez aucune idée de l’endroit où vous vous trouvez ? Ni de l’année ? demanda-t-elle avec suspicion.

- C’est ce que je viens de dire, lui fit-il remarquer en haussant un sourcil.

Elle eut une moue boudeuse avant de reprendre :

- Nous sommes à Londres, en 1883.

- D’accord, se contenta-t-il de répondre comme si les informations qu’elle venait de lui livrer n’avaient strictement aucune espèce d’intérêt à ses yeux.

Elle soupira, se leva, sortit de la chambre et revint quelques instants plus tard avec un globe terrestre entre les mains. Elle le lui mit sous le nez et s’assit à côté de lui. Elle le tourna et lui montra un truc vert en forme de triangle.

- Ca c’est l’Angleterre. Et là, elle désignait un point sur l’espèce de triangle, c’est Londres.

Il resta silencieux, mais il se sentait déjà moins bête. Maintenant il visualisait un peu mieux le monde des humains dans lequel il pouvait atterrir n’importe où. Il tourna le globe entre ses mains, analysant ce qu’on appelait la Terre, et tenta de retenir au mieux les grandes portions de terre qu’il voyait, les noms marqués en plus gros. Elizabeth le regardait curieusement, le laissant faire. C’était étrange de se dire qu’il pouvait atterrir n’importe où. Il espéra intérieurement ne jamais atterrir dans l’un des pôles. On en parlait souvent aux Enfers. Celui qui atterrissait là-bas en général faisait un carnage, passant son temps à se nourrir pour survivre ou bien ne faisant pas long feu. Il tourna brusquement la tête vers sa protégée, main tendue vers ses cornes.

- Qu’est-ce que tu fais, là ?

Elle avait le visage de celui qu’on prend la main dans le sac.

- Je voulais juste savoir si c’était des vraies, répondit-elle en jetant un coup d’œil à ses cornes.

- Bien sûr que c’est des vraies, tu me prends pour qui ?

- Eh bien justement je ne sais pas, répliqua-t-elle en croisant les bras.

Il reposa le globe au sol en soupirant et se tourna vers elle.

- D’accord. Qu’est-ce que tu veux savoir ? demanda-t-il en soupirant.

- Votre nom pour commencer.

- J’te l’ai pas dit ?

Elle secoua la tête et il haussa les épaules.

- J’m’appelle Népenthès.

- Népenthès…tout court ? demanda-t-elle.

Il lui lança un regard moqueur et lui répondit sur un ton railleur :

- Oui, Népenthès tout court.

A nouveau il la vit se mettre en colère et fronça les sourcils.

- Cessez donc de vous moquer cinq minutes !

- Et arrête de me vouvoyer, ça m’agace ! répliqua-t-il en lâchant un nuage de fumée par les narines.

Elle fut surprise et toussa un peu, avant de se figer en entendant la voix de son père venant du rez-de-chaussée :

- Elizabeth ? Il y a quelqu’un avec toi ?

Elle se leva immédiatement et envoya le Démon dans son armoire où elle le poussa durement avant de refermer les portes derrière lui.

- Non, personne !

Les pas du père résonnaient dans l’escalier, il venait voir si tout allait pour le mieux sans doute. Enfermé dans l’armoire, le Démon ne se calmait pas pour autant, même s’il évitait d’utiliser ses cordes vocales, lâchant un nouveau nuage de fumée tandis qu’Elizabeth tentait de garder son calme. Elle tira son fauteuil dans un coin, lissa les plis et les traces indiquant que deux personnes s’étaient assises sur son lit et ouvrit la porte à son père qui était justement sur le point d’entrer. Il jeta un coup d’œil dans la chambre et regarda sa fille.

- Ça va ?

- Oh oui, oui ! Ne t’en fais pas.

Le père eut l’air d’avoir du mal à y croire mais ne fit aucun commentaire et s’en alla finalement après avoir une nouvelle fois examiné la pièce, sans se rendre compte du globe terrestre qui dépassait légèrement depuis l’autre côté du lit où la jeune femme l’avait caché. Elizabeth attendit d’être sûre qu’il soit parti avant de refermer la porte et de courir ouvrir au Démon caché dans son armoire. A peine l’eut-elle ouverte qu’une odeur de soufre prononcée s’en échappa, lui provoquant une nouvelle quinte de toux.

- Ne m’enferme pas dans ton armoire la prochaine fois. Et tu vas pas pouvoir cacher ma présence indéfiniment.

- Et pourquoi le devrais-je ? Maintenant que vous avez une tenue à peu près correcte, vous pouvez repartir d’où vous venez, qui que vous soyez.

Le Démon se mit à sourire, de l’un de ses sourires effrayants qui arracha d’ailleurs un léger frisson à la jeune femme.

- J’en doute ma jolie. Je suis ici, parce que tu m’as appelé.

- Je n’ai jamais rien fait de tel ! Je suis une fervente croyante et pratiquante.

- Ça j’en ai rien à foutre. Ça change strictement rien. Tu m’as appelé, croyante ou pas.

Elle eut l’air secouée par ses propos et devait sans doute commencer à se flageller mentalement.

- Autant que tu le saches, on est intimement liés tant que je n’aurais pas accompli la tâche pour laquelle tu m’as appelé. Alors faudra envisager de me présenter à ton cher paternel histoire qu’il ne fasse pas une attaque en me découvrant.

Elle eut besoin de s’asseoir et il se demanda bien à quoi elle pouvait penser pour tirer une tronche pareille. Elle semblait ébranlée et terriblement mal à l’aise. Elle mit longtemps avant de se reprendre. Elle avait peut-être du caractère, mais il était facile de la troubler. Sa carapace n’était pas aussi épaisse qu’elle voulait le faire croire.

- Vous…vous êtes quoi au juste ?

Elle le vouvoyait toujours, mais elle commençait sans doute à prendre conscience de la situation.

- Un Démon. Au sens strict du terme.

Il agita sa queue pointue en lui dévoilant ses crocs d’une blancheur éclatante pour appuyer ses propos. Elle le dévisagea avec terreur pendant quelques secondes avant de se reprendre, tout de même très pâle.

- Mais, il ne faut pas…un rite pour vous appeler ?

Sa voix était mal assurée. Visiblement, elle n’avait jamais cru un instant qu’il soit réellement une créature quelconque et encore moins qu’il ait atterri dans son jardin pour une raison précise. D’autant plus qu’elle était croyante et il ne doutait pas un instant qu’elle suive assidûment les préceptes de l’Eglise. Ce serait très intéressant de la pervertir.

- Non, absolument pas. Une simple pensée impure suffit, dit-il avec délectation devant le visage de l’innocent qui comprend qu’il a commis une faute.

- Mais…mais je n’ai pas eu de pensée…

- Tut tut tut, la coupa-t-il. Je viens pas ici par plaisir. Tu m’as appelé pour faire quelque chose qui ne correspond pas aux préceptes enseignés par l’église. Tu sais les « tu ne tueras point, tu ne voleras point » et tout le toutim. Bien sûr, tu es toujours plus ou moins en accord avec tes croyances, parce que techniquement, c’est moi qui vais me salir les mains. Pas toi.

Elle le regarda avec une lueur d’espoir qui s’éteignit aussitôt.

- Mais j’ai appelé un suppôt de Satan ! gémit-elle en se prenant la tête dans les mains.

- Oh oui, j’avais oublié ce détail, c’est vrai. Ça c’est très vilain. Dieu ne voudra probablement plus de toi après ça. Quelle tristesse.

Il s’amusait comme un fou. Décidément, ce Pacte impromptu allait lui changer les idées. Il allait pouvoir se divertir et oublier les sévices que lui avaient infligés Sedirah. Du moins, il pourrait les oublier pendant un certain temps. Entretemps Elizabeth avait relevé la tête et le fixait avec fureur. Un sourire malsain étira ses lèvres ce qui la rendait très excitante d’ailleurs.

- Et si je te tue ?

- D’une, tu risques d’avoir beaucoup de mal et de deux, si tu le fais, tu mourras également. Ce sera comme un suicide, c’est pas triste ça. Oh, mais attends, le suicide ne serait-il pas condamné par l’Eglise ? Tu serais envoyé illico en Enfer alors ? Oh, ma pauvre…, fit-il en prenant une grotesque moue de pitié.

Il venait tout juste d’inventer ce mensonge, mais il ne doutait pas qu’il lui servirait toujours d’assurance vie. En réalité, ce n’était pas tout à fait faux, il y avait de fortes chances pour qu’Elizabeth meure peu de temps après l’avoir tué, si toutefois elle y arrivait. Même s’il existait des exceptions, il ne doutait pas que la demoiselle trouverait un moyen de survivre, même si elle devait être enfermée à vie dans un asile psychiatrique. Celle-ci perdit son sourire et se mit alors à pleurer. Et pour le coup, les gens larmoyants ça l’énervait.

C’est alors qu’il entendit les pas dans l’escalier, rapides, et qu’il pivota vers la porte juste à temps pour voir le canon d’une arme pointée sur lui. Il se baissa rapidement, voyant la balle lui passer bien au-dessus de la tête et s’élança en avant alors que le père d’Elizabeth entamait à peine le mouvement pour rabaisser son arme vers lui afin de le viser. Népenthès l’atteignit au ventre, une grosse panse dodue, et le plaqua violemment au sol dans le couloir. Il saisit l’arme, se mettant à chauffer à toute vitesse.

- Comme ça tu veux me tuer, connard ?! cracha-t-il en attrapant l’arme qui se mit à fondre dans sa main tandis que des étincelles crépitaient autour de lui et que l’homme sous lui se ratatinait sur place en tentant de s’échapper, hurlant de douleur. Insecte ! Reste là que j’te règle ton compte ! siffla-t-il en balançant l’arme déformée au sol, plus loin dans le couloir.

- Ne touche pas à mon père ! hurla Elizabeth en lui brisant un vase empli d’eau qui se trouvait à proximité sur la tête.

L’eau éteignit le feu naissant, mais ne fit pourtant qu’augmenter la colère du Démon qui pivota vers elle, le visage déformé par la rage et se releva lentement pour s’occuper de la fille qui reculait maintenant dans la chambre en tremblant.

- Tu…tu ne me fais pas peur ! s’écria-t-elle.

- Je vais t’arracher la tête ! cria Népenthès en réponse, entouré de vapeur.

Elle tomba à la renverse derrière son lit et il l’attrapa par le col, des étincelles crépitant timidement autour de son corps humide. Elle se protégeait de ses bras, tremblant, et tenta de dialoguer avec lui sans découvrir son visage de ses bras :

- Alors tu es venu jusqu’ici juste pour me tuer c’est ça ?! Tu ne trouvais rien à faire de mieux ?! Et cette histoire de mission à accomplir, c’est du pipeau, hein ?!

Il s’immobilisa. Telle une statue, tandis que sa colère retombait.

Non…Il devait faire attention. Si elle mourait, lui également. Et ça c’était vrai. Il lâcha un nuage de fumée, frustré, et la relâcha tandis qu’il shootait dans un mur pour évacuer sa colère. Il fit un trou dedans tant il frappa fort. Elizabeth lâcha un léger gémissement qui traduisait plutôt son soulagement qu’autre chose et se reprit suffisamment pour se précipiter vers son père, tremblant lui aussi, et serré dans les bras l’un de l’autre, ils regardèrent le Démon redevenir calme. Les mains posées à plat sur le mur, il respirait profondément et calmement, les yeux fermés. Puis il donna une petite poussée pour se tenir debout tout seul et pivota vers les deux humains. Il s’approcha à grands pas énervés, Elizabeth et son père se recroquevillant davantage sur eux-mêmes, apeurés à l’idée de subir une nouvelle colère.

- Toi le gros, n’essaie plus jamais de me tuer, c’est clair ? siffla-t-il en brandissant un doigt autoritaire en direction du père. Et toi, ne me balance plus jamais de l’eau sur la figure, menaça-t-il en pointant son index griffu en direction de sa protégée.

Les deux humains acquiescèrent nerveusement et le Démon laissa passer un court silence avant de retourner s’asseoir sur le lit. Elizabeth et son père n’osaient pas bouger, l’observant nerveusement, attendant probablement qu’il fasse quelque chose alors qu’il attendait également une réaction de leur côté. Ce fut finalement le père qui se redressa et parla le premier.

