Liaisons Dangereuses
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 Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille

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Eliel

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MessageSujet: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyLun 26 Sep - 8:29

Ancre.

L’obscurité d’un regard coula vers la créature flamboyante qui s’escrimait depuis une petite heure à dédicacer son dernier ouvrage, souriant, plaisantant, aimable. En un mot plein d’une vie débordante et d’une énergie farouche qui semblait ne jamais connaître d’aplat, véritable pendule en mouvement perpétuel. L’expression du visage resta serein, calme, même lorsqu’une fangirl un peu plus entreprenante que les autres tenta de soutirer l’adresse de l’auteur sous le précepte fallacieux de venir voir son environnement de travail. Mal lui en pris à la donzelle qui se vit proprement écartée, bien qu’avec une grâce un peu austère et rigide. Le Gardien ne laissait personne accéder à leur refuge, personne. Mexico était suffisamment truffée de Chasseurs pour que cette apparence innocente, ses grands yeux blessés d’avoir été éconduite cachent et dissimulent un tout autre visage. La jeune humaine tenta de protester mais le regard d’un noir sans fond paru la déstabiliser suffisamment pour qu’elle renonce, cette fois.

Il reprit sa position initiale, les avant-bras légèrement croisés sur sa poitrine ; l’acier de ses canons d’avant-bras obligeamment tourné vers l’extérieur, mince protection pour ce qui passait pour un vulgaire cosplay. Cosplay ! Son vêtement intissé de fils d’acier des limbes, meilleur des pare-balles que la Terre ait jamais porté. Cosplay ! Ses lames, ces fragments de lui qui se lamentaient chaque jour de leur Déchéance… Cosplay finalement, habile costume, que ses six ailes aussi noires que la nuit. L’être ne soupira pas, son visage ne trahit aucun dépit mais son cœur se serra en silence.

Cosplay.

Triste tout de même, d’en être réduit à de pareilles extrémités… Au moins avait-il la paix avec la plupart des mortels si cela ne trompait pas les siens ni les rares Exécuteurs qui pouvaient s’intéresser à lui. Cela faisait déjà douze ans qu’ils vivaient à Mexico ; douze ans qu’il avait été voir un autre Déchu, qu’il haïssait aussi bien pour sa traitrise même que parce qu’il n’avait pas eu d’autre choix que de signer une trêve pour assurer la protection de son protégé et avoir, de son côté, les mains un peu plus libre pour poursuivre ses recherches.

Un Nom.

Un nom véritable, voilà la seule chose qu’il lui manquait et pourtant c’était après le temps qu’il courait pour le moment. Un vague sentiment d’urgence l’étreignit, sans que cela se reflète dans son expression ; d’un bras ferme il repoussa deux hommes dont les mains s’approchaient un peu trop de l’auteur à son goût, un regard tranquille venant appuyer son geste. L’éclat d’une lame brilla dans le bref laps de temps ; l’aura de l’immortel pulsa, une unique fois. L’homme eut un rictus mauvais mais n’insista pas. Trop de témoins sans doute, mais quelque chose dans le regard de l’humain avait un arrière-goût d’au revoir et non d’adieu qui lui était adressé, à lui et non au Nephilim dont il avait la garde. La circonspection ne s’afficha pas sur son visage bien que cette constatation le laissa pour le moins perplexe : son accord n’avait jusqu’alors jamais été mis en défaut. Il se tenait tranquille – quelle raison aurait-il eu de faire des vagues, lui qui soupirait après le Paradis Perdu ? – ce qui aurait dû leur assurer la tranquillité qu’il avait achetée.

Il suivit le repli stratégique de l’Exécuteur (?) du regard puis retourna à sa veille silencieuse en se demandant ce qui avait bien pu changer dans l’équation, se promettant silencieusement d’aller enquêter une fois Eleonore en sécurité à l’appartement. La patience de l’immortel était proverbiale, mais jouer les gardes du corps déguisés en héro de roman pour midinettes fleur-bleues avait tendance à user sa patience et il vit arriver la fin de la séance de dédicace – pourtant son protégé n’était pas orgueilleux, quel besoin avait-il de se faire papouiller l’ego par ces humains ?! – avec un soulagement très bien dissimulé, mais qui n’aurait très certainement pas trompé Leo qui connaissait bien l’amour fou qu’éprouvait son Déchu pour tout ce qui avait trait à une quelconque tentative de sociabilisation.

Le retour à l’appartement fut donc accueilli avec un plaisir évident bien qu’absolument non retranscrit sur l’expression faciale de la créature, qui restait neutre et tranquille. Comme toujours, les six ailes noires jaillirent dans son dos lorsque la porte se referma sur eux.

— Assieds-toi Nephilim, il faut que nous parlions.

Il attendit qu’il s’exécute et trouve refuge dans son fauteuil favori, armé de son carnet et de son crayon qui ne le quittaient que très rarement. Les grandes ailes se replièrent contre son échine alors qu’il prenait place pour sa part sur la table basse, les mains posées sur les genoux, le dos droit, vigilant même à l’intérieur de leur sanctuaire.

— Sais-tu ce qui se passe en ce moment, pourquoi la terre tremble et que mes semblables envahissent de plus en plus cette ville ?

Ils n’avaient jamais vraiment discutés de l’Apocalypse. Il paraissait qu’il valait mieux tard que jamais, autant vérifier la véracité de cet adage…
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Eleonore Langlois

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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyLun 26 Sep - 22:52

Dire qu’Eleonore ne s’amusait pas aurait été mensonger, mais dire qu’il avait tout organisé pour placer Eliel dans cette situation embarrassante était loin de la vérité. Certes, le narrateur de ses ridicules romans à la rose et l’ancien Séraphin se ressemblaient de manière troublante, mais ce n’était pas pour autant que l’auteur voulait que le second imite le premier, bien au contraire. A choisir, il aurait préféré que son protecteur renonce à porter ses vêtements des Limbes et ses armes gémissantes dans les rues, au profit d’une tenue plus anonyme. Un tel déguisement n’aurait sans doute pas trompé les autres immortels, ni les Exécuteurs qui traînaient leurs guêtres à Mexico, mais il n’aurait pas fait jaser les mortels, au moins, au risque que les informations remontent jusqu’à leurs ennemis. Eleonore avait un peu protesté, pour la forme plutôt qu’autre chose, puis avait laissé tomber ; en partie par flemme, et en partie parce qu’il faisait confiance à Eliel. Surtout parce qu’il faisait confiance à Eliel, en fait. Ils étaient ensemble depuis cent-soixante ans, et le nephilim n’avait jamais pâti des excentricités du Déchu. Jusque là.

Il savait que les Exécuteurs rôdaient, de plus en plus près d’eux et des autres ressortissants des Cieux et des Enfers, mais il ne parvenait pas à avoir peur. Il se fondait parfaitement dans la masse, sans compter sa peau pâle et ses cheveux d’un blond cuivré, qui tranchaient avec le teint mat et les cheveux noirs des autochtones ; et son aura ne se déployait jamais involontairement. Il savait que d’autres signes, plus subtils, pouvaient attirer l’attention de chasseurs, mais il se sentait plutôt en sécurité. Si Eliel ne l’avait pas accompagné à la séance de dédicaces, il y serait allé seul, sans la moindre appréhension, en dépit des risques encourus. Même s’il se gardait bien d’offrir de telles théories à son gardien, Eleonore estimait qu’il avait plus de chances d’être fauché par une voiture en traversant la rue que d’être épinglé par un ennemi plus zélé que les autres. La présence d’Eliel était rassurante, néanmoins. Et ne diminuait en rien le plaisir que les autographes lui procuraient, bien au contraire ; rares étaient les hommes qui pouvaient se targuer d’être Humbles, et Leo ne faisait pas partie du nombre. Il appréciait que les autres flattent un peu son ego. La contrariété du Déchu était une sorte de cerise sur le gâteau. Eliel n’avait pas oublié qu’il était un Ange de la Tempérance, naguère, et Eleonore se donnait beaucoup de mal pour en tirer autre chose qu’une froide indifférence. Un sentiment négatif, c’était un sentiment tout de même.

S’il se sentit menacé par les deux hommes qu’Eliel écarta, il n’en montra rien. Son sourire ne s’altéra même pas. Autant pour les statistiques, pensait-il. Mais comme rien de grave n’était arrivé, il pouvait continuer à distribuer des œillades charmeuses aux jeunes femmes, en attendant que la séance touche à sa fin. Il fallait plus que ça pour le troubler, bien plus pour l’obliger à être sérieux, et infiniment plus pour lui faire peur. C’était de l’inconscience, il le savait bien. Mais au moins, grâce à elle, il appréciait la vie qu’il vivait. Jusque là.

Il ne cacha pas son soulagement, lui, quand il put enfin regagner ses pénates. C’était très agréable d’être caressé dans le sens du poil, mais c’était comme tout ; quand ça s’éternisait, Eleonore s’ennuyait. Il appréciait beaucoup leur logement, par ailleurs, et aurait sans doute laissé échapper un soupir satisfait, sur le seuil de l’appartement, si Eliel ne s’était pas adressé à lui. Curieux, mais pas plus inquiet que ça, il rafla son carnet à idées et son crayon sur la table, avant d’aller s’installer dans son fauteuil, les deux jambes sur l’accoudoir, comme de coutume.

"Je suppose que ça chauffe, des deux côtés. Ils font confiance au calendrier maya ?"


Il se redressa davantage, pour pouvoir regarder le Déchu bien en face. Une lueur joueuse dansait dans son œil, mais c’était le regard qu’il avait par défaut ; cette flamme ne voulait pas dire qu’il n’écoutait pas son protecteur avec attention.

"Ils préparent un grand bouleversement ?"

Il n’était ange qu’à demi, mais il savait bien, sentait bien, qu’il se passait quelque chose. Et il n’ignorait pas que Mexico était un théâtre idéal pour les acteurs des deux camps ; c’était pour cette raison qu’Eliel et lui avaient quitté la France, après tout.

Et... ?
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Eliel

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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyMar 4 Oct - 13:47

L’ancien Tempéré ne quitta pas son protégé du regard ; le noir éteint plongé dans le noisette pétillant et vivant. Comme toujours, un écho ténu, une résonnance, bougea quelque chose dans ce grand corps à l’immobilité austère, bien que cela ne soit pas retranscrit sur les traits impassibles de son visage. Presque cent soixante années, presque trois vies d’hommes mais qui ne représentaient pour lui dont l’origine remontait d’avant la Genèse qu’une poignée de secondes, à peine. Trop peu pour s’habituer à sa nouvelle condition qu’il n’acceptait de toute façon pas et contre laquelle il se révoltait dans le silence de son âme et dans chacun de ses faits et gestes qui restaient empreint de sa retenue toute angélique. Parfois il était en proie à des émotions, l’apanage des démons, mais il les étouffait toujours avec le plus grand soin ; déchu peut-être mais il n’avait pas renoncé à son sacerdoce et comptait rester digne en poursuivant son Œuvre des splendeurs perdues du Paradis.