- Vous êtes un monstre, dit-il d’une voix tremblante de colère.

- Ah vous trouvez ? J’essaie pourtant d’être assez beau à regarder, répliqua le Démon avec sarcasme.

- Ne jouez pas au malin avec moi. Je vous tuerais, et ma fille sera délivrée de votre emprise.

Il agitait un doigt menaçant et boudiné dans sa direction, rouge de colère, les vêtements en partie brûlés.

- Si vous faites ça elle deviendra folle, puis elle mourra, répondit sereinement le Démon en croisant les bras et les jambes.

- Oui, père, il a raison, intervint Elizabeth en se levant à son tour. Même s’il était possible qu’il mente, mieux vaut ne pas tenter le Diable.

Son père eut l’air résigné, fusillant du regard le Démon qui venait ainsi troubler son quotidien et lui prendre sa fille.

- Dans ce cas je veux une preuve de ce que tu avances, Démon.

Réaction plutôt logique. Il aurait pu lui répondre qu’il n’y en avait pas, mais les exemples étaient toujours plus parlants que les longs discours. On ne pouvait pas vraiment dire que les Démons étaient connus pour leur allergie aux mensonges. Ils en usaient et en abusaient, comme c’était d’ailleurs le cas ici. Il était parfaitement normal alors que les humains se montrent méfiants à chaque fois qu’ils disaient quelque chose.

- Une preuve ? répéta-t-il.

Il réfléchit, se tapotant le menton de ses doigts et finit par trouver une idée. Un grand sourire traversa son visage, de mauvais augure pour le père et la fille. Il se leva et s’approcha d’eux. Le père eut un geste de recul, mais pas la fille qui pourtant l’observait avec méfiance.

- Il existe un moyen très simple de mettre à l’épreuve le lien fort qui nous unit, Elizabeth et moi. Si jamais je m’éloigne trop d’elle et/ou pendant longtemps, elle perd peu à peu la raison. Ce qui ne sera pas mon cas. Néanmoins, à terme, elle pourrait mourir. Alors voici ce que je propose. Je vais m’éloigner, mais rester en ville. Si jamais vous constatez qu’elle perd la boule, retrouvez-moi. Sinon, je reviendrais de moi-même dans trente jours. J’ai quand même un Pacte à remplir après tout.

- Mais, comment vous retrouver si je…enfin s’il faut que vous reveniez avant ? demanda le père avec inquiétude en serrant les bras de sa fille dans ses mains potelées.

- Vous ne pourrez pas.

Comme ça, il aurait reçu une bonne leçon et il serait assuré de ne plus rien craindre de ce gros tas de viande. Sur ce, il sortit de la pièce, comptant sortir, habillé comme il l’était, afin de se trouver une planque chaude et douillette où attendre.
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptyVen 24 Juin - 20:57

NEPENTHES


Elizabeth. [PART 2]



Il était parti, ce monstre au visage d’une beauté à peine croyable. Elle ne l’entendait plus, ne sentait plus son odeur piquante et suave dans les environs. Elle était restée immobile, s’assurant qu’il ait bien disparu avant de faire le moindre geste. Son père avait repris ses esprits bien plus tôt qu’elle et bougonnait déjà des « bon débarras » et des « est-ce que c’est une façon de se conduire ? » Elizabeth quant à elle gardait les yeux rivés dans le couloir, au cas où il réapparaitrait. Mais il ne se passa rien. Il avait dit qu’il partirait et il semblait être bien décidé à le faire. Elle sursauta presque quand son père prit doucement son visage entre ses mains, la sortant de sa transe, lui demandant si tout allait bien, ce à quoi elle acquiesça avant qu’il ne l’informe qu’il allait lui faire porter du thé pour lui faire oublier ce Démon de malheur. Elle l’en remercia et s’enferma dans sa chambre.

Une curieuse sensation s’était emparée d’elle. Un doute. Appuyée contre le battant de la porte, son regard fixé sur un point invisible, son esprit se demandait soudain si tout ceci avait bel et bien été réel. Un Démon qui arrivait chez elle sans crier gare et avait tenté de les assassiner, son père et elle. Cela semblait…si étrange comme idée. Elle pouvait avoir rêvé. Non, elle voudrait avoir rêvé. Seulement…seulement il y avait ce trou dans le mur. Ce trou laissé par son poing. Elle n’avait pas pu rêver…

*****
Une semaine passa. Népenthès avait dit qu’elle perdrait la raison. Si c’était le cas, les signes n’étaient pas flagrants, ce qui poussait son père à se moquer à tout bout de champ du Démon en clamant qu’il s’était bien fichu d’eux. Sa fille se portait comme un charme, son comportement n’avait guère changé. Tout cela n’avait été qu’une bien mauvaise plaisanterie, rien de plus. Elizabeth n’en était pourtant pas aussi convaincue. Pour l’instant, elle considérait qu’elle était encore parfaitement saine d’esprit. Mais étrangement, elle ne cessait de penser à ce Démon de malheur. Parfois, elle avait l’impression de sentir sa présence juste à côté d’elle et pivotait, apeurée ou surprise. Mais il n’y avait jamais rien. Cela pouvait se produire n’importe quand et n’importe où. Quand elle prenait un bain, elle pouvait avoir l’impression qu’on l’observait, alors que la salle de bain était pourtant vide…Couchée dans son lit, somnolant, elle se retournait soudainement, croyant que quelqu’un se trouvait à côté d’elle. Mais elle était toujours seule. Lorsqu’elle se rendait dans des soirées mondaines ou se promenait en ville, il lui arrivait souvent de l’apercevoir au loin, traversant la foule, sans alarmer personne. Elle s’était déjà précipitée vers lui avant de le perdre de vue, systématiquement. Et lorsqu’elle interrogeait nerveusement les passants, aucun d’entre eux n’avait remarqué quoi que ce soit. A croire que cette créature avait réussi à l’ensorceler en quelques instants sans même qu’elle s’en rende compte.

Elle n’avait pas encore parlé de tout cela à son père, mais il finirait par s’en rendre compte. Elle devait se faire du souci pour rien. Mais l’avenir ne comptait pas lui donner raison. Malheureusement, plus les jours passaient, et plus ses symptômes se renforçaient. Elle se réveillait parfois soudainement au beau milieu de la nuit en apercevant la silhouette presque familière de la créature au pied de son lit ou penchée au-dessus d’elle, et lorsqu’elle allumait en tremblant sa lampe à huile, elle ne voyait rien. Ses rêves comme ses cauchemars s’emplissaient d’iris couleur de métal, qui la scrutaient, la fixaient d’un air à la fois terrible et menaçant tout comme ils pouvaient être impassibles et lointains. Son sommeil était troublé, ses journées remplies de spectres du Démon. Elle en arrivait au point où elle envisageait enfin de croire le Démon. Elle devenait folle. Lentement, mais sûrement. Son père avait peut-être remarqué que parfois elle se tournait et observait la pièce comme si elle avait vu un fantôme, ou bien qu’elle s’arrêtait au milieu d’une phrase parce qu’elle avait aperçu la créature plus loin, furtivement, et en demeurait troublée. Toutefois, s’il avait remarqué quelque chose, il n’en dit rien.

Au dixième jour, elle commença à l’entendre. Des murmures qu’elle n’arrivait pas à clairement percevoir, comme s’ils étaient très lointains, des souffles profonds qui provenaient de partout et de nulle part à la fois. Des chuchotements indistincts le plus souvent. Il semblait qu’elle hallucinait plus facilement quand elle était seule, même si avec le temps, cette vérité première semblait devenir désuète. Son père n’avait toujours rien remarqué et continuait à penser que Népenthès avait tout simplement bluffé. Si seulement il savait. Elizabeth n’osait pas lui en parler. Comme si dire qu’elle avait l’impression de sombrer lentement dans la folie risquait d’amplifier ses symptômes. A moins qu’elle ne tente de nier l’évidence. Pourtant, ce fut deux jours plus tard que les masques tombèrent. Ce soir-là, elle dînait comme à l’accoutumée avec son père. Leur domestique, car ils n’en avaient que deux - Sophie qui s’occupait du ménage, et Mildred qui se chargeait de la cuisine et de la lessive entre autres choses – leur avait préparé un repas léger et délicieux. Une soupe de légumes de saison qui était l’une de ses spécialités.

Le père et la fille se tenaient l’un en face de l’autre, à chacun des bouts de la table. Elizabeth vouvoyait son père, comme elle l’avait toujours fait, tel qu’on le lui avait appris. Son père en revanche, la tutoyait. Les repas étaient souvent silencieux. Ils n’avaient pas grand-chose à se dire et l’ambiance était souvent pesante. Parfois, la jeune femme regrettait qu’ils n’aient pas d’animaux à la maison. Des oiseaux par exemple. Leur chant emplirait et allègerait le silence qui régnait trop souvent dans cette maison un peu trop grande.

- Elizabeth…

Elle avait violemment sursauté. Pas parce qu’elle était plongée dans ses pensées, mais parce qu’elle avait cette fois clairement reconnu la voix du Démon. Elle se retourna vivement, prête à voir Népenthès penché par-dessus son épaule. Mais il n’y avait rien. Rien du tout. Elle n’avait pas rêvé pourtant. Elle était sûre de ce qu’elle avait entendu. Ça n’avait été qu’un murmure, mais c’était comme si on le lui avait dit à l’oreille. Le cœur affolé, la jeune femme n’arrivait plus à cacher son état. Ses yeux cherchaient frénétiquement la silhouette du Démon quand bien même son esprit lui disait qu’elle était victime d’hallucinations. Son père la considérait avec perplexité. Elle finit par se convaincre qu’il n’y avait rien et se rassit correctement, sans oser croiser le regard de son père. Elle avait renversé un peu de soupe sur la table et l’essuya avec sa serviette, préférant se concentrer sur ce genre de tâches plutôt que de trop réfléchir à ce qui venait de se passer.

- Elizabeth ? Tout va bien ?

Elle préféra ne pas répondre, sentant que sa voix la trahirait. Elle avait peur. Le Démon avait dit qu’elle deviendrait folle, et c’est ce qui se produisait. Il avait également précisé qu’il partirait trente jours et cela ne faisait que dix jours qu’il avait quitté la maison et déjà elle avait peur pour elle. Elle n’osait pas imaginer ce qu’elle verrait ou entendrait d’ici à son retour. Son mutisme alarma son père qui se leva rapidement pour la prendre dans ses bras et la consoler. Il n’avait pas fallu de mots pour qu’il saisisse le problème. Il connaissait sa fille. Elle avait du caractère et se laissait facilement déstabiliser. Pour autant, il était rare qu’elle montre clairement son trouble sauf s’il était trop fort pour qu’elle le cache.

- Ça va aller, je vais veiller sur toi, la rassurait-il en se demandant lui-même s’il pourrait vraiment aider sa fille.

C’est à partir de ce moment-là que la vraie folie apparut. Les rêves d’Elizabeth n’étaient désormais plus emplis que du Démon qui l’insultait, lui rappelait qu’elle était une pécheresse, impure, qu’elle irait droit en Enfer, ou se moquait d’elle avant de se montrer extrêmement doux la seconde suivante, lui assurant qu’il ne lui voulait aucun mal, lui promettant de faire des efforts, qu’il n’avait pas un mauvais fond, lui faisant presque pitié, au point qu’elle oubliait aussitôt les fâcheux propos qu’il avait prononcés plus tôt. Dans la journée, le Démon s’amusait à sans cesse la titiller, murmurant à une oreille, puis l’autre, avant que son murmure de plus en plus net ne vienne de n’importe où dans les environs.

Son père aurait voulu la garder chez eux, mais la jeune femme refusait de se laisser juguler par des hallucinations. Si elle s’était laissée abattre quelques jours plus tôt, il n’était pas dans ses habitudes d’attendre sagement sans rien faire. Elle n’arrêterait pas de vivre à cause de quelques hallucinations. Celles-ci n’étaient pas dangereuses. Elles mettaient systématiquement en scène le Démon. Elle pouvait parfaitement faire la part entre réalité et fiction. C’est donc avec confiance qu’elle continua à sortir dans la journée, se baladant dans les parcs, prenant le thé chez des amis, faisant quelques courses, se rendant à quelques bals et soirées…Elle ignorait systématiquement ses visions quand bien même Népenthès se montrait infernal à lui parler à l’oreille, l’empêchant de suivre correctement les discussions. Elle feignait un problème d’audition. Parfois il apparaissait quelques secondes au loin, ou dans le coin d’une pièce et la fixait sans bouger avant de disparaitre quand elle clignait des yeux ou détournait le regard.