Perdues à jamais…

Il ne soupira pas. Il ne soupirait jamais ou presque, la créature demi-ange en face de lui étant parfois en mesure de lui extorquer un de ces rares signes extérieurs de son désarroi intérieur. Cette fois là il se contenta de se redresser, le dos tenu plus droit si c’était encore possible et de le considérer avec une pointe de… reproche ? dans le regard. Ou de dépit.

— Les mayas n’ont rien à voir là dedans. Vous mortels aimez trouver des explications ésotériques là où il n’y a qu’une simple contrainte de matériel et d’intérêt. Dieu seul sait quand viendra le jour du Jugement Dernier, et Ses Desseins ne sont très certainement pas gravés dans la pierre ni transmit à de pseudos éclairés primitifs.

C’était quelque chose de hautement irritant – toute mesure faite, il restait un ancien Tempéré – que l’arrogance des hommes ; comme si eux, créatures à l’intelligence aussi développée que celle d’une fourmi à leur niveau étaient en mesure d’appréhender les Mystères de Dieu. Il se défit de son début d’agacement ; il connaissait suffisamment son protégé pour savoir qu’il n’avait pas cherché à le froisser, que sa démarche était une simple… accroche ? Boutade ? Quelque chose pour relativiser voire essayer d’obtenir des informations supplémentaires. Le Nephilim était une créature curieuse. Très curieuse.

Il fronça imperceptiblement les sourcils.

Joueuse aussi s’il se fiait à l’éclat qui dansa dans son regard. Le Déchu savait qu’il dissimulait ses doutes et ses craintes sous des abords nonchalants et détachés à la manière du félin lascif dont il était l’incarnation mais cela ne l’empêcha pas d’émettre un léger ‘Kss’ réprobateur. L’heure était grave, il aurait apprécié un peu de sérieux pour changer, mais ne s’en formalisa pas davantage. C’était inutile.

Il hocha donc simplement de la tête, le reflet d’or chaud se déplaçant dans sa chevelure cuivrée sous les jeux d’ombre et de lumière.

— L’Apocalypse est sur nous.

Certains enrobaient leurs révélations pour aider à faire passer la pilule ; le grand Déchu était un guerrier pas un orateur. Ses discours il les réservait autrefois pour galvaniser les armées célestes avant de les précipiter à sa suite dans la tourmente des combats à la Grande Médiane. Il laissa au demi-sang le temps de digérer ce qu’il venait de dire, son regard lui intimant néanmoins l’ordre de le pas l’interrompre.

— Les trois tremblements de terre que la ville a subie ne sont que les prémices ; toi qui n’as jamais été dans les limbes ne pouvais pas le reconnaitre mais à chaque fois, l’atmosphère terrestre s’est teintée de l’odeur de la Grande Médiane.

Comme il lui avait déjà expliqué la place et l’importance de cette strate des limbes il ne prit pas la peine de développer plus avant. Il se souviendrait sans doute, ou pas, que l’atmosphère des limbes n’était absolument pas viable pour les simples humains et peut-être ferait-il le lien avec les nombreux cas d’empoisonnement qui engorgeaient les hôpitaux de la ville et des environs.

— Comprends-tu ce que cela signifie Nephilim ?
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Eleonore Langlois

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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyMar 4 Oct - 23:18

Eleonore savait que le sujet était très sérieux. Il n’était pas stupide, même s’il faisait parfois mine de l’être ; et même s’il l’avait été, le ton d’Eliel en disait plus qu’un long discours. Le Nephilim sentait que son protecteur s’apprêtait à lui livrer des nouvelles sombres et des informations précieuses. Il se doutait que sa vie pouvait être bouleversée par les mots qui franchiraient les lèvres du Déchu. Etait-ce un crime s’il ne parvenait pas à avoir peur malgré cette certitude ? Si la mine impassible du démon et ses critiques sur la créativité des hommes (c’était tellement plus original et amusant de voir l’Apocalypse là où l’immortel ne voyait qu’une pénurie de matériel, pourtant !) faisaient pétiller ses yeux et frémir ses lèvres ? Il prit sur lui ; il savait que son gardien n’apprécierait pas qu’il se montre trop joyeux alors que l’heure était si grave. Il pinça ses lèvres pour être sûr qu’elles garderaient un pli neutre et fronça légèrement les sourcils, l’air concentré. Il n’avait pas besoin de feindre l’intérêt, par contre, et écouta la suite avec attention, en faisant rouler le crayon d’une phalange à l’autre, sans le regarder.

Il coinça l’objet entre son majeur et son index quand Eliel annonça que l’Apocalypse était là. Mince. Les Mayas ne s’étaient trompés que d’un an, finalement ! Un peu choqué, le Nephilim battit des cils deux ou trois fois, peut-être une fois de plus, en essayant de faire le tri dans ses pensées. Il avait glané suffisamment d’informations sur les immortels, et passé suffisamment de temps auprès d’Eliel, pour savoir que les deux puissances préparaient de grands changements ; mais apprendre que l’Apocalypse et ses cavaliers étaient à la porte, prêts à mener une ultime charge sur le monde, c’était tout à fait autre chose !

Il était encore en train de faire le point sur ses sentiments lorsque son protecteur développa son idée. Eleonore hocha la tête. Il faisait le lien avec les empoisonnements, oui, et il avait senti les changements dans l’air, même si lui-même n’avait pas été affecté par la modification de l’atmosphère. Si c’était les prémices, qu’est-ce qui les attendait, maintenant ? Est-ce que les Limbes allaient engloutir le monde terrestre, est-ce qu’un tremblement de terre gigantesque allait transformer la civilisation humaine en champ de ruines, comme le pensaient certains scénaristes américains ?

Il ne répondit pas immédiatement à la question d’Eliel. Il fit à nouveau tourner le crayon autour des articulations de ses doigts, les sourcils froncés, l’air pensif, mais pas plus effrayé que ça. Sous son crâne, cent questions stupides disputaient le terrain à un million de pensées excitées et inquiètes. Il se demanda s’il avait peur de disparaître et conclut que non. Il avait eu le temps de voir pas mal de choses en deux centaines d’années, et ne faisait pas partie de ceux qui couraient après les expériences, pleurant pour celles qui leur échappaient au détriment de celles qu’ils avaient vécues.

"Je vais répondre ‘non’, par prudence" répondit-il après un moment de silence, d’une voix calme.

Il se redressa pour de bon, de telle sorte qu’il se retrouva correctement assis dans le fauteuil. Il enchaîna immédiatement :

"Je sais que les gens de mon espèce sont indésirables, tout comme le sont les djinns et les dragons, mais nous ne sommes pas sensibles à l’air de la Grande Médiane. Si... les Cieux ou les Enfers comptent faire le ménage, une série de tremblements de terre identiques à ceux qui nous ont déjà secoués ne suffira pas. Alors, à quoi doit-on s’attendre ? Est-ce qu’on va tous y rester, ou existe-t-il encore une chance de salut ?" demanda-t-il, à moitié penché en avant, les coudes sur les genoux.
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Eliel

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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyJeu 13 Oct - 13:27

La prudence.

Le regard sombre, éteint, scruta le visage du demi-sang qui lui faisait face comme s’il cherchait à lire au-delà des mots, percer les mystères de cet esprit brouillon et irrationnel qui parvenait si souvent par son manque de rigueur cognitive, à le désarçonner. L’examen dura quelques battements de cœur d’hybride puis le Déchu sembla juger qu’il était relativement sincère dans son approche et n’était pas en train d’inventer une façon inédite de se moquer de lui sans en avoir l’air. Son noble front, jusqu’alors barré d’un mince pli, retrouva sa perfection irréelle.

Il l’écouta parler, tâchant de dégager une logique dans le raisonnement qui ressemblait à une récitation scolaire, comme si le petit roux cherchait à se rassurer en s’arrimant solidement à ses minces bases de savoir. L’incertitude pouvait produire ce genre d’effet ; certains se raccrochaient à leurs certitudes, d’autres à leurs proches, les plus pitoyables se contentant de se rouler en boule et de se lamenter sur le sort qui s’acharnait sur eux.

Faibles.

La terre tressaillit à l’instant même où cette pensée se formulait dans son esprit.

Sur le qui-vive, l’ancien Séraphin se redressa de toute sa taille, ailes largement déployées dans son dos, éventail sombre aux arrêtes d’un cuivre étincelant. Son regard, jusqu’alors vide était désormais habité, hanté d’une lueur presque sauvage. Une longue fraction de seconde plus tard le sol sous leurs pieds tressauta de nouveau, arrachant une plainte à l’édifice qui se tordit et gémit sur ses bases, avant de s’immobiliser.

Le monde sembla s’arrêter et se taire, comme un grand animal à la respiration figée, aux abois.

L’ange Déchu n’attendit pas plus longtemps ; dans un mouvement flou, trop rapide pour que même l’œil hybride l’appréhende il fondit sur son pactisan et l’enferma dans l’étau de ses bras, s’arrachant au sol d’une impulsion de ses grandes ailes sombres, les projetant tous deux par la double fenêtre toujours ouverte.

Alors le monde se tordit de nouveau, se convulsa tout autour d’eux, en dessous d’eux dans une plainte de mille voix, humaines, machines, bâtiments confondus tandis qu’il se soulevait de toute part en ondes torturées comme s’il cherchait à se débarrasser des entraves imposées par la main de l’Homme. Violence, douleur, panique, confusion. Les immeubles s’écroulaient, fauchés sur leurs bases, alors que la fragrance insidieuse et mortelle des Limbes et de la Grande Médiane se distillait dans l’air.

Une inspiration.
Une expiration.

Eliel ferma les yeux. Le tumulte autour de lui ne l’atteignait pas ; il restait conscient que Mexico était en train de subir un nouveau tremblement de terre, prémices de l’Apocalypse tout comme il restait conscient du corps tiède qu’il gardait dans ses bras, une de ses trois paires d’ailes repliées par-dessus son petit corps, mais son esprit était ailleurs.

Il rouvrit les yeux et se noya tout entier dans la contemplation des troupes célestes aux prises avec les armées démoniaques, fantômes presque tangibles qui s’escrimaient avec une féroce détermination en contrebas, ignorants de l’agonie de la terre tout autour d’eux. Deux réalités, deux espaces temps qui semblaient vouloir fusionner. Mais vu la réaction de la Création de Dieu il était évident que cette union n’était pas sans douleur et qu’elle cherchait à s’en défaire, à grands coups de reins et de lamentations funèbres.

Une autre lamentation s’éleva, cette fois du fourreau entre les larges omoplates de l’immortel, qui sentit son cœur sombrer ; il se languissait toujours du chant des combats, de Lui. Son regard de nouveau éteint se leva vers les Cieux, conscient qu’Il ne pouvait le voir quant bien même qu’aurait-Il souhaité. Alors, avec cette impassibilité si déroutante, l’ancien Tempéré reprit le cours de leur discussion, comme si le monde n’était pas à l’agonie autour d’eux et que des combats d’un autre n’étaient pas en train de se dérouler sous eux.

— Des groupes se forment pour s’opposer à Sa Volonté.

Aucun reproche dans la voix qui demeurait calme, égale. Le Nephilim pourrait l’entendre en dépit des cris de souffrance omniprésents de par la profonde vibration du torse contre lequel il était étroitement maintenu si ses oreilles n’étaient pas en mesure de percevoir sa voix propre.

— Volonté à laquelle ne je compte pas m’opposer Nephilim.
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Eleonore Langlois

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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptySam 15 Oct - 20:41

Eleonore avait des gestes plus rapides et plus précis que la plupart des hommes, mais les capacités d’Eliel dépassaient les siennes de très loin. Quand une nouvelle secousse tellurique secoua Mexico, le Nephilim eut à peine le temps de comprendre ce qu’il se passait, et de lâcher ses notes, avant que les plumes noires de son Déchu envahissent complètement son champ de vision. Il ne comprit pas immédiatement ce qui lui arrivait, mais l’étreinte de l’immortel et sa chaleur, si familières, rimaient avec la sécurité. Il ne paniqua pas. Il s’accrocha à son gardien, à ses vêtements ternes, à son cou, une joue pressée contre son torse, les yeux fermés. Il n’y avait rien à voir, de toutes façons. Ce n’était pas la première fois qu’Eliel l’attrapait de cette manière, et il le recouvrait presque toujours d’une aile, d’une de ses splendides ailes frangées de cuivre, si bien que l’hybride ne voyait rien d’autre. Son ouïe n’était pas épargnée, par contre. Il entendait clairement le chaos en contrebas, les cris de la Terre et ceux de Mexico, les immeubles qui craquaient et les hommes qui hurlaient. Ces sons se mêlaient en un abominable fracas. Et sous sa joue, séparé de lui par un peu de tissu, un peu de chair, un peu d’os, battait le cœur d’Eliel.

Il gardait les yeux fermés. Il entendit les lamentations, qui auraient pu être celles d’Eliel – et qui l’étaient, d’une certaine façon. Il frissonna. Celles-ci lui semblaient plus effrayantes que les autres, sans doute à cause de leur proximité. Mais comme les bras du Déchu enlaçaient toujours son corps, comme il devinait toujours ses plumes sur sa nuque, comme il pouvait sentir la chaude odeur de la créature à chaque inspiration, il ne céda pas à la peur. Il se sentait détaché, loin de tout, physiquement et mentalement. L’Apocalypse était autour d’eux mais une part de lui ne se sentait pas concerné. Il sentit la voix d’Eliel vibrer contre sa joue avant d’entendre ses mots. Le Déchu parlait de Sa volonté, avec des S majuscules dans la voix ; la volonté de Dieu, autrement dit. Dieu qui était toujours Lui, avec un L majuscule, dans les discours et dans la tête d’Eliel. C’était donc Lui qui avait ordonné l’Apocalyspe. Après un bref instant de réflexion, Eleonore décréta qu’il s’en foutait. Que le responsable de ce bazar soit Dieu ou le Diable ne changeait finalement pas grand-chose au problème, à son échelle.

"Surprenant"
fut le premier commentaire d’Eleonore, lorsqu’Eliel annonça qu’il ne s’y opposerait pas. Eliel marchant silencieusement dans l’ombre de Dieu – aussi silencieusement que le lui permettaient ses lames dépressives, tout du moins – c’était inimaginable, vraiment. Lui qui était si dévoué à la cause des Enfers.

Le Nephilim souffla par le nez, s’accordant un bref instant pour rassembler ses idées, alors que les gémissements de l’épée lui vrillaient le crâne. C’était insupportable. Même après un siècle et demi de pacte, il ne s’y faisait pas. Il avait horreur de l’entendre.

"Je suppose que les hybrides ont leur place sur Son tableau de chasse" lâcha Eleonore, préoccupé, un peu grinçant. "Je dois comprendre que tu ne vas pas essayer de me garder en vie ? Que c’est terminé pour moi ?"

Il n’avait pas spécialement peur de mourir. Il n’y pensait jamais. Il avait déjà vécu bien plus longtemps que le plus vieux des hommes, et n’était pas de ceux qui couraient après les expériences. S’il devait mourir maintenant, ou dans quelques jours, ce serait sans regrets particuliers. Rester en vie lui semblait naturellement préférable, mais...

Quelque chose le chatouillait, tout de même. Quelque chose l’agaçait dans les propos calmes d’Eliel. Peut-être le fait que son Déchu ne soit pas arrivé au bout de la tâche qui lui était confié. Quoique. C’était peut-être autre chose.

Ha !

"Arrête de m’appeler Nephilim"

Oui, parce que bon, même si son prénom était ridicule, il le préférait tout de même au terme générique.
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Eliel

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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptySam 29 Oct - 15:28

L’immortel ne prit pas la peine de répondre à la dernière remarque de son protégé, comme si elle ne revêtait aucune importance ou qu’elle se perdait dans la vacuité du chaos qui les entourait. Le regard se leva de nouveau vers les Cieux dont il était séparé par plus qu’une simple chape de pollution, une douleur insondable se noyant dans ce regard terne où la flamme avait été arrachée par la force, puis précipitée dans l’étang de feu des Enfers où elle s’y était racornie, tordue pour finalement s’éteindre. Il aurait pu rester absorbé de la sorte indéfiniment ; jusqu’à ce que les tressautements torturés de la Terre se meurent ou s’apaisent mais il reporta son regard sur le petit être qu’il maintenait embrassé dans l’écrin de ses ailes. Une expression indéchiffrable, aussi fugace qu’un tremblotement à la surface d’un lac tranquille passa sur son visage avant qu’il ne l’incline légèrement sur la gauche, pour finir par ce geste de dénégation universel ou presque.

— Toute Sa Création est amenée à être jugée, ce qu’Il compte faire des demi-sang tels que toi n’est pas porté à ma connaissance Nephilim.

Chez d’autres, le maintien de l’épithète aurait pu passer pour une provocation. Mais Eliel ne s’abaissait jamais à ce genre de procédés avec la petite créature rousse et agitée qui l’avait lié et sur qui il veillait jalousement depuis deux vies de fils et de filles d’Adam et d’Eve.

D’un battement d’ailes il se mit hors de portée d’un pilonne déraciné par une secousse plus violente que les autres et ne fit absolument rien pour éviter qu’il ne s’écrase sur la façade lézardée de leur immeuble. Un craquement sinistre, et l’apex électronique défonçait le flanc de la grande créature façonnée par les hommes, la traversant de part en part comme un matador condamne le taurillon essoufflé en lui offrant le repos de sa lame miséricordieuse. Les plaintes lancinantes de l’épée de feu se turent peu à peu à mesure que la concentration du Déchu se détachait des combats et des Cieux pour se concentrer sur les menaces immédiates ; si leur immeuble était momentanément stabilisé au niveau du second étage tel une immense olive– ou un croustibat gigantesque pour rester dans le carré – au bout d’un pic à apéritif il n’en restait pas moins dangereux pour le Nephilim.

Un nouveau battement d’ailes et il s’éloignait pour de bon de la zone sinistrée, comptant sur la panique générale pour dissimuler aux yeux des hommes sa grande forme grise et noire qui les survolait en se désintéressant de leur sort. Lorsqu’enfin la longue agonie vint à son terme dans un râle de roches et de végétation – métallique ou non – Eliel avait achevé de décrire des cercles pour évaluer l’ampleur de la catastrophe et s’était posé avec prudence sur le toit de leur logement, évaluant sa solidité tout en gardant ses ailes à demi déployées, prêt à s’envoler au premier signe d’effondrement.

Apparemment satisfait de la stabilité de leur perchoir de guingois sur son axe il permit à son protégé de quitter l’abri de ses ailes et posa sur lui un regard tranquille où il ne se lisait pas la moindre trace d’inquiétude comme si… tout était parfaitement normal. Les cris et les sirènes avaient remplacés les hurlements telluriques mais Eliel demeurait, inébranlable.

—Je veillerai sur toi jusqu’à ce que l’Ange de la Mort vienne inscrire nos noms sur le grand Livre des Âmes, mais si tu espères de moi que je m’oppose à Sa Volonté pour tenter de prolonger artificiellement ton existence, en effet, je ne le ferais pas. Car cela va à l’encontre de mes convictions.

Il inclina la tête sur le côté sans le quitter pourtant du regard.

— Néanmoins peut-être aurais-je le temps de répondre à la question que tu m’as posée il y a 160 années avant la Fin. En ces temps troubles l’ange qui t’as engendré risque d’être envoyé sur Terre lui aussi.
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Eleonore Langlois

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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyDim 6 Nov - 19:18

Eleonore vivait aux côtes d’Eliel depuis près d’un siècle et demi. Il connaissait donc bien le Déchu, mais sa manière de penser et d’agir était si éloignée de celle des mortels qu’il était souvent déconcerté par ses réactions. S’il avait eu affaire à un autre hybride ou à un homme, la répétition du nom Nephilim aurait été enregistré comme une provocation, et saluée par une riposte adaptée. Sauf qu’Eliel ne participait jamais aux jeux de ce genre. C’était un roc, inhumain, sensible à peu de choses. S’il reprenait ce nom, froidement, ce n’était pas pour faire réagir son protégé : c’était un simple témoignage de son indifférence, qui arracha un petit grognement à Eleonore. Ce qu’il pouvait être chiant. Sa réponse aussi était pénible, d’ailleurs, à un autre niveau. Contrairement à son gardien, le Nephilim ne se considérait pas comme un élément de Sa création. Il savait qu’il était un nuisible, aussi indésirable aux Enfers qu’aux Cieux, une rature, une erreur de parcours, qui avait sans doute envoyé un ange chez les démons, simplement en venant au monde. Il avait été jugé en même temps que son père, d’une certaine façon, et n’était donc pas tenu de passer devant le Dieu d’Eliel au moment de sa mort. Il n’était pas Rousseau, de toutes façons ; il ne comptait pas se présenter devant les Cavaliers de l’Apocalypse avec l’ensemble de son œuvre dans les bras, en affirmant qu’il méritait un jugement équitable.