Au dix-septième jour, elle se rendit donc dans une soirée à laquelle elle était conviée. Tout se passa normalement pendant une ou deux heures si l’on omettait les constantes remarques fictives du Démon et ses apparitions de temps en temps dans la foule, lui faisant un clin d’œil ou lui tirant la langue de façon obscène. Elle avait même rougi à un moment, imaginant une situation torride et incongrue avec la créature infernale. Assise dans un coin et observant les quelques danseurs exécuter une valse, elle entendait Népenthès parler sans arrêt.

- Alors, tu me boudes ?

Elle l’ignora ostensiblement, sachant pertinemment qu’il n’était pas réel et qu’elle ne trouverait personne à côté d’elle ou derrière elle.

- Allons, tu pourrais au moins me regarder, même si tu ne me parles pas. Je sais bien que je te plais.

Elle crut deviner un sourire. La façon dont il avait prononcé la dernière phrase le lui faisait penser en tout cas. Elle soupira et se dirigea vers un groupe d’amis qui discutaient un peu plus loin.

Parmi eux, l’une de ses cousines, un duc et un comte qui parlaient de la dernière invention en matière de confort qui avait été trouvée : l’électricité. On parlait déjà de cette énergie pour remplacer les sempiternelles lampes à l’huile. Même si pour l’instant, tout ceci n’était qu’un projet, le débat semblait passionnant et Elizabeth y prit part. Il paraissait que des inventeurs avaient trouvé un moyen pour éclairer les habitations à l’aide de ce qu’ils appelaient une ampoule à filament. Mais cela requérait une installation propre à accueillir l’électricité dans toute la maison, soit d’importants travaux. On lui servit une coupe de champagne et ils trinquèrent au progrès.

- Pff, n’importe quoi. C’est des conneries tout ça.

Elle tiqua mais l’ignora malgré tout et discuta avec les autres des dernières pièces de théâtre qui se jouaient en ville et des dernières modes venues de Paris. Finalement, l’heure devenant tardive, elle s’excusa auprès de ses amis et les abandonna. Elle tourna les talons et faillit entrer en collision avec quelqu’un. Elle bredouilla des excuses, confuse, mettant son manque de vigilance sur le compte de l’alcool et leva la tête pour identifier le malheureux qu’elle avait failli renverser. Elle lâcha un hoquet de surprise et contempla interdite le visage calme et impassible du Démon qui la jaugeait, hautain.

- Tu me fais plus la tête ? Ca y est ?

Elle l’avait souvent vu, mais rarement d’aussi près. Elle sentait même son odeur et se rendit compte qu’elle était restée plantée là. Ça devait paraitre étrange aux yeux des autres invités, d’autant plus qu’elle fixait un point dans le vide.

- Laisse-moi passer, murmura-t-elle machinalement en avançant.

Seulement, elle buta contre le torse de la créature qui lui souriait, manifestement très amusé par la situation. Mais…mais c’était impossible ! Il n’était qu’une hallucination ! Pourtant elle sentait le corps chaud contre le sien et blêmit. C’était impossible ! Elle s’enfuit, traversant le salon le plus rapidement possible, attrapant son manteau qu’elle enfila à la hâte avant de sortir dans la nuit. Elle pivota, mais personne ne l’avait suivie. Elle se permit de respirer un peu mieux et héla une voiture. Une deux chevaux s’arrêta devant elle et le valet de pied déplia le marchepied avant de lui ouvrir la porte. Elle faillit hurler de terreur en voyant que le Démon l’attendait déjà à l’intérieur.

- Allez, magne-toi, Ton paternel va se faire du souci sinon.

Elle prit sur elle, ignorant le regard curieux et inquiet du valet de pied qui lui tenait la portière. Malgré la peur qui lui serrait l’estomac et la panique qui affolait son pauvre cœur, elle monta dans la voiture avant de s’asseoir sur la banquette, face à Népenthès. La voiture démarra. Le Démon la fixait d’un air amusé et goguenard. Elizabeth se répétait inlassablement qu’il n’était pas réel, que c’était juste une hallucination, qu’elle ne craignait rien. Il se pencha alors vers elle et posa une main brûlante sur son genou.

- Je suis tout ce qu’il y a de plus réel, ma jolie.

- Ne me touchez pas ! s’écria-t-elle d’une petite voix, incapable de détourner les yeux de ce regard argent qui la tenait en son emprise.

Il la fixa longtemps, se rapprochant très lentement, ses yeux d’un argent trop brillant l’hypnotisant presque. Tout à coup un grincement la sortit de sa transe et elle tourna la tête vers la source du bruit : le valet de pied avait ouvert la porte de la voiture, la faisant sursauter et échapper au regard du Démon.

- Vous voici arrivée, mademoiselle Spencer.

Elle tourna la tête vers la banquette face à elle, mais elle était vide. Elle était seule dans la voiture à présent. Elle se racla doucement la gorge et se leva en tremblant.

- Oui, merci…

- Je vous en prie, mademoiselle.

Elle eut le malheur de regarder l’homme qui lui tenait la porte et avait disposé un marchepied pour qu’elle descende en toute sécurité et faillit faire une crise cardiaque. Ses yeux étaient aussi argentés que ceux du Démon. Pourtant quand elle cligna des yeux, ceux-ci avaient repris leur teinte brune, très humaine. Elle le remercia, le paya rapidement et s’enfuit pour s’enfermer chez elle. Elle claqua la porte comme si elle avait pu distancer ses hallucinations et les maintenir à l’extérieur, qu’elles ne puissent franchir le battant contre lequel elle était plaquée.

- Elizabeth c’est toi ?

- Oui, père, répondit-elle d’un ton mal assuré.

Il dut percevoir le tremblement dans sa voix car il sortit du salon pour voir comment elle se portait. Lui aussi avait des yeux d’un gris étincelant. Elle poussa un cri de frayeur alors que son père se précipitait vers elle, inquiet.

- Elizabeth, Elizabeth, mais que t’arrive-t-il ?!

- Va-t’en, va-t’en, laisse-moi tranquille ! hurla-t-elle en le repoussant.

Le visage rond et inquiet de son père laissa place à celui moqueur et atrocement beau de Népenthès.

- Et si j’ai pas envie ?

Elle le repoussa sans ménagement et s’enfuit dans les escaliers, laissant derrière elle son père sonné, étendu sur le dos. Elle s’enferma dans sa chambre, verrouillant à double tour et recula, comme si elle s’attendait à voir le Démon défoncer la porte pour entrer. A la place, elle buta contre quelque chose de chaud et se figea.

- Tu pensais m’empêcher de rester avec un simple verrou, ma jolie ? lui murmura-t-il à l’oreille.

A ce moment, il n’était plus possible de nier. La folie était installée.

*****
Une dizaine de jours plus tard, Elizabeth était étendue dans son lit, le visage pâle et creusé, les yeux soulignés de poches sombres. Ceux qui la connaissaient bien l’auraient à peine reconnue. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Les médecins lui avaient conseillé le plus grand repos et donné de nombreux médicaments à prendre pour calmer ses hallucinations. Mais aucun ne fonctionnait. Son père avait compris que quiconque l’approchait pouvait être perçu par elle comme le Démon lui-même et pouvait engendrer des crises de violence. La jeune femme ne dormait plus depuis des nuits et des nuits. Ne somnolant que quelques minutes de temps à autre avant de se réveiller en sursaut. A chaque fois qu’elle fermait les yeux, le Démon avait libre place pour la rendre encore plus folle. Elle avait fait des rêves hautement érotiques avec lui, parfois même éveillée, le sentant se coller à elle et glisser une main sous ses jupes.

D’autres fois, il se contentait de lui dire un tas de choses qu’elle ne supportait pas, qui la blessaient. Il l’accablait, faisait remonter de vieux souvenirs à la surface. Mais plus le temps avançait et plus elle avait du mal à discerner le réel de l’irréel. Ses hallucinations altéraient ce que ses sens devraient normalement percevoir. Si un médecin venait prendre de ses nouvelles, elle pouvait tout à fait voir à la place le Démon avec les mains remplies de couteaux et de lames voulant lui demander si elle voulait bien jouer au docteur. Désormais sans forces, la jeune femme subissait en silence, sans qu’on puisse l’aider d’une quelconque façon.

Et enfin, le trentième jour arriva. Elle le sut rapidement car les hallucinations refluèrent, elle reprenait pied avec la réalité, ne voyait plus le Démon partout et arrivait de nouveau à manger et dormir correctement. Il se présenta en début d’après-midi. Endormie, la jeune femme ne sut pas quand exactement il vint la voir, mais son père ne dit que ces mots-ci quand il découvrit Népenthès derrière la porte, vêtu des mêmes vêtements que quand il était parti, crasseux, et pourtant toujours aussi séduisant.

- Je vous crois, Démon. Arrêtez ça, je vous en prie.

On lui raconta plus tard que le Démon exigea tout d’abord de prendre un bon bain, même deux d’ailleurs. Il était tellement crasseux qu’il lui fallait au moins ça. Il exigea également des vêtements sur mesure. On lui accorda ses caprices sans le moindre problème. On lui fit plusieurs tenues dans les plus brefs délais et seulement ensuite, il alla voir Elizabeth. Il était extrêmement élégant dans sa tenue d’aristocrate anglais. Une chemise d’un blanc immaculé faisait ressortir son teint foncé et ses yeux d’argent, il n’avait pas jugé utile de prendre des gilets et des vestes, se contentant de la simple chemise dont il retroussait les manches et ouvrait le col, lui donnant une allure négligée pour l’époque. Il portait un pantalon droit, noir, ceint d’une ceinture de cuir noir à boucle d’argent. Quant à ses chaussures, elles étaient noires et vernies, parfaitement ajustées à ses pieds.

C’est donc dans cette tenue qu’il entra dans la chambre de sa protégée qui somnolait. Elle avait dû bien dérouiller pour avoir une tête pareille, mais lorsqu’il s’assit sur le lit à côté d’elle, elle ouvrit immédiatement les yeux, le fixant.

- Tu es le vrai ? murmura-t-elle.

- Oui, m’dame, dit-il en souriant.

Elle se contenta de soupirer d’aise.

- Je savais que tu reviendrais bientôt…, dit-elle d’une voix faible.

- Alors, ça y est ? Tu me tutoies ?

Elle repensa aux fois où ses hallucinations s’étaient montrées très entreprenantes et sourit faiblement.

- T’as une tête à faire peur, on te l’a déjà dit ?

Elle acquiesça et ferma les yeux. Mieux valait la laisser dormir. Peut-être qu’en s’éloignant un mois il avait été trop optimiste. Il voyait bien à son état qu’elle n’aurait pas tenu tellement plus longtemps. Et encore, il était resté en ville. Qu’est-ce que ça aurait été s’il était parti au nord du pays ? Il s’allongea sur le lit à côté d’elle et ferma les yeux. Il n’avait plus qu’à attendre qu’elle récupère maintenant.
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptySam 2 Juil - 10:56

NEPENTHES


Elizabeth. [PART III]


Après cette période douloureuse, la vie reprit normalement son cours. Les hallucinations disparurent progressivement, Elizabeth rattrapa le sommeil qui lui manquait, reprit des forces et s’aéra un peu, retrouvant peu à peu le visage juvénile qui lui seyait si bien. Les cernes qui l’avaient enlaidie s’effacèrent lentement, le teint de sa peau se colora à nouveau de rose et ses yeux laissaient transparaitre un soulagement évident. Elle ne parla jamais de ce qu’elle avait pu voir pendant ce mois passé et Népenthès ne lui posa aucune question. Qu’il s’en fiche ou qu’il ne préfère pas savoir, peu importait à la jeune femme. Elle ne lui posa d’ailleurs pas davantage de questions sur ce qu’il avait pu faire pendant qu’elle sombrait dans la folie, lentement, mais assurément. Dès cet instant, le Démon resta constamment aux côtés de sa protégée sans que quiconque tente de l’en empêcher. Souvent, Elizabeth l’obligeait à s’habiller décemment quand ils sortaient, lui demandant de porter au moins une veste et un haut de forme pour dissimuler ses cornes et de rentrer sa queue pointue dans son pantalon. Le Démon grommelait souvent, mais il aimait sortir un peu de la maison où le père de l’humaine, portant le nom de Jack Henry Spencer, ne cessait de les épier à tout instant. Son attitude était cela dit très compréhensible, sa fille était constamment aux côtés d’une créature à l’apparence très humaine qui pouvait probablement la saillir si l’envie lui prenait.

Seulement il ne fallait pas oublier que dans l’histoire, le Démon avait récemment subi les assauts de l’un de ses paires, et que malgré lui, il ne se sentait pas de reprendre ses activités sexuelles pour le moment. Il préférait rester tranquillement dans son coin et se dire qu’un jour, il y reviendrait, quand il le voudrait…En attendant, Elizabeth était de bonne compagnie. Comme il avait pu le remarquer, elle avait du caractère. Très franche, très directe et sans doute impulsive, elle n’y allait pas par quatre chemins pour exprimer son mécontentement, quand bien même elle s’appliquait à formuler correctement les choses, contrairement à la créature qui la suivait partout et se mettait à jurer comme un charretier au beau milieu de la rue pour un oui ou pour un non. Néanmoins, la jeune femme se laissait facilement troubler. Très sensible, sans doute même un peu trop, il ne fallait pas que le Démon se creuse trop la tête pour la blesser et la voir se refermer sur elle comme une huitre. Ensuite en général, la jeune femme ne lui adressait plus la parole pendant quelques jours avant de souvent revenir le voir pour lui envoyer à la figure ses quatre vérités et d’exiger de lui qu’il ne recommence plus. Il aimait bien quand elle se rebiffait comme ça.

Ils n’avaient guère parlé affaires depuis leur retour à la normalité, profitant plutôt de la vie. Ils apprenaient lentement à faire connaissance. Elizabeth le trainait partout derrière elle avec autorité, même dans les salons de ses amies où il devait supporter de longues heures de papotages intensifs avant de finir par s’éloigner et d’entendre une foule de remarques sur sa personne. En général c’était plutôt élogieux d’ailleurs. Il avait entendu entre autres quand il feignait d’être occupé à autre chose, à l’écart, parler de ses yeux, et de son derrière qui avaient tendance à exciter toutes les femmes qu’il croisait. Un jour il dirait à Elizabeth que son ouïe était plus développée que celles des mortels. Ce serait sans doute très drôle d’ailleurs. Elle se mettrait probablement en colère. Il voyait déjà son expression outrée avant qu’elle ne lève le menton en refusant de lui adresser à nouveau la parole pendant des jours. Oui, un jour il lui dirait, ça vaudrait vraiment le coup d’œil.

Cela dit, s’il y avait bien une femme qui ne se mettait pas stupidement à glousser en le regardant, c’était bien sa protégée. Et il lui en était reconnaissant. Sinon il l’aurait probablement déjà étranglée depuis un certain temps. Quant aux hommes, ils étaient plus pragmatiques, lui demandant comment il connaissait Elizabeth et où il logeait. S’il était dans les affaires et d’où il tirait l’étrange couleur de ses yeux et de ses cheveux. Ils avaient tout mis au point avec sa protégée. Il était un cousin éloigné, arrivé en ville depuis peu et résidant à l’étranger jusque-là. Il était venu se détendre à Londres et rendre visite aux Spencer par la même occasion. Il logeait chez eux. Quant à son physique, il venait d’un curieux métissage ainsi que d’une maladie pigmentaire rare. On ne lui en demandait pas davantage en général, lui demandant son avis sur des sujets d’actualité, auxquels il répondait en général qu’il n’en avait strictement rien à foutre. Son comportement était mis sur le compte de coutumes étrangères et orientales, ce qui faisait doucement rigoler Népenthès.

Mais il eut l’occasion de remarquer qu’il faisait également effet sur certains hommes. Quand on vit aux Enfers pendant des décennies en côtoyant des Démons de la Luxure entre autre, on savait reconnaître un regard empli de désir. Et il en avait vu plus d’un se poser sur lui. C’était très gratifiant de venir sur Terre quand même. Contrairement à son premier Pacte, cette fois, il allait avoir le temps de découvrir un peu la Terre et les hommes. Leurs mœurs, leurs vices, leurs habitudes et leurs croyances…Il considérait presque ce Pacte comme une cure, une voie de la guérison pour lui et il n’avait absolument pas envie de rentrer pour le moment. Il savait que s’il croisait Sedirah dans les prochains jours, il resterait figé sur place, terrorisé. Et il était hors de question que ce pourri lui gâche impunément la vie. Il lui fallait d’abord se reprendre en main avant d’envisager une quelconque vengeance.

Toutefois, même s’il n’avait pas plus que ça envie de voir le Pacte se terminer, il s’était quand même renseigné sur les Spencer, laissant agir son charme naturel sur une âme une peu fragile et influençable. Il avait ainsi appris que l’histoire de la famille n’était pas joyeuse. La mère d’Elizabeth était morte fort longtemps auparavant des suites d’une longue maladie. Le père avait élevé Elizabeth et sa sœur ainée, Sarah, tout seul. La sœur ainée s’était mariée et avait fini par être tuée un peu plus d’un an auparavant. Ainsi donc ne restaient plus que sa protégée et son père. Elizabeth quant à elle se montrait plutôt curieuse vis-à-vis du Démon. Elle lui posait beaucoup de questions, sans cesse. Est-ce qu’il venait des Enfers, comment c’était, avait-il de la famille…Et en général elle ne récoltait pas de réponses, ou au mieux de simples « oui » ou « non ». Népenthès n’était pas très enclin à parler de lui-même car il sentait très bien qu’elle finirait par lui poser des questions très indiscrètes et il n’avait pas envie d’une fourmi telle qu’elle fourre son nez dans ses affaires.

Cette petite routine était assez agréable, il fallait le dire. Pour le moment, Népenthès n’avait révélé que très peu de choses sur les besoins des Démons. S’il avait besoin de se nourrir de sa protégée - ce qui était une nouveauté pour lui - il le faisait dans son sommeil. Ça aussi, il se doutait qu’elle ne serait pas ravie de l’apprendre. Et il évitait pour l’instant de se mettre dans l’imposante cheminée du salon bien que plus d’une fois l’envie le démange de se plonger dans les flammes réconfortantes. Ce serait une bien piètre compensation, mais c’était mieux que rien. Les domestiques de la maison le fuyaient par contre, faisant tout leur possible pour ne pas se retrouver dans la même pièce que lui. Hormis Elizabeth et son père, elles étaient les seules à savoir qui il était vraiment et le craignaient pour ça. D’autant plus qu’il ne mangeait pas et ne dormait pas, ce qui ne les rassurait pas.
Rapidement, Népenthès se rendit compte que cela faisait bientôt six mois qu’il était sur Terre. Le temps lui paraissait passer vite. Ils étaient bientôt en Septembre et il n’avait toujours pas précisé la raison exacte de sa venue à sa protégée. Il allait devoir lui en parler. Il savait que certains Pactes, comme le premier qu’il avait passé par exemple, devait être réglé dans les plus brefs délais, sans quoi il mourrait très rapidement. N’ayant pas décelé de signe de folie chez lui, il en déduisit que la raison de sa venue ne réclamait pas une exécution rapide de sa tâche. Il finit donc par prendre Elizabeth en aparté, ce dont elle ne s’offusqua guère. Ils étaient tout le temps ensemble, si bien qu’ils étaient devenus très proches, restant en permanence l’un à côté de l’autre. Il l’amena dans la bibliothèque de la maison et la fit asseoir à la table qui occupait le centre de la pièce. Les livres étaient disposés sur les murs autour d’eux, laissant une place suffisante pour la porte, et le mur opposé libre, découpé par de grandes fenêtres illuminant la pièce. Sa protégée le dévisageait avec curiosité.

- Alors, de quoi veux-tu m’entretenir ?

- De la raison de ma présence ici.

- Ah.

Elle qui semblait enjouée prit un air plus sérieux alors.

- Je ne suis pas ici par hasard, tu t’en doutes, reprit-il en croisant les mains devant lui.

- Certes, tu me l’as dit le jour de notre rencontre.

- Je suis ici parce que tu souhaites que j’accomplisse une tâche que tu ne veux pas ou ne peux pas faire, poursuivit-il sans prêter attention à sa remarque. Une tâche ingrate.

Elle fronça les sourcils, l’observant silencieusement. Il la dévisageait, sourcils haussés, attendant qu’elle lui dise ce qu’elle attendait de lui.

- Je n’ai rien de particulier à te faire faire, dit-elle sans se départir de son expression perplexe.

- Réfléchis bien, lui demanda-t-il. Ça n’a pu être qu’une pensée passagère. Logiquement, c’est quelque chose que tu as pensé vingt-quatre heures avant mon arrivée.

- Et tu crois que je me rappelle de tout ce que je pense chaque jour ? s’énerva-t-elle. Sérieusement, je ne sais pas pourquoi je t’ai appelé. Tu vois bien que rien ne cloche dans ma vie !

- Sauf que tu vis encore chez ton vieux père, célibataire, et que tu as perdu ta sœur dans des conditions assez tragiques, souligna-t-il.

Elle resta un moment sans voix, bouche bée. Il vit à l’expression de son visage que l’une de ses fameuses colères enflait en elle, elle virait au rouge, point serrés et traits tendus.

- Qui t’a dit ça ? dit-elle d’une voix tremblante de rage.

- Qu’importe. Ma main à couper que ta vie n’est pas aussi parfaite que tu le souhaiterais.

- Evidemment ! s’emporta-t-elle. Qui a donc une vie parfaite ici-bas ? Tout le monde a des vices, des secrets, des blessures ! Toi y compris, j’en suis sûre ! dit-elle en pointant vers lui un index assuré. Tu ne parles jamais de toi. Tu restes très discret pour quelqu’un qui se fait pourtant facilement remarquer. Ma main à couper que tu as au moins un secret que tu veux garder.

Touché. Il fronça les sourcils et se mit à chauffer. Elizabeth s’était habituée à ses crises de colère et ne se démontait plus quand elle le voyait s’enflammer.

- Et en quoi les affaires des immortels concerneraient-elles les mortels ? siffla-t-il.

- Je dirais plutôt : en quoi les affaires des mortels concernent-elles les immortels, répliqua-t-elle aussitôt.

Il se leva, furieux, et elle l’imita dans la seconde.

- Ecoute-moi bien Elizabeth, menaça-t-il. Que je sache, ici, c’est toi qui m’a appelé et non l’inverse. Assume tes actes comme une grande fille plutôt que de jouer à l’autruche !

- Et toi, cesse donc de te croire tout puissant quand tu n’oses rien dévoiler de ta personne ! rétorqua-t-elle malgré ses yeux qui commençaient à s’embuer.

- Je fais ce que je veux de ma vie ! rugit-il.

- Et moi de la mienne ! s’écria-t-elle, sa voix se brisant sur la fin comme des larmes coulaient sur ses joues.

Sur ce, elle s’enfuit de la pièce et claqua la porte derrière elle, laissant un Démon furieux dans la bibliothèque où il rugit sa colère, s’enflammant et sortant comme une fusée dans le couloir pour sortir au plus vite et se défouler dans les jardins comme il avait pris l’habitude de le faire. Il pesta, hurla et vociféra pendant de longues minutes, avant de finalement se calmer. Il rentra dans la maison à pas lourds et bruyants et retourna s’enfermer dans la bibliothèque, claquant une nouvelle fois la pauvre porte.

Il leur arrivait de temps à autre de se disputer de la sorte. Que ça ne touche pas beaucoup le Démon semblait logique. Il se mettait très souvent en colère et donc ne prêtait plus vraiment attention au pourquoi de telle ou telle crise. Cependant, ce n’était pas le cas d’Elizabeth qui lui en tenait souvent rigueur. Il sentait bien qu’elle ne reparaitrait pas avant quelques jours pour lui lancer quelques piques avant de calmer le jeu et de reprendre normalement leur étrange relation. Et comme prévu, il ne la revit pas de la journée et il ne tenta même pas de frapper à la porte de sa chambre. Elle l’enverrait balader ou l’ignorerait. Il avait déjà essayé plusieurs fois mais quand elle avait décidé quelque chose, il était difficile de la faire revenir sur sa décision. Têtue comme une mule. En attendant, il errait dans la maison, sans savoir quoi faire. Il observait les décorations, parfois se baladait seul en ville pendant quelques heures, explorant la belle Londres. Il ne tentait pas de discuter avec Jack. Il n’avait pas spécialement envie pour commencer et ensuite, il ne voyait pas de quoi ils pourraient parler. Quant aux domestiques, elles s’assuraient toujours de rester à l’écart. Il se contentait de les laisser tranquille pour le moment.