"On meurt moins facilement que les hommes, mais on meurt tout aussi bien, si la terre qu’on a sous les pieds se dérobe" commenta simplement Eleonore, d’une voix neutre, calme.

Il resserra son étreinte. Sa question était une question de pure rhétorique, il savait très bien que les siens ne survivraient pas si le Seigneur des Cieux décidait de convoquer l’ensemble de l’humanité pour le Jugement Dernier. Ce qu’il voulait savoir, c’est si Eliel comptait le protéger et l’aider à survivre, d’une manière ou d’une autre. Ils s’étaient engagés dans un pacte de très longue durée, et le Déchu ne pouvait normalement pas le laisser mourir, sauf s’il était prêt à disparaître aussi. Quoique. L’Apocalypse était une circonstance assez exceptionnelle pour qu’Eliel soit dégagé de ses responsabilités, si son protégé venait à passer l’arme à gauche ; et puis, Eliel ne faisait pas vraiment partie des créatures qui dévoraient la vie à pleines dents. Il ne devait pas être franchement dérangé par l’idée de mourir.

Eleonore préférait se concentrer sur la chaleur et les mots d’Eliel plutôt que sur le capharnaüm en contrebas ; un frisson le secoua lorsque le Déchu se posa sur le toit de leur logement, les ramenant de ce fait dans le monde réel, encore frémissant après la secousse qu’il avait subi. Si ça n’avait tenu qu’à lui, le Nephilim serait resté dans l’écrin protecteur des ailes de son gardien, mais c’était à Eliel de décider, et Eliel ne lui laissait pas trop le choix sur ce coup-là. Bon. Tant pis. Il serait obligé de voir la vérité en face, de toutes façons, tôt ou tard.

Un éclair traversa son regard lorsque le Déchu assura qu’il ne chercherait pas à « prolonger artificiellement » son existence. Il n’exprima aucune émotion particulière, ses lèvres se serrèrent brièvement, puis revinrent à leur état normal. Comme s’il était rassuré par cette déclaration, les nuages qui assombrissaient ses yeux noisette se dissipèrent, laissant l’éclat habituel reprendre ses droits. Bien. Il allait reprendre la parole, mais Eliel lui coupa l’herbe sous le pied.

Ses yeux s’écarquillèrent. Comment... ?

Ils avaient passé 160 ans ensemble, et c’était la première fois qu’Eliel lui parlait de son père. Pour Eleonore, il était entendu, admis, que son géniteur était mort au mieux, ou déchu comme Eliel au pire. Un ange ? C’était encore un ange ? Alors qu’il avait suivi une prostituée dans une maison louche, alors qu’il s’était adonné à la Luxure, avec tant d’enthousiasme qu’un enfant avait vu le jour, c’était toujours un ange ? Quel crime avait pu commettre Eliel, alors, pour connaître la Déchéance, lui qui était toujours dévoué aux Cieux malgré ses plumes noires, lui qui vivait dans le désespoir en lorgnant avec Envie du côté de son paradis perdu ?

"Je ne te demanderai jamais d’aller contre tes convictions, tu le sais bien. Je tiens bien trop à toi pour attendre une chose pareille"

Il secoua la tête, comme pour chasser cette idée, comme si c’était accessoire. Il allait mourir, c’était avéré, et c’était sans importance. Mais...

"Je croyais que les anges pécheurs étaient punis, comment mon père pourrait être un ange ? C’est pas possible. Si toi tu ne l’es plus, il ne peut pas l’être encore. C’est impossible"

Il secoua à nouveau la tête. Il rejetait cette idée, de tout son être. Si Eliel n’était plus un ange, alors son géniteur ne méritait pas de l’être. Aucun ange ne méritait de l’être.
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyLun 7 Nov - 22:29

L’ange Déchu regarda un long moment celui sur lequel il veillait depuis de nombreuses années, recueillant les émotions qui émanaient de sa petite personne sans rien dire. Incrédulité, incompréhension, acceptation teintée de résignation… Il les accueillit toutes, la tête légèrement inclinée vers lui, grave et austère dans le soleil qui perçait au travers des rideaux de fumée dont ils étaient entourés. De sa calme stature, immuable, il parvenait à créer autour de lui une zone étroite mais tangible où le monde semblait stable alors que tout était sans dessus dessous autour d’eux qui abordaient un sujet grave, mais qui se prêtait tout à fait à ce ciel d’Apocalypse.

Il hocha de la tête pour souligner ses premières paroles, solennel.

— Je te remercie pour ta délicatesse, dit-il de cette voix neutre et sans intonation plus haute que l’autre qui ne trahissait en rien les sentiments de la grande créature.

Il se tut de nouveau ensuite, laissant le temps au tumulte ambiant de se calmer un peu et écarta les ailes, les déployant largement pour couper le vent qui balayait Eleonore. Il frissonna ; le fond de l’air était froid pour lui qui s’était beaucoup dépensé aujourd’hui, mais il musela soigneusement son malaise grandissant pour qu’il ne remonte pas jusqu’au petit nephilim au travers de leur lien. Il verrait plus tard, lorsqu’ils en auraient fini. Il l’invita à s’assoir à côté de lui, déployant une aile pour lui signifier qu’il pouvait venir se blottir contre lui s’il le désirait.

Il attendit que son protégé soit confortablement installé, repliant ses grandes ailes sur eux pour créer un écrin de chaudes plumes et reprit la parole d’une voix beaucoup trop neutre cette fois pour qu’elle soit parfaitement honnête ; il muselait sa peine avec soin mais il n’était pas en mesure de complètement étouffer le flot de tristesse et de désespoir qui tourbillonnait en lui à la simple évocation de cette époque.

— Ton père a été la victime malheureuse d’un piège et la justice de Dieu est indulgente avec ses enfants qui trébuchent malgré eux.

Aujourd’hui encore il prenait sa défense, alors que c’était cela même qui l’avait conduit à sa Chute d’une certaine façon : son refus d’obtempérer et d’obéir sans contester les ordres divins. Il ne soupira pas et tenta de museler sa peine, engueulant silencieusement son arme dont une légère plainte s’élevait de nouveau. Dénouement se tut après un instant, puis lorsque le silence retomba il reprit la parole.

— Sa mémoire a été effacée et il a été fait femme, pour qu’il ne puisse à l’avenir engendrer la vie dans le ventre d’une mortelle. C’est parce qu’il a changé de nature et donc de Nom qu’il m’est si compliqué de le retrouver car l’ange de la Justice qui répondait au nom d’Hadrièl1 et qui était ton père n’est plus.

Une légère pause, la main du déchu glissa sur le flanc du petit être, comme pour le réconforter.

— Dieu doit de nouveau avoir suffisamment confiance en lui pour l’envoyer sur terre en ses temps troublés où son épée sera la bienvenue, du moins s’il est toujours égal à lui-même de ce côté là.

Il lui suffirait de prendre contact avec un ange ou d’en capturer un le cas échéant pour obtenir son nom, puis l’amener à Eleonore pour qu’enfin il puisse contempler celui qui était à l’origine de ses jours. Le Déchu espérait qu’il en aurait le temps et l’opportunité avant la fin car il n’aimait pas laisser des tâches inachevées derrière lui. En ayant fini avec les explications il se tut et baissa la tête en écartant un peu l’aile pour pouvoir contempler son pactisan qui y était dissimulé et qui ne manquerait pas d’avoir des commentaires ou questions à formuler.
_________________
1 Hadrièl : Splendeur de Dieu
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyMer 9 Nov - 22:46

Vivre avec un ancien Tempéré en étant soi-même une boule d’énergie, capable d’exprimer et de revendiquer dix émotions à la minute, pouvait être troublant. Un des grands plaisirs d’Eleonore, de ce fait, consistait à éveiller des émotions chez Eliel, bien que de telles entreprises ne soient jamais dénuées de risques. Voir cet être magnifique et immuable changer d’expression, même si c’était infime, ou modifier son maintien, ne serait-ce qu’un instant, n’avait pas de prix. Le Nephilim ne pensait pas qu’il obtiendrait des remerciements pour sa loyauté et posa donc un regard intrigué sur le Déchu, à la recherche d’indices sur les sentiments qui l’animaient. Ses yeux se heurtèrent à un masque neutre, une fois n’était de coutume. Il ne s’en formalisa pas. Il avait été agréablement surpris par les mots de son protecteur et devinait, ou pensait deviner, ce que l’ancien Seraphin n’exprimait pas.

Une seconde plus tard, une bourrasque de vent plus violente que les autres lui arracha un frisson. Envahi par une désagréable sensation de froid malgré ses origines angéliques, il regarda Eliel étendre sa voilure avec un mélange de reconnaissance et d’admiration. Il éprouvait une véritable fascination pour les ailes du Déchu, et était toujours heureux de les voir déployées, d’autant plus quand c’était pour son confort. Quand l’ancien Serpahin l’invita à se serrer contre lui, le Nephilim ne résista et alla se blottir contre son flanc, à nouveau à l’abri du chaos et du froid. Eliel était le centre de son monde. Il aurait tout aussi bien pu tirer un rideau sur le reste de Mexico, les isolant du reste de la Terre, lorsqu’il les recouvrit de ses ailes ; Eleonore cessa immédiatement de penser à la catastrophe qui avait secoué la ville, et se concentra sur Eliel. Eliel qui parlait de l’amant d’Olympe, pour la première fois en cent-soixante ans de pacte. Ces révélations troublaient le Nephilim, bien plus qu’il ne l’aurait voulu, et il se garda bien de formuler le moindre commentaire dans un premier temps. Il était très sensible à la détresse de l’ange déchu et les plaintes de Dénouement lui arrachèrent un grincement de dents.

Il frotta doucement l’épaule d’Eliel, en un geste inutile mais irrépressible de réconfort, alors que le Déchu ponctuait ses explications d’un silence, et de ce qui ressemblait à une caresse. Encouragé par ce geste affectueux, qui le fit frémir, Eleonore leva la main jusqu’à la joue de l’immortel, pour effleurer la peau. Elle lui sembla plus fraîche qu’à l’ordinaire, ce qui l’inquiéta ; mais son attention fut presque immédiatement détournée par les paroles du Déchu. Toujours aussi troublé, préoccupé, et envahi par un inexplicable sentiment d’inconfort, le Nephilim laissa sa main retomber, sans hâte.

Il s’accorda une minute pour rassembler ses idées puis leva les yeux sur son Déchu.

"Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu as parlé d’un piège, sais-tu ce qui lui est arrivé ?"


Alors... Il avait été engendré par un Ange de la Justice. Hadrièl. Il se demanda fugitivement à quoi il ressemblait. C’était une question futile, mais Eleonore était dévoré par la curiosité. Il se demanda si les orphelins avaient le même genre de pensées vis-à-vis de leurs parents décédés ou disparus. Existait-il un semblant de ressemblance physique entre eux, ou bien avait-il tout pris du côté de sa mère, et des hommes de sa lignée ?

Comme s’il se rappelait brutalement de quelque chose, il toucha à nouveau la joue de son protecteur.

"Est-ce que tu as froid ? On devrait peut-être trouver un endroit mieux abrité pour terminer cette conversation"
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyMer 16 Nov - 20:41

Le geste de réconfort du Nephilim fut accueilli avec autant de révulsion que d’appréciation de la part de la grande créature, qui ne semblait pas en mesure de partager si son soutien en cet instant douloureux était un peu de baume sur ses plaies à vif ou si c’était une insulte à sa nature de roc immuable dressé dans la tourmente. Les muscles restèrent crispés un long moment, la grande paume figée contre le flanc tiède qu’elle flattait. Puis, doucement, la tension le quitta et ses épaules s’affaissèrent sensiblement alors qu’il cédait, et acceptait la symbolique comme le réconfort offert. Il se laissa ensuite toucher au visage, plongea son regard d’un noir sans éclat dans ces yeux que jamais ne semblait quitter l’espérance, à la recherche d’il ne savait quoi.

La main lui sembla presque chaude.
Il frissonna.

Aussi bien du froid que d’autre chose, peut être ce sentiment de perte inéluctable qu’il éprouvait depuis qu’il avait perdu ses ailes et qui revenait en bloc en évoquant ces souvenirs qui étaient aussi anciens pour les hommes que récents pour lui qui demeurait figé dans le temps, incapable d’accepter son sort et de se mettre en branle vers un destin qui n’était pas le sien et dont il ne voulait pas. En écoutant les questions successives il leva le nez vers le ciel en feu, gris du lourd bouclier de pollution qui bloquait son regard éperdu.

Père, pourquoi m’as-tu abandonné… ?

Cette même question aussi immuable que lui et à laquelle il n’obtiendrait jamais d’autre réponse que les mots qui avaient scellé son destin lors de leur procès. Son procès. Celui où il avait fait preuve d’arrogance et de colère au lieu d’être humble et d’avoir foi… Il avait été le premier à L’abandonner. Il ne soupira pas, mais ses épaules s’affaissèrent davantage lorsqu’une petite main presque chaude toucha de nouveau sa joue.

— J’ai froid, oui. Rentrons, cela semble assez stable, le colosse brisé ne tombera pas ce soir.

Parabole.

Il l’emporta de nouveau dans ses bras, le dissimulant dans l’écrin de ses ailes noires pour le bref trajet du toit de guingois jusqu’à l’appartement. L’état de celui-ci convainquit le déchu plus que les mots de son protégé qu’il n’était pas possible d’y rester ; tout était sans dessus-dessous, des gravas partout, le mobilier défoncé, rien n’avait été épargné pas même – ô joie mesquine – l’ordinateur à bêtises du Nephilim, avec il l’espérait ses dernières productions écrites mièvres. Il l’encouragea à aller se chercher quelques affaires et s’évita de constater que le colosse brisé était en sale état à défaut de tombé – une seule parabole par quart d’heure – en l’attendant.

Il les fit sortir par la même voie et s’éleva d’un rapide coup d’ailes pour s’éloigner de l’épicentre de la catastrophe pour rejoindre un motel lézardé mais qui tenait toujours sur ses fondations. Le gérant voulut augmenter les prix – crise et chambres rares obligent – le déchu l’en dissuada ; sans heurs cette fois, uniquement en usant de son don de séduction pour faire passer la pilule de ses paroles. Lorsqu’ils furent installés dans la petite chambre au style douteux aux yeux du Déchu auprès duquel pas grand-chose n’avait grâce et qu’il se fut réchauffé d’un rapide baiser, il reprit le court de la conversation comme si elle n’avait été interrompue que quelques secondes plus tôt et non deux heures.

Dehors, le ciel s’était paré des couleurs de ses ailes ; noire frangée de feu à l’horizon.

— Que sais-tu des événements qui concomitant à ta naissance, Nephilim Eleonore ?
— Je sais que j'ai été conçu le jour de la Prise de la Bastille, si c'est la question, les dates collent à merveille. Ce que je sais de l'événement en question, c'est que c'est le résultat d'une belle suite de malentendus, et je suis quasi sûr que la Colère s'en mêlé. Le peuple affamé et furieux s'est pressé aux portes de la Bastille avec des fusils pris aux Invalides, et tout ça pour finalement libérer sept pauvres fous, au lieu de la soi-disant foule enfermée par le tyran.

Il hocha de la tête.

— La Colère n’était pas seule. Nous étions quatre de part et d’autre et nos influences respectives s’annulaient tant et si bien et c’en était devenu au point que nous savions tous que si un seul d’entre nous trébuchait, l’équilibre précaire serait rompu et la France serait perdue pour l’Eglise.

Il marqua une pause, une longue pause. Puis ouvrit de nouveau ses ailes pour inviter son protégé à venir le rejoindre.

— La Chasteté n’étant pas avec nous, la Justice n’a pas pu se défaire de l’embuscade de la Luxure. Il ne m’est pas permis de juger ta mère Eleonore, mais sache qu’elle était le chasseur lancé par les murmures de la démone et Hadrièl sa proie.

Il avait été tenté lui aussi, mais la Justice avait toujours été la plus faible des vertus, celle par qui les Cieux avaient le plus offert de déchus aux Enfers dont les plus célèbres n’étaient autre que Lucifer et Méphistophélès.

— As-tu d’autres questions ?
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyMer 23 Nov - 23:55

Eleonore se doutait bien que leur appartement était ravagé, après le coup que l’immeuble avait subi ; mais il laissa Eliel le ramener à l’intérieur, sans discuter. Il était curieux de voir l’état de leur logement, et la perspective de le voir sans dessus-dessous ne l’attristait pas. En tant qu’Envieux, il désirait souvent obtenir ce que les autres avaient, mais les objets convoités perdaient rapidement leur intérêt, une fois qu’ils étaient en sa possession. Il n’était pas attaché aux biens matériels, à part, peut-être, au pendentif que sa mère lui avait laissé. Il déménageait dès que la situation se gâtait dans une ville, ou dès que ses recherches l’exigeaient, et ne s’encombrait donc pas de babioles inutiles. Tant pis pour les meubles. Tant pis pour les rares objets qu’Eliel avait dupliqués pour lui. Tant pis pour l’ordinateur, qui avait une bonne valeur matérielle mais aucune valeur sentimentale ; le Nephilim avait peu avancé dans son nouveau travail, et l’essentiel de ses idées était noté sur son carnet, qu’il retrouva sur le sol poussiéreux du salon. Tant pis pour l’appartement, même. S’il avait Eliel à ses côtés, il était chez lui, peu importaient l’endroit exact et le confort.

Il hocha simplement la tête en entendant le conseil d’Eliel, et s’exécuta, toujours sans mot dire. Ce qu’il rassembla tenait dans une grande sacoche – autrement dit, trois fois rien. Essentiellement des vêtements, auxquels il avait ajouté son carnet, ses faux papiers d’identité, son portefeuille et des crayons. Il récupéra également une veste, puis rejoignit son déchu, prêt à partir. Eliel n’avait pas répondu à sa question sur Hardièl, mais le Nephilim savait que les explications viendraient en temps et en heure. Il n’était pas rare que le déchu laisse traîner un long silence dans une conversation, et Eleonore avait fini par apprendre la patience, tant bien que mal. Autant que le permettaient son énergie débordante et sa curiosité dévorante, tout du moins.

Il se sentait un peu fatigué, une fois n’était pas de coutume, et garda le silence jusqu’à ce qu’Eliel l’invite à parler de nouveau. Il se laissa embrasser sans tenter de se dérober, offrant bien volontiers sa chaleur, puis répondit à la question sans hésiter. Le déchu lui adressa un signe de tête, qui lui sembla plutôt approbateur ; il ne devait pas avoir dit trop d’inepties, pour une fois. Ses yeux étincelèrent brièvement lorsque l’Envieux déploya à nouveau sa voilure, et il se rapprocha aussitôt de lui, pour se blottir contre son corps chaud. Eliel lui semblait toujours plus froid que d’habitude, mais c’était peut-être son inquiétude qui parlait. Il brûlait d’envie de se serrer contre lui, de lui offrir sa chaleur, son énergie, son réconfort, une maigre portion de l’Espoir qu’il portait, pour qu’ils se sentent un peu mieux tous les deux, un tout petit peu mieux... Mieux que rien.

"Ma mère a fait ce qu’elle pensait être juste, tu sais. Je ne la blâme pas, mais je comprends qu’elle ait le mauvais rôle pour pas mal de monde"

Il passa à genoux sur le matelas, pour que ses yeux soient à la hauteur de ceux d’Eliel ; et plus précisément pour ses lèvres soient au même niveau que les siennes. Il glissa une main dans ses cheveux roux, caressant la joue au passage, puis inclina la tête pour l’embrasser encore, plus longuement que la fois précédente, histoire de le réchauffer davantage. Il avait d’envie de faire du bien au déchu, estimait qu’il en avait besoin, et essayait de juguler ainsi la... frayeur qui l’envahissait.

Il était inconscient, et le savait. Très peu de choses lui faisaient peur. Il ne s’était pas effondré lorsque le déchu lui avait annoncé que le monde arrivait à sa Fin, et l’idée de mourir ne lui avait arraché aucun cri. Une des questions qui tournoyait dans son esprit lui faisait peur, par contre. Il regarda le déchu droit dans les yeux.

"J’ai deux questions, oui. Sais-tu combien de temps il nous reste, avant le coup final ?"

Sans attendre la réponse, il tendit une main vers les plumes noires d’Eliel, qu’il serra entre ses doigts, la gorge nouée. Il sentit les mots se bloquer dans sa gorge lorsqu’il tenta de les faire sortir, mais il y parvint une seconde plus tard, en insistant un peu. Il voulait connaître l’entière vérité sur cette affaire.

"... Nous ? Tu étais là, alors ?"