Au bout de quatre jours, Elizabeth daigna enfin le gratifier à nouveau de sa présence.

- Je ne sais pas pourquoi tu es ici. C’est donc inutile de me le demander, dit-elle d’un ton froid et sans appel.

Il acquiesça. Étrange hasard, il était en train de rêvasser dans la bibliothèque quand elle avait décidé de cesser de le bouder. Elle s’assit face à lui, comme la dernière fois qu’ils s’étaient trouvés dans cette pièce et l’observa, le visage fermé, en silence. Il soutint son regard sans broncher. Enfin, au bout de longs instants, elle reprit la parole.

- Qu’est-ce que tu faisais ? demanda-t-elle.

- Ben, comme tu vois. Je glandais.

Elle tiqua sur le dernier mot. Il lui arrivait souvent de tiquer quand il prononçait des mots qu’elle jugeait indécents. Mais elle avait vite compris que même en exigeant qu’il cesse de les prononcer, il n’écoutait pas. Elle avait fini par se résigner à entendre très souvent des mots vulgaires.

- Tu ne lisais pas ? Il y a pourtant de quoi, fit-elle en jetant un regard circulaire sur les rayonnages qui les entouraient.

- Humph…

Elle le fixa quelques instants et il crut discerner une lueur de malice dans son regard.

- Tu n’aimes pas lire ? demanda-t-elle d’un ton léger.

- Nan, répliqua-t-il en croisant les bras.

Elle sourit, plus malicieuse encore.

- Tu n’aimes pas ou tu ne sais pas ? dit-elle en se penchant en avant.

- Fous-moi la paix.

Elle se leva soudain victorieuse.

- Ah ! Je le savais ! Mon grincheux préféré ne sait pas lire !

Il la fusilla du regard. Elle se rassit et reprit de son sérieux.

- On ne t’a jamais appris ?

- Est-ce qu’il faut vraiment que je réponde à cette question ? demanda-t-il d’un ton moqueur.

A l’évidence, il n’avait jamais appris. Ceux qui savaient étaient les anciens humains, les Déchus et parfois certains Démons qui prenaient le temps d’apprendre à lire sur Terre.

- Tu veux apprendre ?

- Qu’est-ce que tu veux que ça me…

- Tut tut ! le coupa-t-elle. Réfléchis. Si tu sais lire, tu deviendras indépendant. Tu pourras te diriger sans problème en ville en lisant les noms des panneaux et des plaques de rue. Tu pourras t’occuper quand tu ne sais pas quoi faire et tu pourras même te débrouiller dans beaucoup de cas en sachant déchiffrer des messages par exemple. Vous ne lisez pas aux Enfers ?

- Si. On connait notre langue et notre écriture, mais pas celles des humains.

Même si on disait qu’une fois qu’ils savaient lire dans une langue, ils savaient dans toutes les autres. Exactement comme pour la parole. Leur cerveau devait faire un parallèle de ce qu’ils avaient appris pour chaque langue connue. Ce qui lui permettrait de n’apprendre qu’une seule fois et qu’il pourrait ensuite lire dans toutes les langues de la planète. En attendant, Elizabeth le dévisageait, attendant une réponse. Il soupira et acquiesça. Elle sourit et se leva pour aller choisir un livre. Elle prit un roman sorti quelques années plus tôt : Washington Square d’Henry James. Elle s’assit à côté du Démon et commença à lui apprendre, lentement, mais sûrement. Ils occupèrent de longues journées à apprendre la lecture, entrecoupant les leçons de visite mondaines et de sorties en ville. Elizabeth s’aperçut ainsi que Népenthès apprenait extrêmement vite et remarqua aussi que, ne dormant pas, il s’entrainait tout seul à lire dans la nuit. Cela la faisait sourire. Comme quoi il pouvait paraitre attendrissant parfois.

Au terme d’un mois et demi d’apprentissage, le Démon savait parfaitement lire et avait même pris goût à l’exercice, s’occupant en dévorant des livres entiers en très peu de temps. Ça l’occupait quand il n’avait rien de mieux à faire. Il se sentait de mieux en mieux, oubliant peu à peu la honte et la douleur infligées par Sedirah au profit d’un désir croissant de se remettre sur le marché. Il délaissa un peu sa protégée pour renouer avec ses occupations d’avant. Il sortait le soir, seul, et s’aventurait dans les quartiers chauds de la ville, séduisant quelques catins d’un regard pour éviter de débourser un argent dont il ne disposait pas. Il avait décidé de s’y remettre lentement. D’abord avec des femmes. C’était logique, il les craignait moins. Il se rendit compte en couchant à nouveau, à quel point c’était agréable et combien ça lui avait manqué. D’autant plus qu’il n’avait encore jamais frayé avec des humains. C’était étrange. Leur corps était frais, et ils étaient très fragiles. Il avait dû faire extrêmement attention au début, en se rendant compte qu’il était bien trop brutal. Puis, à mesure que le temps passait, il avait compris jusqu’où il pouvait aller, combien de temps il pouvait laisser durer la chose. Les humains étaient tellement moins endurants. Mais ils avaient leur charme aussi.


Janvier de la nouvelle année arriva. Il décida de se remettre aux hommes. Il eut parfois du mal, incapable de la lever, puis lentement, il reprit son assurance et put apprécier aussi bien les hommes que les femmes. Il ne savait pas si Elizabeth ou même quiconque d’autre dans la maisonnée s’était rendu compte de quoi que ce soit. En tout cas, jamais il ne reçut le moindre commentaire de qui que ce soit. Il ne doutait pas que sa protégée se serait fait une joie de lui dire sa façon de penser si elle avait su. En revanche, il n’était pas aussi convaincu avec l’une des domestiques qui s’occupait du linge. Mildred. Ça ne l’étonnerait pas qu’elle ait remarqué les parfums de femmes ou d’homme, les odeurs de sueur et de sexe sur ses vêtements. Il cherchait parfois son regard, mais elle prenait toujours grand soin de l’ignorer. Ça faisait bientôt un an qu’il était arrivé sur Terre et il ne s’en lassait pas pour le moment. Sa protégée semblait attirer de plus en plus les convoitises même si à bien y penser, il ne connaissait pas son âge. Probablement une vingtaine d’années. Jeune et jolie, célibataire et fille de bonne famille, les hommes semblaient tourner leurs regards vers elle. Quand ils discutaient tous les deux en privé, elle lui avouait qu’aucun ne lui plaisait, bien qu’elle doive probablement en épouser un un jour, par mariage arrangé.

C’est alors qu’elle se remit à parler de sa sœur.

- Elle aussi c’était un mariage arrangé. Elle n’a jamais rechigné. Elle savait qu’elle aurait un bon statut et que son époux était réputé pour être quelqu’un de ferme bien qu’attentionné. Il a toujours veillé à ce qu’elle se sente bien chez lui.

- Il l’aimait ? demanda-t-il sans réel intérêt.

- Je ne sais pas. Il ne le lui a jamais dit si jamais c’était le cas.

- Donc non. Elle est morte comment ?

La question était brutale et causa un certain choc à Elizabeth qui dut prendre quelques instants pour se ressaisir et répondre.

- Assassinée. On lui a tranché la gorge.

- Qui était le coupable ?

- On ne sait pas. On l’a retrouvé dans une ruelle glauque, étendue dans de l’eau croupie, au milieu des immondices.

Sa voix était devenue de plus en plus grave au fur et à mesure qu’elle parlait. Elle semblait furieuse, ce qu’il trouvait assez normal d’ailleurs. Elle devait être très proche de sa sœur.

- Tu voudrais savoir qui c’est ?

- Bien sûr ! s’exclama-t-elle. Qu’est-ce que tu-…

Elle s’arrêta soudain et eut une illumination. Elle attrapa le col de sa chemise et l’attira à elle alors qu’elle se levait.

- Mais c’est ça ! souffla-t-elle surprise. C’est ça la raison de ta venue !

Elle le traina derrière elle jusqu’à sa chambre et le fit asseoir sur le lit. Elle ouvrit son armoire et farfouilla dedans avant d’en sortir d’un carnet à la couverture de cuir, qui devait compter deux cents cinquante pages environ et faisant une main et demie de haut. Elle s’assit rapidement à côté de lui et se mit à feuilleter tandis qu’il se penchait par-dessus son épaule pour regarder. Les pages blanches étaient couvertes d’une écriture fine et penchée, aux lettres rondes et liées. Il arrivait à voir des dates, soulignées mais à part ça, il n’y avait que du texte et parfois des coupures de journaux. Elizabeth parcourait les pages rapidement, cherchant manifestement quelque chose de précis puis elle s’arrêta, l’air satisfaite. Elle avait le doigt sur la date du 23 Février 1883. Elle le regarda.

- C’est le jour où elle est morte. C’était le premier anniversaire de sa mort, lui dit-elle. Et toi…

Elle tourna la page et indiqua la date du 24 Février.

- …tu es arrivé le lendemain. J’ai dû penser très fort à retrouver son meurtrier. Peut-être même que j’ai consigné mes pensées dans ce journal.

Elle revint à la page précédente et se mit à lire en diagonale, silencieusement. Il y avait tout un paragraphe où elle espérait coincer la personne qui avait osé lui enlever sa sœur et l’abandonner dans cette immonde ruelle. Au moins c’était clair. Elle voulait retrouver l’assassin de sa sœur.

- Et admettons qu’on le retrouve, lui dit-il. Qu’est-ce que tu lui ferais ?

Elle referma le journal dans un bruit sourd et pencha la tête en arrière, réfléchissant.

- Je pense que je voudrais en priorité savoir pourquoi il a fait ça. Et il a intérêt à avoir une bonne raison.

- Sinon ?

- Sinon il lui en coûtera.

Moui, ça lui allait comme Pacte. Il se leva et s’étira tandis qu’Elizabeth rangeait son journal dans son armoire et le faisait sortir de sa chambre, le suivant. Elle lui proposa une ballade dans l’un des parcs de Londres et lui raconta tout ce qu’elle savait. Sa sœur était sortie ce jour-là pour se rendre à un club de lecture auquel elle participait fréquemment et plus personne ne l’avait revue. On l’avait retrouvée dans une ruelle, la gorge tranchée. Néanmoins, les enquêteurs avaient découvert que la jeune femme n’avait probablement pas été tuée là. Seulement personne n’avait vu qui que ce soit dans ce genre d’endroit. Dans ces ruelles, il valait mieux en savoir le moins possible pour ne pas risquer sa peau. Ne restait donc plus qu’à mener l’enquête.
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptyVen 8 Juil - 16:03

NEPENTHES


Elizabeth. [PART IV]


Mars arriva et ils n’avaient rien trouvé qui puisse les aider à mettre la main sur le meurtrier de Sarah. En attendant, le père d’Elizabeth insista pour que sa fille se fasse peindre par un grand maitre. Il fit venir un peintre assez célèbre et le laissa s’occuper de tout ce dont il avait besoin. Il installa la jeune femme dans un fauteuil confortable, vêtue d’un corset élégant, de couleur crème et brodée de motifs noirs sur le haut. Un gilet brun et assez court renforçait les courbes de sa poitrine et de sa taille fine tandis qu’une robe épaisse et de beau tissu lui conférait plus de grâce encore et de féminité. Elle avait tiré ses cheveux en un chignon complexe et avait insisté auprès du peintre pour que son Démon pose avec elle. Aussi revêche à cette idée que l’artiste, il avait toutefois fini par se laisser convaincre à force d’argumentation et de moues adorables et cruellement efficaces.

Elizabeth posait donc naturellement sur le fauteuil tandis que le Démon s’était placé derrière elle, en appui sur le fauteuil. Il avait conservé son chapeau haut de forme et sa tenue habituelle afin que même si le tableau subsistait dans les siècles à venir, on ne puisse trop facilement deviner sa nature. Et accessoirement, pour éviter de trop effrayer le peintre. Le travail dura de longues heures durant de longs jours où ils n’eurent d’autre occupation que de discuter. Népenthès faisait un modèle formidable, gardant la pose sans bouger ne serait-ce que d’un millimètre et restant parfaitement immobile en tout circonstance. Semblable à une statue de cire.

Leurs échanges pendant ces longues journées furent variés. Ils parlaient d’actualité, évitaient de trop discuter avec le peintre qui dès lors se montrait moins rapide et donc, moins efficace. Au bout de longues heures, le Démon en venait à raconter toutes les bêtises qui lui passaient par l’esprit, faisant énormément rire Elizabeth qui avait dès lors de grandes difficultés à garder la pose. Puis ils en vinrent à discuter de sujets plus personnels à voix basse. Elle l’interrogeait sur les Enfers, et il répondait, tandis qu’elle-même lui racontait des anecdotes, des souvenirs d’enfance. Ces quelques jours les rapprochèrent sans doute plus que l’année entière qu’ils avaient passé ensemble. D’ailleurs, tout le monde avait remarqué qu’ils s’entendaient extraordinairement bien, malgré leurs flagrantes différences et leurs éclats de colère fréquents.

Le père s’en inquiétait de plus en plus, bien qu’il sache pertinemment qu’il n’empêcherait pas sa fille de n’en faire qu’à sa tête. Il paya l’artiste et garda le tableau, bien qu’il répugne à l’accrocher dans la maison. Le Démon avait été peint avec un réalisme saisissant, sans doute dû au fait qu’il ne bougeait quasiment pas. D’autant plus qu’ainsi vêtu, il était difficile de deviner qu’il avait des cornes sur la tête et une longue queue en bas du dos. A part ses yeux d’argent et ses cheveux blancs, rien ne pouvait faire croire qu’il était en réalité un monstre.

Cependant, même si les deux jeunes gens s’étaient fortement rapprochés, ils n’entretenaient toujours qu’une simple relation amicale. Elizabeth avait été éduquée pour rester chaste. Elle se refuserait donc jusqu’au mariage, tout en sachant qu’il y avait très peu de chance qu’elle se marie à quelqu’un comme Népenthès. Celui-ci d’ailleurs avait jeté son dévolu sur les domestiques qu’il s’amusait à taquiner régulièrement et manquait souvent de leur faire faire des crises cardiaques. Effrayées et le fuyant au départ, l’une d’elle cependant se laissa lentement approcher et se prit à discuter avec la créature qui, elle devait bien l’avouer, n’était pas si effrayante que ça. Le Démon se perchait régulièrement sur un meuble et discutait, balançant les jambes dans le vide. Il prenait toujours garde de faire ce genre d’approche quand Elizabeth sortait voir des amies ou se retirait dans sa chambre pour lire.

Au bout d’une paire de mois à peine, il avait réussi à coucher avec l’une des deux qui ne cessait de le dévisager en se mordillant la lèvre inférieure quand il la croisait dans la maison. Ah, c’était vraiment gratifiant de venir sur Terre. L’autre restait inflexible. Il lisait le désir dans ses yeux pourtant, mais elle s’entêtait à se refuser et ne trouvait rien de mieux à répondre qu’elle avait trop de respect pour Elizabeth. Néanmoins, la jeune femme n’était pas aveugle et avait bien remarqué les regards qu’échangeaient ses domestiques avec le Démon. Elle le prit alors en aparté pour lui toucher deux mots sur le sujet.

- Arrête ce manège tout de suite ! sifflait-elle après l’avoir poussé sans douceur pour qu’il s’assoie sur son lit.

- Pourquoi ? demanda-t-il en haussant les épaules. Je ne fais rien de mal.

- Ce n’est pas la question ! fulminait-elle en faisant les cent pas dans sa chambre. C’est incorrect et irrespectueux envers moi !

- Parce que je te dois le respect ? dit-il en haussant un sourcil.

Elle le fixa d’un regard noir. Elle arrivait presque à lui faire peur parfois. Elle resta immobile à le regarder, la colère difficilement rentrée.

- Tu n’as de respect pour personne, dit-elle d’un ton froid. Tu n’aimes personne et tu es un être froid et sans cœur.

Il resta immobile et ne répondit pas, soutenant son regard. Voyant qu’il ne répondait pas, elle hésita :

- Pourquoi tu fais ça ?

- Pourquoi je fais quoi ? demanda-t-il d’un ton neutre.

- Pourquoi tu t’amuses à me faire du mal ?

Une expression d’incompréhension passa sur le visage de la créature.

- Je te fais mal ?

Il fit mine de réfléchir en marmonnant :

- Pourquoi je te ferais mal…hum, question difficile. Peut-être parce que je suis un Démon, répondit-il tout simplement en la fixant à nouveau.

Elle faillit fondre en larmes et s’échappa de la chambre. Il soupira et se leva, ne pressant cependant pas le pas pour la rattraper. Toutefois en descendant l’escalier, il vit qu’elle avait ouvert la porte et qu’un coursier lui tendait un pli. Elle le remercia en se frottant manifestement les yeux et en reniflant et referma le battant. Elle ouvrit le pli et le parcourut rapidement. Elle pivota alors aussitôt vers Népenthès et lui plaqua la lettre contre le torse, les yeux rouges.

- Tiens, rends-toi utile. C’est ton boulot, non ?

Il la dévisagea un instant et lut rapidement le message. Il provenait du beau-frère d’Elizabeth. Le mari de sa sœur défunte. Il lui conjurait de venir le rejoindre chez lui au plus vite car il venait de faire une découverte à peine croyable dans les anciennes affaires de Sarah. Il hocha la tête, mais elle s’était déjà détournée et avait passé son châle. Elle ouvrait déjà la porte qu’il se précipitait pour prendre son chapeau et une veste. Il faisait très frais ces derniers temps. Il rejoignit sa protégée en quelques foulées, se plaçant à sa hauteur.

- Ellie…

- Ah non ! s’écria-t-elle en se tournant vers lui. Ne m’appelle pas comme ça !

Elle marchait d’un pas vif, très remontée.

- Oh, je m’excuse, ça va ! dit-il en levant les yeux au ciel et sans en penser un mot.

- Non ça ne va pas ! répliqua-t-elle. Tu fais toujours ça ! Ça t’amuse bien j’espère !

Franchement, ça l’amusait de moins en moins. Il soupira. Elle s’arrêta soudainement et pivota vers lui, tendant un doigt ganté menaçant juste sous son nez :

- Écoute-moi bien, exigea-t-elle. Je veux que tu arrêtes de flirter à droite à gauche. Et surtout de coucher avec toutes les femmes qui passent !

- Les hommes j’ai le droit ou pas ? demanda-t-il d’un ton pragmatique.

Elle parut un instant décontenancée puis dut probablement se dire que venant de lui, ce n’était pas étonnant.

- Non, personne !

- Sauf toi, dit-il en haussant un sourcil.

Elle se remit à marcher avec mauvaise humeur, bien qu’elle se soit mise à rougir :

- Ce n’est pas le sujet ! rétorqua-t-elle d’une voix un peu plus aiguë.

Il sourit, la rattrapant facilement et marchant à côté d’elle.

- Mais bien sûr que c’est le sujet, répondit-il avec amusement.

- Non !

- Si, ma petite Ellie. Tu es jalouse.

- Pas du tout ! répliqua-t-elle en s’arrêtant à nouveau. Je ne suis pas jalouse de toutes ces…

Elle s’interrompit et resta immobile quelques instants avant de pivoter pour se remettre à marcher.

- D’accord je suis jalouse, marmonna-t-elle.

Il se retint de rire, sachant pertinemment que s’il le faisait, il risquerait de se prendre une bonne gifle en pleine figure. Il ne prit pas la peine de la taquiner davantage et se laissa guider jusque chez le beau-frère. Celui-ci leur ouvrit la porte avant même qu’ils aient eu le temps de frapper à la porte. Il dévisagea quelques instants le Démon avant de finalement décider de ne pas s’en préoccuper et les fit entrer.

Elizabeth lui avait expliqué qu’il n’avait toujours pas déménagé depuis la mort de Sarah car malgré tout, il avait aimé sa femme plus profondément qu’on ne l’aurait cru. Il n’avait même pas touché ses affaires. Ce n’était que récemment, deux ans après la mort de sa femme, qu’il avait décidé de déménager pour commencer une nouvelle vie. Il avait donc commencé à trier les affaires qu’il comptait garder des autres et avait découvert quelque chose de peu enviable.

- Elle avait un amant ?! s’étrangla la jeune femme alors que son interlocuteur lui expliquait les raisons de sa venue.

- Vous ne le saviez pas ?

Elle avait l’air complètement éberlué. Elle secoua lentement la tête.

- J’ai retrouvé…

Il se leva et alla chercher une grande boite qu’il posa sur la table basse devant Elizabeth et Népenthès qui se pencha pour regarder le contenu.

- Des lettres, dit-il en désignant la boite, des bijoux, et même une fleur séchée.

Elizabeth prit les lettres. Toutes écrites de la main du même homme. Celui-ci ne signait que de ses initiales : C.S. Il pouvait y avoir des dizaines de patronymes identiques. Elle était totalement effondrée. Jamais elle n’aurait cru ça de sa sœur. D’autant plus qu’elle s’était même pas confiée à sa cadette comme elle l’avait toujours fait jusqu’à présent. C’était blessant. Elle remercia son beau-frère et prit congé. Ils rentrèrent, silencieux sur le chemin du retour.

- On le retrouvera, finit par dire le Démon.

- Et comment ? Il a très bien quitté la ville depuis le temps ! lâcha-t-elle d’un ton exaspéré.

- Peut-être, mais j’ai de quoi le retrouver.

Il sortit de sa poche l’une des lettres écrite par l’amant et haussa les sourcils à plusieurs reprises, l’air de dire : « c’est qui le meilleur ? ».

- Oh, Népenthès. Va la rapporter, soupira-t-elle.

- Certainement pas. Si tu veux que je retrouve C.S., il va falloir me la laisser.

- Elle ne t’appartient pas.

- Pas plus qu’à lui que je sache. D’autant plus que j’ai besoin de l’odeur qui subsiste sur ce maigre bout de papier, fit-il en agitant la lettre sous le nez d’Elizabeth.

Elle chassa la lettre d’un geste de la main comme on chasserait un insecte agaçant.

- Tu vas me faire croire que tu peux sentir son odeur comme un chien ?

- C’est pas très gratifiant comme comparaison, mais oui. C’est à peu près ça.

- Vraiment ? dit-elle en lui jetant un coup d’œil histoire de voir s’il se fichait d’elle ou non.

Il lui lança un regard éloquent. Oui, il était sérieux. Il avait un bon flair.

- Et qu’est-ce que tu me caches d’autre tant qu’on y est ? demanda-t-elle d’un air las.

- Ah, tu vas pas être contente si je te le dis.

Il la vit tiquer et elle le fixa intensément. Pendant de longues minutes. Sans rien dire.

- Bon d’accord, d’accord. Mais arrête de me fixer comme ça. Mes sens sont globalement plus développés que chez les humains. Ma vue, mon odorat et mon ouïe.

Elle le fixait encore.

- Et puis je dois me nourrir de chaleur humaine, dit-il d’un ton hésitant sans oser regarder sa voisine. La tienne en général.

- C’est-à-dire ? demanda-t-elle avec méfiance.

- C’est-à-dire que régulièrement…tous les trois jours à peu près…j’ai besoin d’aspirer ta chaleur. Par contact physique.

Il y eut un léger silence et il craignit la réaction de la jeune femme.

- Mais je ne comprends pas, dit-elle. Tu ne l’as jamais fait jusqu’à présent.

Il n’osait toujours pas la regarder. Il y eut un silence puis il l’entendit prendre une inspiration en comprenant que justement, il le faisait et depuis un bon bout de temps.

- Quand ? demanda-t-elle d’un ton froid.

- Ben depuis notre rencontre, dit-il.

- Non, quand est-ce que tu te nourris ? Je dois bien le sentir, non ?

- Euh…quand tu dors.

Il se prit une sacrée gifle qui le surprit tellement qu’il faillit tomber à la renverse.