Ses doigts s’enfoncèrent davantage dans les plumes noires, témoins de sa détresse.

"C’est... ma faute ?"
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyJeu 24 Nov - 11:18

Les paroles d’excuses du fils pour la mère laissèrent de marbre la grande créature qui songea qu’elle avait dû rejoindre elle aussi les Enfers à sa mort. Il ne savait pas qui des anges de la Compassion ou du Supplice c’étaient déplacés pour elle et il eut presque une esquisse de rictus amer en songeant que s’Il n’avait pas décidé de mettre un terme à Sa Création, Eleonore aurait très certainement pu tenter de retrouver l’âme de sa mère aux Enfers… Il ne se sentait pas coupable de la déchéance de son lié et du triste destin qui l’attendait ; il le regarda se mettre à genoux, le visage grave. Il savait ce qu’il avait en tête ce petit bout de discorde et d’absolu qui passait sa main dans ses cheveux courts.

Il ne se déroba pas lorsque ses lèvres glissèrent sur les siennes ; il passa même sa main derrière sa nuque pour l’attirer davantage à lui, dévorant ses lèvres avec une avidité qu’il jugulait pour ne pas se laisser aller à ces pulsions impies et indignes que les Enfers avaient insinuées en lui lors de sa transformation d’Hayoth en déchu. Cette faim qui réclamait toujours plus, impérieuse et exigeante. Cette faim de corps dénudés et enlacés dans la passion et la débauche, d’étreintes brûlantes et de soupirs voluptueux sur fonds de gémissements d’extase. Ses griffes raclèrent légèrement la peau de la nuque qu’il retenait captive alors qu’il aspirait tel le vampire qu’il était devenu la force vive de la frêle créature hybride. Son autre main se leva, chercha la taille étroite pour se glisser le long de ces reins si souples qu’en une image aussi précise qu’une photographie il voyait ployer sous lui.

Un frisson descendit le long de son échine jusqu’au creux de ses reins.
Il se figea.

Aucun bruit ne passa ses lèvres, aucun soupir de dépit ou d’envie. Il relâcha les lèvres de son lié, son regard scrutant ses traits pour y rechercher les signes d’une fatigue qu’il aurait pu induire en lui prenant trop d’énergie. Il ne broncha pas lorsque la main se referma sur ses plumes sombres, mais une étincelle de contrariété passa dans son regard sans éclat, comme à chaque fois que le Nephilim prenait des libertés avec ses ailes, ces seuls témoins extérieurs de sa Déchéance. Que ce soit parce qu’il n’était pas resté assez longtemps en Bas ou parce qu’il refusait son sort il n’était presque pas marqué des stigmates des Enfers et son plumage aussi sombre et terne que ses yeux éteints était la seule marque que l’En-Bas lui avait faite, pour le moment.

Et si Dieu le voulait ce serait la seule et unique…

La détresse de son lié le frappa ensuite de plein fouet, bien plus que son emprise qui s’affermit sur son plumage. Il attrapa le poignet d’Eleonore et lui fit lâcher ses plumes, l’enlaçant étroitement en rabattant ses ailes sur lui pour lui offrir le réconfort qu’il recherchait.

— Non, oui et non, répondit-il d’une voix laconique aux non pas deux, mais trois questions du Nephilim. Non, je ne sais pas combien de temps il nous reste, oui j’étais présent moi aussi et non, ce n’est pas de ta faute Nephilim.

Il lui caressa l’échine du plat de la main à gestes lents et appliqués qui trahissaient une certaine maladresse du côté de l’ancien Tempéré qui, même après presque cent soixante années de cohabitation, n’était toujours pas très doué pour les effusions et les démonstrations qui pourtant, il le savait, étaient recherchées et appréciées par le petit rouquin qui était une créature très tactile et avide de contacts physiques.

— C’est de mon fait, je suis le seul à blâmer, acheva-t-il d’une voix tranquille, démentie par la lamentation immédiate de Dénouement qui s’éleva de dessous le lit où il l’avait rangée, à portée de sa main.

Le déchu eut un rictus et se pencha pour attraper la fautive, la tirant à moitié de son fourreau, des flammes courant aussitôt le long de son fil alors qu’il la dévisageait en fronçant très légèrement des sourcils. La lame pulsait entre ses doigts en émettant des plaintes déchirantes. Eliel plissa des yeux.

— Il suffit Dénouement, tu te donnes en spectacle, la rabroua-t-il tout en continuant à flatter son lié de l’autre main. L’épée gargouilla puis se tut, les pulsations vives se calmant doucement alors qu’il la serrait contre lui, cette autre partie de son essence.

Des bruits se faisant entendre au dehors – l’épée avait, tout comme Eliel, du coffre – l’ex-Hayoth tiqua légèrement puis la repassa sous le lit, le visage fermé.

— Je ne veux plus en parler, signala-t-il ensuite. Demain nous irons nous renseigner pour ton appartement. Apocalypse ne signifie pas que nous devons rester oisifs et nous laisser aller en attendant le jour du Jugement Dernier. J’irai trouver mes anciens supérieurs pour intégrer les Grigoris et avoir peut-être en plus de cela la possibilité de trouver ton père plus facilement.

Oui, le déchu venait de dire qu’il allait trouver les Archanges, rien que ça. Il avait réfléchi pendant qu’il le ramenait ici et avait décidé qu’à défaut de pouvoir revenir dans la lumière et la chaleur de Son Amour il lui serait fidèle jusqu’au bout, et œuvrerait en Son Nom.
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyLun 28 Nov - 21:49

A une époque, Eleonore aurait donné tout ce qu’il avait, et même ce qu’il n’avait pas, pour enflammer Eliel de ses caresses et de ses baisers. Né dans un des nids terriens de la Luxure, élevé par des femmes sans pudeur qui considéraient leur corps comme leur gagne-pain et comme une arme, le Nephilim n’avait jamais eu de problèmes avec les contacts physiques. Il trouvait parfaitement naturel d’utiliser son corps pour communiquer avec les personnes qui lui plaisaient, et dont il se sentait le plus proche. C’était une créature tactile et affectueuse, qui peignait les cheveux de ses amies de ses doigts agiles, soufflait dans les cous des gamins pour les faire rire et attrapait les épaules de ses camarades au moindre prétexte. Il distribuait les accolades, les étreintes et les bises comme d’autres distribuaient leurs sourires. Eliel avait fait les frais de cet enthousiasme, supportant avec un stoïcisme presque comique les caresses et les pinçons, l’exploration respectueuse des doigts sur son torse et les taquineries des lèvres dans son cou.

A une époque, Eleonore l’avait désiré. Il l’avait même aimé. Il aurait adoré faire naître un nouveau feu dans les yeux éteints du Déchu, lui communiquer une autre chaleur, sceller leur union avec le plus rapproché des contacts. En vain. Eliel restait un Ange, au fond, et c’était ainsi que le Nephilim le voyait à présent.

Il répondit donc à son baiser avec ardeur mais sans arrière-pensée.

Il donnait ses forces à Eliel, à travers ce baiser, mais en tirait aussi une certaine énergie, paradoxalement. Pouvoir rendre service à l’ex-Seraphin de cette manière était plaisant. Avoir un prétexte pour se serrer contre ce corps chaud et pour toucher ces lèvres si tentantes était une chance dont Eleonore ne se privait pas. Il était encore jeune, pour un hybride, et suffisamment vigoureux pour que son protecteur n’ait jamais froid. Il savait qu’une discussion particulièrement désagréable s’annonçait, et il avait vraiment besoin de la proximité d’Eliel. A côté du déchu, sous ces superbes plumes noires lisérées de cuivre, tout allait bien ; et si ça n’allait pas, c’était que les choses étaient sur le point de s’arranger.

Il avait été témoin du désespoir d’Eliel pendant cent-soixante années mais n’en avait jamais su la cause exacte. Son gardien n’avait jamais voulu répondre à ses questions, et Eleonore avait tout simplement cessé d’en parler, de guerre lasse. Il avait envisagé plusieurs pistes, mais l’idée qu’il était responsable de son état ne l’avait jamais effleuré. Cette perspective le faisait trembler des pieds à la tête. Il ne réagit pas quand son gardien l’enlaça. Une part de son être était sensible au réconfort apporté par l’immortel aux plumes noires, presque attendrissant dans sa maladresse, mais une autre restait complètement bloquée sur les mots d’Eliel, qui tournoyaient sous son crâne, encore et encore.

Il avala péniblement sa salive lorsque Dénouement vibra à leur diapason. Le Nephilim se sentit un peu mieux une fois qu’elle fut calmée, et leva à nouveau les yeux sur Eliel.

Si le déchu retrouvait son père avant l’Apocalypse, leur lien serait dénoué, et leurs sorts redeviendraient indépendants. Eleonore aurait une chance de s’en tirer, peut-être, en agissant de son côté. Il se pencha sur cette idée quelques secondes, et réalisa qu’elle ne lui inspirait qu’un intérêt poli. En un instant, le monde avait perdu de sa saveur. Une fois n’était pas de coutume, le Nephilim Eleonore Langlois, porteur inépuisable d’Espérance, était épuisé.

Il ne savait pas ce qu’étaient les Grigoris, et ne se sentait pas assez curieux pour poser des questions à leur sujet. Eliel se passait de son avis de toutes façons.

"Demain, oui" répéta-t-il, d’une voix aussi peu vivante que celle de son déchu.

Demain. Un autre jour. Pas maintenant. Là, tout de suite, Eleonore voulait simplement dormir. Il se débarrassa de ses chaussures et s’étendit sur le lit, dos au déchu, sans même prendre la peine de se glisser sous les draps.

"On verra"

Demain, il y verrait plus clair. Eliel et son père avaient été punis en même temps, de deux manières différentes ; la coïncidence était beaucoup trop forte pour qu’Eleonore ne se sente pas responsable de l’état lamentable de son déchu, et nauséeux à cette idée. Il ferma les yeux.

"A demain, Eliel"

Demain. Parce qu’Eliel ne dormait jamais. Ne mangeait pas, ne buvait pas, ne voulait pas de son corps ni de son soutien. Il se laissa sombrer.
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyMar 29 Nov - 13:35

Comme chaque soir depuis près de cent années, le grand corps d’Eliel vint se lover contre celui plus petit, beaucoup plus petit d’Eleonore, trois grandes ailes lourdes de plumes aussi noires que la nuit venant le recouvrir après qu’il eut remonté le dessus de lit sur le demi-sang qui s’était endormi sans même chercher à se mettre vraiment au lit. Au terme de leur voyage et de leur histoire commune, des images d’un passé pas si lointain que cela à son échelle d’existence lui revenaient en bloc. Sa déroute première lorsqu’il avait été appelé, tiré de la chaleur étouffante des Enfers qui s’évertuaient à le transformer en monstre alors qu’il aurait préféré périr pour être plongé dans le froid glacé et humide des limbes brumeuses d’où il était ressorti affaibli et gelé pour faire face, un genou à terre à cause de sa faiblesse à ce petit être qui par son désir l’avait spontanément appelé.