- La nuit ?! s’écria-t-elle. Espèce de pervers ! Poltron ! Je t’interdis de venir me reluquer quand je dors !

Elle lui assénait des tapes qui ne lui faisaient pas franchement mal, mais bon. Il attrapa ses mains, cessant de jouer au faible et se redressa de toute sa taille. Il vit un fugace éclat de peur dans le regard d’Elizabeth avant qu’elle ne porte à nouveau un masque furieux et outré.

- Du calme, ça va, j’ai compris. Dans ce cas, tu permets que je me nourrisse maintenant ?

Elle le fixa avec défi et il attendit, impassible, haussant lentement l’un de ses sourcils en attendant qu’elle daigne lui répondre. Elle finit par soupirer, puis acquiescer. Il passa un bras autour de sa taille pour la soutenir quand elle perdrait ses forces et de son autre main, griffue, il lui toucha le visage. Ils étaient très proches l’un de l’autre et il le faisait exprès. Il savait pertinemment que si la jeune femme voyait la température de son corps augmenter pour une quelconque raison, il pourrait se nourrir de davantage de chaleur. Il la vit très vite éviter son regard en se mettant à rougir. Et il prit sa chaleur. Elle lâcha un petit gémissement surpris en sentant la chaleur s’échapper de son corps et ses forces tomber en poussière en quelques instants.

Il la retint et la prit dans ses bras pour la porter jusqu’à la maison. Il la posa sur son lit et lui retira ses chaussures pour qu’elle soit plus à l’aise. Elle protesta mais elle n’était certainement pas en mesure de l’empêcher de faire quoi que ce soit. Il s’assit ensuite à son chevet et prit un livre, en attendant qu’elle se rétablisse. Mildred, la plus dévouée des deux domestiques, prépara un thé chaud pour sa maîtresse et le lui apporta avant de la laisser se reposer.



Les mois passèrent et malgré la lettre et les initiales, Elizabeth et Népenthès ne trouvèrent pas qui était le mystérieux amant de Sarah. L’odeur était trop ancienne, et les initiales collaient à bon nombre d’hommes en ville. Cependant, alors qu’ils perdaient tous les deux espoir, ce fut le Démon qui capta l’odeur au beau milieu d’un parc. Surpris, il s’arrêta au beau milieu de son mouvement, faisant glousser les hommes et les femmes qui les accompagnaient avec Elizabeth. Une promenade tout à fait innocente qui avait en fait pour but de séduire les membres du sexe opposé. Seule Elizabeth eut l’air de comprendre ce qu’il faisait. Il tourna sur lui-même, reniflant l’air avec concentration. L’odeur était relativement récente. Peut-être une semaine ou deux. La pluie avait tendance à la rendre difficile à suivre.

Il sentit sa protégée poser doucement les mains contre son bras, en lui murmurant doucement :

- C’est lui ?

Il acquiesça et tourna brusquement la tête dans une direction. Il suivit la piste avec lenteur, Elizabeth s’excusant auprès des autres en leur disant que le pauvre avait senti l’odeur d’un gâteau qui ressemblait à celui de son pays natal. Les autres gloussèrent, mais au moins, ils seraient tranquilles. Il remonta lentement la piste, et ils se retrouvèrent à marcher dans un quartier bourgeois. Finalement, il trouva une zone fortement concentrée dans l’odeur de l’homme et ils levèrent la tête vers la bâtisse. Pas spécialement à envier, mais tout de même très correcte. Ce n’était pas quelqu’un de riche qui vivait là. Elizabeth arrêta une femme qui passait pour lui demander si elle connaissait par hasard la personne qui vivait dans cette maison.

- Charles Sullivan, dit-elle fièrement en rejoignant le Démon.

- Oui, j’avais entendu, dit-il en souriant en coin.

- Bon…qu’est-ce qu’on fait ?

- Tu veux que je le cogne et que tu lui poses les questions ? proposa-t-il.

- Népenthès, le rappela-t-elle. Il faut d’abord qu’on soit sûrs qu’il s’agisse bien de lui. Je pense qu’on va faire ça à ma manière.

- Vraiment, dit-il. Et quelle est ta manière ? demanda-t-il un poil sceptique.

- Tu verras bien, dit-elle tout sourire en grimpant les marches.

Elle frappa à la porte et lissa sa robe. Un domestique lui ouvrit.

- Vous désirez ? demanda-t-il d’un air un peu hautain.

- M. Sullivan est-il là ? demanda-t-elle.

- Non, madame, il est en déplacement professionnel pour une durée indéterminée. Puis-je lui laisser un message ?

- Non, ce n’est pas grave. Vous ne sauriez pas quand il rentrera par hasard ?

- Pas avant des mois, madame.

Elle comprit qu’elle n’aurait pas davantage d’informations et prit congé. Le Démon l’attendait au bas des marches, un sourire amusé aux lèvres. Elle leva la main pour le faire taire avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit.

- Surtout, ne dis rien, dit-elle.

Il se contenta de sourire, très amusé. Ils reprirent le chemin vers le parc et rejoignirent les autres. A présent, ils n’avaient plus qu’à attendre que ce Charles Sullivan veuille bien rentrer.
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptySam 9 Juil - 11:17

NEPENTHES


Elizabeth. [PART V et fin]


Quatre mois s’écoulèrent avant que l’amant de se décide à revenir. Depuis le temps, Elizabeth et Népenthès avaient monté toute une stratégie pour réussir à l’approcher. Ils s’étaient en premier lieu documentés sur leur cible. Charles Sullivan était un homme d’affaires issu des milieux précaires et travaillant dans l’import-export. De fait, il voyageait souvent pour de longs mois avant de revenir. Il était âgé d’une petite trentaine d’années et était à ce jour célibataire. On disait de lui qu’il était friand d’équitation et de littérature, mais assez discret et réservé. Coup de chance, il était assez connu, si bien qu’Elizabeth avait des connaissances qui le connaissaient et avait pu en savoir davantage encore sur lui. Il cherchait une femme à épouser. Il était un bon parti, sa fortune s’amassant au fur et à mesure des années, mais recherchait un titre pour entrer définitivement dans la noblesse ou un nom reconnu.

C’était de cette façon qu’ils allaient devoir travailler. Elizabeth se chargerait de l’approcher lors d’une soirée où on les présenterait. Elle s’arrangerait pour donner un faux-nom, sans quoi leur cible se douterait facilement qu’elle avait un lien de parenté avec Sarah. Elle prendrait le nom de Lily Rochester, duchesse de la cour de sa majesté. La jeune femme n’aurait plus alors qu’à se rapprocher peu à peu Charles jusqu’à lui arracher des confidences. Népenthès se contenterait de rester dans les parages, d’observer et d’écouter. Il ne se ferait pas remarquer et n’interviendrait que si Elizabeth prononçait le mot « Démon ». Ce qui était assez logique, ou bien si elle l’appelait. Cette stratégie mise en place, tout se passa comme sur des roulettes.

Une soirée de Mars 1885 fut choisie pour mettre en branle leur plan. Cela faisait déjà plus de deux ans que Népenthès était arrivé dans sa vie et après de nombreuses disputes, ils en étaient finalement arrivés à un stade où ils ne se disputaient plus très souvent. Il s’était plié à ses exigences et avait cessé de fréquenter d’autres femmes et d’autres hommes, gardant ses distances. Elizabeth lui en avait été très reconnaissante et lui avait appris beaucoup de choses. Elle l’avait emmené à des opéras, des pièces de théâtre, elle l’avait même obligé à apprendre à nager. Ça pouvait toujours servir selon elle, bien qu’elle ne se soit sans doute pas rendue compte que si l’eau était déjà fort fraiche pour elle, elle était tout simplement glacée pour le Démon qui ne pouvait y rester plus de vingt minutes sans commencer à virer au bleu. Mais malgré tout, il avait réussi à apprendre à nager, se montrant d’ailleurs très rapide dans l’eau et considérant que ça pourrait toujours lui servir dans de la lave aussi.

Elizabeth s’avéra être une très bonne actrice auprès de M. Sullivan. Celui-ci fut charmé, et sans doute était-il également attiré par le fait que la jeune femme parle sans pudeur de son train de vie. Elle se disait en visite chez son père pour quelques temps, ayant l’envie de renouer un peu avec la maison de son enfance assez modeste. A la fin de la soirée, elle y avait invité son interlocuteur pour y prendre le thé à l’occasion.

Et pendant qu'elle jouait les séductrices auprès de Charles Sullivan, la jeune femme avait enfin fini par capituler et s’abandonner toute entière au Démon. Dans un sens, il appréciait. Qu’elle lui ait résisté si longtemps n’avait rendu leur première nuit que plus explosive. Comme s’il brûlait littéralement de désir et de plaisir pour elle et elle également. Elle s’était montrée très timide, tant et si bien qu’il s’était senti obligé d’y aller avec une extrême douceur. Depuis, ils se sautaient dessus dès qu’ils s’enfermaient dans la chambre de la jeune femme. Néanmoins, s’il y avait bien quelque chose qui l’agaçait particulièrement, c’était toutes les couches de vêtements qui recouvraient les femmes et qu’il fallait patiemment enlever et délacer le cas échéant. Il avait très souvent envie de tout déchirer pour aller plus vite. Mais Elizabeth avait été très claire : si jamais il lui déchirait quoi que ce soit, il pourrait toujours se gratter pour la remettre dans son lit.

La jeune femme avait d’ailleurs ces derniers temps décidé de trouver un surnom au Démon. Il l’appelait Ellie, alors elle voulait lui rendre la pareille et ce fut pendant l’un de leurs ébats qu’elle trouva soudain le surnom idéal :

- Thess ! gémit-elle en le pressant contre elle.

Il se redressa et l’observa, perplexe.

- Tu m’as appelé comment là ?

Haletant tous les deux, elle lui adressa un sourire.

- Thess. Ça te va bien, non ?

- C’est un nom de gonzesse, dit-il, ne partageant manifestement pas l’avis de sa protégée.

- Thess ! Thess ! Thess ! commença-t-elle à clamer par pure provocation.

- Attends voir ! lança-t-il alors qu’elle éclatait de rire et qu’il se mettait à lui mordiller l’oreille gentiment.

Elle tenta de s’échapper, prise d’un fou rire et il se remit à l’embrasser dans le cou afin de reprendre leurs ébats là où ils s’étaient arrêtés.

Le surnom resta, bien que le Démon grommela longtemps pour manifester sa désapprobation. Néanmoins, il s’y habitua. Il s’était beaucoup attaché à Elizabeth et il le savait. Il savait aussi qu’il vaudrait mieux pour eux deux que leur pacte se termine rapidement. Il avait la vague impression que son affection pour la jeune femme finirait par devenir trop grande et qu’il ne voudrait plus partir. Il la considérait déjà comme quelque de très proche. Il supposait que les humains appelaient ça « un ami ». Et c’était mauvais. Un Démon amoureux n’avait que rarement une longue durée de vie et ses actions n’étaient plus dictées uniquement par son péché, mais bel et bien aussi par l’amour qui l’aveuglait parfois et lui faisait faire d’horribles actions.

Toutefois et heureusement pour lui, deux mois plus tard les réponses aux questions furent apportées. Elizabeth avait réussi, à force de manœuvres diverses et variées, à arracher à Charles Sullivan qu’il avait déjà eu une amante et que celle-ci s’appelait Sarah. Elle avait également réussi à lui faire avouer qu’elle était morte et avait pu percevoir une nette culpabilité dans le regard du bourgeois. C’est donc un jour où ils étaient chez lui, à discuter, qu’elle avait appelé Népenthès pour régler une fois pour toutes cette histoire. Elle avait permis au Démon de dévoiler ses cornes et de sortir sa queue ce qui avait fait blêmir Charles. Elle avait fermé et verrouillé toutes les portes avant de demander à son amant diabolique de maintenir leur prisonnier à sa place. Népenthès s’était contenté de plaquer une main sur son torse et de mettre en évidence sa main griffue.