Il se souvenait d’avoir dans sa détresse exigé un prix dont il ne voulait même pas et de l’horreur qui avait étreint son être lorsqu’il avait dû puiser dans les forces vives du petit roux pour se réchauffer. Mais le pire avait sans doute été la réalisation que c’était le fruit même des entrailles de la femme par qui tout était arrivé qui l’avait enchainé dans cette existence. Les soixante premières années avaient été difficiles ; le nephilim et ses besoins de contact l’avaient plongé dans le plus grand des désarrois, lui qui n’avait pas l’habitude de subir des gestes aussi familiers, les Hayoth n’étant presque jamais appelés inconsciemment par les mortels. S’il s’était dérobé autant que faire se peut il avait fini par se résigner d’une certaine façon, puis accepter de s’allonger à ses côtés pour jouer les grands édredons de plumes, refusant d’accepter que cela lui apportait également une forme de réconfort d’être auprès de son protégé à la chaleur si ténue par rapport à la sienne qu’il avait l’impression aux tous débuts que le contact de sa peau brûlante risquerait de marquer la sienne de cloques de chaleur.

Un long moment la créature resta absorbée dans cette méditation silencieuse, ce bilan de leur relation, épluchant avec une patience infinie chaque souvenir, chaque impression même fugace pour l’appréhender dans un tout. Son regard sombre glissa du mur d’en face qu’il contemplait jusqu’alors pour détailler la courbe d’une oreille qui pointait entre deux mèches de cheveux ébouriffés, lisse. Quelque part il savait que sa texture serait soyeuse et douce sous sa langue, fraîche comme le reste de sa peau et il se fit de nouveau violence pour étouffer les envies parasites qui s’éveillaient en lui à ce simple constat.

Il ferma les yeux un instant.
D’autres images lui vinrent.

Alors comme toutes les nuits où le désir de la chair l’étreignait, il se redressa, privant le nephilim de sa chaleur pour aller arpenter la chambre de long en large, créature aussi silencieuse qu’un souffle d’air qui regrettait maintenant le décès prématuré de l’ordinateur de son protégé. Ces dernières années il avait en effet commencé à apprécier la compagnie nocturne des séries stupides que les humains regardaient ; elles lui permettaient d’oublier les affres de son corps dont les envies le dépassaient en s’abrutissant de bêtises aussi lobotomisantes que fascinantes. Le visage impassible il se planta devant une des fenêtres, écarta du tranchant de la main le mince voile miteux censé leur offrir un peu de pénombre et d’intimité et leva son regard assombri par la désolation vers le ciel où les étoiles peinaient à se faire voir au travers de la couche de pollution.

Il resta un long moment ainsi, puis avant que sa détresse ne risque d’entrer en résonnance avec ses armes il s’arracha à sa contemplation morbide pour reposer son regard sur le dos de son lié toujours assoupi. Là, insidieux, un sentiment de perte s’insinua doucement en lui lorsqu’il se faisait la réflexion que bientôt, peut-être, il en serait débarrassé et recouvrerait cette liberté dont il ne voulait pas vraiment.

Eliel était une créature de raison, et non de pulsion.
Cela ne l’empêcha pourtant pas d’aller secouer le petit corps assoupi pour le réveiller et l’attirer à lui, sans doute un peu maladroit dans ses gestes empressés alors qu’il enfouissait sous une tonne de pragmatisme et de détachement ce que son geste inconsidéré et les raisons de celui-ci avaient bien pu éveiller en lui, ou ce qu’il lui inspirait à présent.

Mais il était lancé, donc…
Il poursuivit.

— Faisons un second pacte, dit-il d’une voix sourde en refermant toutes ses ailes sur le nephilim qui émergeait difficilement. J’aurai besoin d’une ancre et en échange je te protègerai, émit-il à la suite pour expliquer son geste, tant que cela n’impliquera pas de devoir me dresser contre Sa Volonté.

Et si Sa Volonté était qu’il périsse sous la main de son mentor lorsqu’il irait le retrouver, alors soit. Cela n’aurait aucune incidence sur le nephilim, qu’ils nouent un second pacte ou non.
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyMer 30 Nov - 2:05

Exténué, Eleonore s’était enfoncé dans un sommeil sans rêve, mais pas assez profond pour que les attentions d’Eliel passent inaperçues. Il sentit clairement la chaleur de son gardien dans son dos et la pression familière de ses ailes sur son corps, tiède et rassurante. Sans ouvrir les yeux, pas tout à fait endormi ni tout à fait éveillé, le Nephilim se blottit davantage contre l’ancien Seraphin, avide de son contact. Un soupir souleva sa poitrine une fois qu’il eut trouvé sa place contre le déchu, puis il sombra pour de bon, dans un sommeil qui ressemblait à l’inconscience. D’ordinaire, il ne dormait que d’un œil, sauf les soirs où Eliel le vidait de son trop-plein d’énergie ; mais cette fois, le débordement d’émotions avait eu raison de sa résistance.

Enveloppé par la chaleur de son déchu, il ne bougea pas. Privé de cet édredon brûlant, il frissonna une seconde mais ne se réveilla pas. Il aurait sans doute passé une nuit calme si Eliel ne l’avait pas secoué un instant plus tard. Arraché sans pitié des bras de Morphée, encore fatigué, l’esprit embrumé, le nephilim se demanda d’abord s’il avait dormi trop longtemps, puis adressa un vague coup d’œil à la fenêtre, à la recherche d’une menace quelconque. Comme les gestes d’Eliel étaient calmes, bien qu’empreints d’une certaine fièvre, il élimina automatiquement l’hypothèse d’une catastrophe imminente et se laissa faire, en essayant de rassembler ses esprits. Il faisait encore noir dehors, trop noir pour que le jour soit levé. Un peu sonné, les yeux encore gonflés de sommeil, Eleonore chercha le regard de son déchu, pour avoir une réponse à la question qui tournoyait dans sa tête. Pourquoi...?

Un pacte. Eliel demandait un autre pacte.

Un peu plus réveillé, mais calme, comme toujours au réveil, le Nephilim leva une main, lentement, pour passer un bras derrière le cou d’Eliel, comme s’il cherchait un soutien. Ses yeux retrouvaient leur éclat habituel, cette flamme vivante et curieuse qui les animaient d’ordinaire, signe que leur propriétaire était de nouveau en possession de ses moyens et prêt à réfléchir à la proposition, même s'il semblait toujours un peu perdu. Il se demanda pourquoi le gardien avait choisi ce moment pour lui proposer ce nouveau contrat, au lieu d’attendre le matin.

"On n’a pas terminé le premier, on peut quand même en faire un deuxième...?" chuchota-t-il, plutôt perplexe.

Il caressa les cheveux du déchu, distraitement d’abord, puis avec une certaine tendresse. Il ignorait ce qui avait motivé la décision d’Eliel, mais savait que ce pacte lui faisait envie. Il voulait garder le déchu à ses côtés plus longtemps, pouvoir admirer cette superbe voilure noire quelques nuits, quelques semaines ou quelques mois de plus. Il désirait ardemment lui rendre service, tout comme il désirait que les trois lames du déchu continuent à lui appartenir, à écarter les obstacles qui pouvaient bloquer sa route, comme elles l’avaient toujours fait jusque là. Il avait vécu avec le déchu pendant plus d’un siècle et demi, deux tiers de sa vie, et savait que l’ancien Tempéré laisserait un énorme vide le jour où leur lien serait brisé, s’il ne décidait pas de tuer son protégé une fois la tâche accomplie.

"Je serais heureux de faire ce second pacte avec toi..." déclara le nephilim, toujours à voix basse, toujours aussi calme. "Combien de temps durerait-il ? Jusqu’à ce qu’on décide de le briser d’un commun accord ? Ou jusqu’à ce que tu n’aies plus besoin de moi ?"

Jusqu’à l’Apocalypse, peut-être.

La main d’Eleonore glissa sur la joue d’Eliel, et un vague sourire, simple, serein, se dessina sur ses lèvres, en accord avec la lueur de ses yeux. Tout irait bien. Il avait encore Eliel avec lui, pour le moment...
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyLun 5 Déc - 19:40

Le cou de la grande créature s’offrit à la main qui y chercha un appui, les grands yeux graves ne quittant pas le visage aux traits si familiers où il pouvait déceler ça et là d’infimes parties d’Hadrièl, en version brute et imparfaite là où l’ange de la Justice avait été sublime. Tant et si bien que cette perfection diaphane et irréelle avait été l’outil de sa perte… Aucun soupir ne passa ses lèvres qui formèrent un pli plus sévère, sans doute un peu amer. Ses paupières ourlées de longs cils de cuivre sombre se refermèrent, voilant de nouveau l’éclat terne de ses yeux hantés par une tristesse et un désespoir insondables qu’il musela aussitôt pour ne pas éveiller ses lames assoupies.

Cette main.
Il serra convulsivement les mâchoires.

— C’est possible, oui, répondit-il, laconique, sans apporter davantage de précisions. Il suffit de faire couler nos deux sangs et de les mêler une fois les termes de l’accord stipulés pour le rituel du pacte volontaire.

Il ne chercha pas à se dérober à la caresse de ces petits doigts tièdes, inclinant même la tête pour s’y soumettre volontairement, répondant à une impulsion de la même nature que celle qui l’avait poussé à le réveiller pour lui parler de ce second pacte. Il connaissait la nature de l’astre dont il était issu ; immuable et tranquille en apparence, elle était parfois la proie de variations dans son éclat qui se retranscrivait chez lui par des pulsions irraisonnées qui lui imposaient leur volonté à lui, ancien Hayoth.

Cette fois il soupira, mais il resta ainsi, offert à la caresse qui générait un mélange de bien-être et de complétion entaché par la fatalité du désir de la chair, contre lequel il luttait à chaque instant lorsque le nephilim était aussi proche de lui. Il n’était plus l’ange qu’il avait été autrefois, au désir charnel aussi inexistant que lointain. Les Enfers l’avaient irrémédiablement souillé en modifiant profondément son être et son combat qui autrefois était à la Grande Médiane s’était désormais déplacé au sein même de son être.