La jeune femme l’avait alors interrogé, permettant au Démon de cogner quand il ne répondait pas. Il avoua tout. Sarah et lui se fréquentaient depuis un bon moment et un jour, elle avait finalement décidé de le quitter pour rester avec son mari qui l’aimait sincèrement. Il l’avait supplié, avait tout fait pour qu’elle reste mais sa décision était prise. Il lui avait conjuré de venir le voir une dernière fois et avait tenté une ultime fois de la raisonner. Elle était restée inflexible et il avait alors décidé que si Sarah ne lui appartenait pas, elle n’appartiendrait à personne d’autre. Il l’avait tuée, puis, une fois la colère et la folie passées, il avait compris l’abomination qu’il venait de commettre. Dans la panique, il avait abandonné le corps dans une ruelle mal famée où personne ne faisait attention à personne. Il s’était ensuite enfui puis avait supposé que la police rechercherait d’abord les fuyards. Il s’était donc contenté de déménager dans un quartier peu voyant et d’oublier cette histoire.

Elizabeth avait écouté en silence, manifestement très troublée par ce qu’elle entendait. A la fin du récit, les yeux larmoyants, elle avait levé les yeux vers le Démon et avait doucement hoché la tête. Il savait ce qu’elle voulait dire. Il la vit fermer les yeux et se boucher les oreilles et ouvrit la gorge de l’homme d’un coup de griffes. Net et sans bavure, ça pourrait faire penser à n’importe quelle lame. Il prit ensuite la jeune femme dans ses bras, pleurant doucement et s’efforçant de ne pas écouter les infâmes gargouillis sortant de la gorge ouverte de l’ancien amant de sa sœur qui agonisait et l’emmena ailleurs en sortant par la fenêtre.

Il la conduisit dans un endroit qu’elle appréciait, au bord d’un petit étang, dans un parc. Il faisait chaud, c’était l’été, et la nuit était déjà tombée. Peu de monde se baladait dans le parc ce soir-là. Il posa Elizabeth qui se tint debout contre lui et fondit en larmes. Il la rassura en la pressant contre lui et lui assura que c’était fini. Il avait senti la rupture en lui quand le Pacte s’était terminé. Cette libération et pourtant ce lien ténu qui le reliait encore à la jeune femme. Il était temps pour lui de rentrer. Quoi qu’en pense ou en dise Elizabeth, les Enfers lui manquaient. Il s’était absenté très longtemps. Trop longtemps pour lui. Il avait besoin de se noyer à nouveau dans la lave et de sentir la chaleur caresser sa peau.

La jeune femme pleura longtemps puis finit par se calmer. La nuit était belle ce soir-là. Il n’y avait pas d’autres bruits que les reniflements d’Elizabeth et le bruissement des feuilles des arbres. Ils étaient sous un grand saule pleureur qui penchait vers l’étang. Elle passa ses bras autour du cou du Démon et lui murmura, droit dans les yeux :

- Merci…

Elle l’embrassa avant qu’il puisse répondre. Elle le connaissait. Il serait fichu de lui dire une ânerie pour qu’elle arrête de pleurer. Ca le mettait mal à l’aise. Il ne comprenait pas comment de l’eau pouvait sortir des yeux. Ils échangèrent un long baiser qui fut brisé par un choc violent suivi d’une douleur sourde. Le Démon la regardait avec tristesse.

- Thess…

Elle n’arrivait plus à parler et sa vision s’étrécissait. Il la soutenait toujours et vit la question dans son regard : « pourquoi ? » tandis qu’elle blêmissait et comprenait ce qui se passait.

- Parce que la chose que tu portes dans ton ventre est une insulte à ma race.

Il retira son bras qui avait transpercé le ventre de la jeune femme de part en part. Elle s’effondra au sol comme une poupée de chiffon et son regard se vida. Le trou béant dans son ventre forma rapidement une large flaque de sang qui coula le long de la pente jusque dans l’étang. Il attendit à côté d’elle, lui caressant le front et les cheveux jusqu’à ce qu’elle meure et lui ferma les yeux. Il déposa un dernier baiser sur ses lèvres et lui demanda pardon avant de se relever et de s’en aller.

******

"J’avais entendu les battements de cœur du bébé. Si elle était tombée enceinte plus tard, je n’en aurais probablement rien su et je l’aurais laissée vivre. Mais malheureusement pour elle et par ma bêtise également, j’aurais dû prévoir qu’une seule fois suffisait. Elle avait dû tomber enceinte dès la première fois."
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Népenthès

Népenthès

Messages : 615
Date d'inscription : 22/05/2010

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: Personne
Péché / Vertu représenté(e): Colère

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs EmptyLun 11 Juil - 13:29

NEPENTHES


Revirement.


Le retour aux Enfers fut appréciable. Retrouver sa maison, avec la chaleur, les odeurs, les bruits habituels...Ça ne pouvait que remonter le moral. Et il en avait bien besoin. De tous les humains qu'il ait eu l'occasion de rencontrer, Ellie était la seule qu'il ait jamais apprécié. Et s'il avait eu le choix, il ne l'aurait pas tuée. Une simple négligence de sa part l'avait conduit à tuer la personne qui avait été la plus proche de lui à ce jour. Oh bien sûr, il aurait pu employer d'autres méthodes comme l'empoisonnement. Seulement il était prêt à parier qu'ayant des gênes d'immortels, le bébé aurait mieux survécu au choc que sa mère. Attendre la naissance pour liquider le petit à peine sorti du ventre accueillant d'Elizabeth ? Il savait qu'elle ne le lui aurait jamais pardonné. Il préférait encore la voir mourir que de la voir le haïr. Il n'avait rien trouvé de mieux. Il n'envisageait pas de simplement abandonner le gamin. Il fallait le tuer, c'est tout. Il savait aussi que même s'il avait voulu expliquer ses raisons à Elizabeth, elle l'aurait traité d'abruti fini en gardant l'enfant pour lui prouver le contraire. Il la connaissait bien.

Même s'il fallait avouer que tout ceci était sa faute. Il n'avait jamais envisagé qu'une partie de jambes en l'air avec sa protégée pouvait être aussi intense, d'autant plus que l'attente avait encore aiguisé son désir. La force des sensations l'avaient tellement surpris qu'il avait oublié les précautions élémentaires. Il avait suffi d'une seule fois. Par la suite il avait toujours fait attention, mais le mal était fait. Il avait fini par entendre le cœur battre tout bas dans le ventre d'Elizabeth. Il avait envisagé toutes les possibilités qui s'offraient à lui. Il n'avait rien trouvé de mieux que la mise à mort.

Son premier réflexe en revenant aux Enfers, outre de repasser des vêtements, avait été de filer au Schéol pour voir les âmes damnées. Si jamais Ellie si trouvait, il l'en sortirait. Il chercha de longues journées. Mais il s'avéra qu'elle n'avait finalement pas le cœur assez mauvais pour tomber aux Enfers. Ça ne l'étonnait pas. Elle lui avait paru si pure quand il l'avait vu la toute première fois. Elle avait longtemps résisté à son charme, avait toujours empêché qu'il fasse de grosses bêtises en lui imposant des règles strictes qu'il avait suivies assez docilement d'ailleurs. Il faut dire que quand on s'opposait à lui, il adorait ça. En y regardant bien, il ne vit pas non plus son tout premier protégé. Il n'avait même pas pris la peine de vérifier où il avait atterri. Mais lui aussi lui avait semblé être assez pieu et bon. C'était un comble, il n'avait que de bonnes âmes en guise de protégés. C'était à se demander qui on cherchait à changer, lui ou eux ? En tout cas, il se sentait à la fois soulagé et jaloux de ne pas la voir ici bas. Elle lui avait posé tant de questions qu'il aurait voulu lui montrer son monde à lui. Et il ne supportait pas qu'elle se retrouve avec tous ces oiseaux de malheur qui ne cesseraient de lui chanter des cantiques.

Il resta reclus un bon moment. Une paire d'années au moins où il n'approchait personne et ne laissait personne l'approcher. Puis il reprit ses activités habituelles : hurlements de colère, sexe pour se changer les idées, fiesta endiablées durant lesquelles ils se bourraient la gueule et mangeaient comme des porcs. Rien de mieux pour oublier une peine de cœur que de passer par tous les extrêmes. Une cinquantaine d'années passèrent ainsi. Elizabeth ne le torturait guère plus et il préférait prendre du plaisir là où il y en avait. Il prenait toujours soin de ne pas se trouver là où Sedirah se trouvait. Qu'importe sa rancœur et sa haine, il n'était pas de taille face à ce monstre. Le Démon avait plusieurs centaines d'années d'expérience de plus que lui. Il était plus robuste et plus fort. Il ne pourrait pas se venger facilement. Il l'avait déjà aperçu de temps à autre et avait pris soin de se cacher ou de fuir à toute allure. Celui-ci avait déjà dû l'oublier depuis un moment. Il retenait sans doute captif un autre jeune Démon qu'il prenait en saillie quand l'envie lui chantait.

Une autre cinquantaine d'années passèrent. Népenthès n'était jamais remonté sur Terre depuis la mort d'Elizabeth. Toutefois, il savait pertinemment qu'il finirait par devoir y retourner. Il espéra pendant qu'il était pris dans les Limbes brumeux que cet humain soit à la hauteur d'Ellie. Qu'il ait le mérite d'être un tant soit peu intéressant pour le déranger. Quelle ne fut pas sa déception.

Ce Pacte ne méritait même pas qu'il en parle. C'était tellement pathétique. Il avait atterri aux Etats-Unis, en 1972. Près d'un siècle après sa dernière visite. Autant dire que plus rien ne ressemblait à ce qu'il connaissait. Les différentes améliorations qu'il y avait eu en un siècle ? Le téléphone, la télévision, l'aviation, les voitures, le vélo, les tenues des hommes et des femmes, les armes, le langage, les coutumes, la nourriture qui variait...La guerre était passée par là, avec son lot de prouesses techniques, comme en médecine. Les bâtiments n'étaient plus de banales maisons mais ce qu'on appelait des immeubles. Les hommes avaient commencé à trafiquer : drogues, alcools, armes, argent. Fermeture des maisons closes faisant proliférer les prostituées dans la rue. Le monde semblait prendre un tournant inattendu et très intéressant. Quant à son protégé, il n'était qu'une loque parmi tant d'autres. Robert Portman, la trentaine, gras, sans hygiène, bourré et drogué presque en permanence. Il avait contracté des dettes énormes en jouant à un jeu de cartes nommé le poker. Naturellement ses détracteurs voulaient lui faire la peau, faute de récupérer leur fric. On pouvait dire que le contrat était simple et pour le coup, le Démon ne demandait rien de mieux que de le terminer dans les plus brefs délais. Cet insecte répugnant le dégoûtait et lui donnait envie de l'étriper. Cependant, il lui fallut plusieurs mois pour tuer tous ceux qui en voulaient à ce pauvre type. Dès le Pacte terminé, il se fit une joie de torturer et de réduire en charpies cette espèce de loque qui avait osé l'appeler pour une raison si futile et sans même s'en montrer digne.

Il n'arrivait pas à la cheville d'Elizabeth. Il ne méritait même pas qu'elle le regarde ou veuille l'écraser sous son talon. Une fois rentré aux Enfers, il se fit une raison. Les humains étaient rares à être dignes de l'appeler. Tous les autres n'étaient que des raclures de macadam. Sans le moindre charme, sans énergie, pâle et puants comme des poissons crevés. Il espérait qu'on lui foutrait longtemps, longtemps la paix. Qu'il puisse évacuer la colère accumulée contre l'humanité. Son prochain protégé n'avait pas intérêt à lui faire perdre son temps. Toutefois, il se rendit au Schéol où il retrouva sans grande surprise son dernier protégé en proie à son Enfer personnel. Il se permit de l'observer de longs jours à hurler de terreur, se tortillant comme une grosse larve pour échapper à ce qui le poursuivrait toujours. Ça avait eu au moins le mérite de l'amuser. Il put reprendre son train-train habituel par la suite, profitant de tous les plaisirs de la vie sans crainte d'en subir le contrecoup. Ne restait plus à lui d'attendre qu'un autre imbécile l'appelle encore. Les paris étaient ouverts : insecte ou digne d'intérêt ?
Revenir en haut Aller en bas
http://antre-de-thess.blogspot.com/
Contenu sponsorisé




Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty
MessageSujet: Re: Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs   Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Népenthès [Guide chronologique des RP] et souvenirs

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

 Sujets similaires

-
» Népenthès
» Guide du nouvel arrivant
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Liaisons Dangereuses :: Au Commencement :: La Salle de Presse :: Journaux Intimes-