Etait-ce identique pour les mortels ? Ce sentiment d’impuissance et de révolte, de dégoût de soi et de la faiblesse de la chair ?
Sa volonté était forte, mais pourrait-il un jour atteindre de nouveau cette paix de l’âme et du corps à laquelle il aspirait tant ?

Il rouvrit les yeux lorsque son protégé reprit la parole et un mince éclat passa dans son regard, entre résignation et dépit. Si limité et si indispensable à la fois, l’appréciait-il ou bien le détestait-il ? Il ne savait pas, plus. Parfois il oscillait entre les deux états, parfois la balance penchait d’un côté ou bien de l’autre. Il appuya sa joue contre la main tendue, refermant ses yeux dont le feu s’était éteint et soupira, une seconde fois.

— Jusqu’à ce qu’Azraël vienne nous chercher, car telle est Sa Volonté, répondit l’ancien Tempéré d’une voix basse, presque solennelle dans ses intonations et son timbre grave et profond. Il sera toujours possible comme c’est un pacte volontaire de le briser bien entendu, si tu souhaites recouvrer ta liberté Nephilim Eleonore.

Lui de son côté comptait tenter sa chance en se mettant au service de la Main armée de Dieu. Il ne savait pas ce qu’étaient devenu les Grigoris et si cette caste un peu spéciale était toujours d’actualité mais cela se tentait.

— As-tu un objet coupant ? Je ne peux pas utiliser mes dagues pour sceller ce pacte.

Si son feu l’épargnait il risquerait de cramer le nephilim, ce qui n’était pas du tout dans les intentions de l’ancienne créature, qui, toujours guidée par cette impulsion, voulait procéder dès à présent au rituel de lien.
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyMar 6 Déc - 1:43

Comme la créature tombée des Cieux, sortie des Limbes, ne tentait pas d’échapper à la caresse, les doigts du nephilim poursuivirent calmement leur exploration. Ils glissèrent le long de la mâchoire, avant de remonter avec douceur, à moitié repliés, vers la tempe. Sans s’arrêter, sans une ombre d’hésitation, ils plongèrent ensuite dans les cheveux roux, repoussant les mèches, toujours avec tendresse. Eleonore connaissait par cœur ce visage aux traits parfaits mais continuait à l’admirer. Il plongeait son regard dans les yeux noirs et morts de son protecteur sans s’y noyer, habitué à les affronter et à les scruter, à la recherche de la lueur qui les avait désertés. C’était comme d’habitude, avant que l’ancien Seraphin ne lui annonce que l’Apocalypse était proche, et qu’Olympe était indirectement responsable de sa déchéance. Il se sentait encore un peu embrumé, désincarné, mais le contact d’Eliel lui inspirant une impression rassurante de sécurité et de bien-être. Sa main pâle glissa sur la joue du déchu, avant de s’immobiliser.

Son protecteur acceptait mal ses démonstrations d’affection, pendant les premières décennies de leur pacte. Il les tolérait bien mieux, à présent, mais c’était rare qu’il s’y abandonne tout à fait, comme il le faisait ce soir-là, sur le lit d’une chambre miteuse, dans la pénombre et le silence. Son protégé se demanda s’il avait besoin de sa chaleur, mais la peau sous ses doigts ne semblait pas plus fraîche que d’habitude. Il attendit donc patiemment les explications de l’Envieux, en résistant machinalement à la pression exercée contre sa main. Il était très touché par ce geste simple, signe que la grande créature appréciait son contact, ne repoussait pas le réconfort qu’il essayait de lui offrir. Ses dernières inquiétudes s’évanouirent. Eliel ne lui voulait pas de mal, pas ce soir.

Ils pouvaient mêler leurs sangs pour un deuxième pacte.

Ils pouvaient rester ensemble en attendant la venue d’Azraël, l’Ange de la Mort.

Il hocha la tête quand Eliel lui rappela qu’il s’agissait d’un pacte volontaire, qui pouvait donc être brisé à tout moment. C’était rassurant pour lui, et c’était mieux pour le déchu ; le nephilim n’aurait pas aimé l’enchaîner à lui pour le restant de ses jours, sans aucune échappatoire, alors que leur relation était si compliquée, instable, délicate. Ils vivaient en bonne entente pour le moment, mais nul ne pouvait prédire si ce moment de grâce durerait. Eleonore se sentait bien dans l’écrin de plumes noires et cuivrées, à sa place, complet, mais il n’était pas dit qu’Eliel partageait ce sentiment, bien au contraire.

"Je ne sais pas" murmura le nephilim, en écartant doucement les ailes qui le couvraient. "Je ne pense pas, mais ça ne coûte rien de vérifier"

Il quitta à regret l’étreinte de son protecteur, pour aller récupérer sa sacoche. Sa main gauche s’engouffra dans le sac et établit rapidement l’inventaire de ce qui s’y trouvait. Vêtements, crayons, carnets, papiers, argent, quelques petits objets de valeur... Tous les couteaux de cuisine, les ciseaux et le coupe-papier gracieusement offert par son dernier éditeur étaient restés dans l’appartement dévasté. Il songea au pendentif qu’il portait au cou, car les pierres avaient des arrêtes coupantes dans son souvenir ; mais c’était des souvenirs d’enfance, et les pendentifs avaient été tellement manipulés en deux cents ans qu’ils étaient à présent aussi doux que des galets. Ce fut le moment que choisirent les clés de l’appartement pour tinter, au fond de la sacoche. Eleonore les récupéra.

"Je n’ai que ça. As-tu besoin de beaucoup de sang ?"

Il pouvait se griffer avec sa clé, mais la blessure serait très superficielle, et saignerait sans doute très peu. Il fronça un peu le nez, pas vraiment enchanté par la perspective de s’ouvrir la peau avec un outil si peu précis, mais il savait qu’Eliel ne pouvait pas utiliser ses dagues, même si elles étaient parfaitement entretenues et sans doute coupantes à souhait. Il se rassit sur le lit mais balaya tout de même la chambre du regard, à la recherche d’un autre outil de fortune.

"Si j’ai bien compris les termes du pacte, tu te serviras de notre lien comme d’une ancre en Surface, et tu prendras ma chaleur, et en échange, tu me protégeras, tant que cela ne t’obligeras pas à aller contre Ses décisions, jusqu’à ce qu’on rompe le contrat, ou jusqu’à ce que notre mort soit inévitable ?" demanda le nephilim, pour être sûr que les clauses étaient claires.
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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyJeu 8 Déc - 18:47

Perdu dans ses pensées moroses et erratiques, le Déchu Eliel ne suivit pas véritablement le manège silencieux de son bientôt double fois lié qui farfouilla et retourna la chambre pour tenter d’y trouver quelque chose de coupant. Il s’était redressé sur son séant, avait replié ses grandes ailes sombres sur son échine et porté un regard morne sur la vitre, résistant à l’envie de se lever pour de bon et de s’enfuir de cette pièce confinée où il se sentait à l’étroit, où il était à l’étroit, comme partout sur Terre, loin des vastes Cieux et de la Grande-Médiane.

Qu’était-il en train de faire ?
Il tenait sa liberté au bout de son bras et il allait se chercher une nouvelle entrave ?

Dans un rare geste de lassitude il se passa une main sur le visage, lentement, comme pour en chasser la fatigue alors qu’il l’entendait s’activer en vain tout en essayant de trouver une quelconque logique dans son geste, au-delà de la pulsion irrépressible. Etait-ce une manifestation du péché qui l’entachait désormais que la Tempérance lui avait été arrachée ? Etait-ce l’envie de conserver ce qu’il considérait désormais comme sien ? Il ne savait pas. Peut-être était-ce la foi de la frêle créature qui l’attirait inexorablement, cette foi dont il avait été coupé le jour où il avait été arraché au sein de son Père pour être balancé dans les Abimes brûlantes de l’En-Bas et qui le sustentait toujours depuis un siècle et demi.

Il ferma brièvement les yeux, puis les rouvrit en constatant que le nephilim n’avait trouvé que ses clés pour leur pacte. Eliel n’était pas regardant sur les procédures, puisque son esprit martial préférait l’efficacité aux élucubrations en vogue chez certains mais il y avait tout de même des limites à ce qu’il pouvait tolérer comme excentricité. Il dédaigna le petit morceau de fer terrestre en refermant la main d’Eleonore dessus et secoua la tête.

— Cela n’ira pas, nephilim Eleonore, lâcha-t-il d’une voix laconique en reportant son regard sur le sien.

Il l’écouta reformuler les termes du pacte et hocha de la tête pour confirmer les dires du nephilim. C’était exactement ça. Le plus basique des pactes qui puisse être forgé entre un mortel et un immortel, ancre contre protection et cela résumait en définitive ce dont ils auraient besoin l’un l’autre au cours des temps à venir, une fois qu’Eleonore aurait pu voir ce qu’Hadrièl le Juste était devenu en tant qu’ange femme.

Il tendit la main pour prendre celle de son Lié, cette petite main fraîche qui s’amusait si souvent à venir glisser dans ses cheveux ou au contact de sa peau, inconsciente du feu qu’elle allumait sur son passage et des tourments irrépressibles dont il était la proie ensuite, lui le déchu qui se raccrochait désespérément à ce qui restait d’ange en lui pour ne pas s’enfoncer définitivement dans le péché et perdre ses derniers repères.

Il la regarda un instant, puis la porta à ses lèvres.

— Cela risque de te faire un peu mal, prévint-il en découvrant ses crocs.

Des crocs. Ça c’était encore quelque chose qu’il n’avait pas avant et qu’il avait récupéré en Chutant, panoplie du parfait petit déchu avec les plumes aussi noires que son âme avait dû le devenir en cramant aux Enfers, racornie sur-elle-même et desséchée.

Je suis une terre aride, altérée sans eau,
Mon âme a soif de Toi…

Sans plus attendre, il planta ses crocs dans la paume d’Eleonore, le goût métallique du sang de son lié le faisant frémir. Il relâcha aussitôt la main blessée, peu désireux de se tenter davantage et fit subir le même sort à sa paume. Là, il serra la petite main dans la sienne, sentant le picotement familier d’un lien nouveau qui se nouaient entre eux dans un léger frémissement d’auras.

— Voilà, dit-il sobrement, léchant le sang sur la paume d’Eleonore pour nettoyer les deux petites traces laissées par ses canines, avant de faire la même chose pour sa main. Ce faisant, il ne regarda pas son double-lié, pas une fois.
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Eleonore Langlois

Eleonore Langlois

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MessageSujet: Re: Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille   Les monolithes même tremblent lorsque la Terre s'éveille EmptyVen 9 Déc - 0:35

Eleonore refusait de prendre la vie au sérieux mais n’était pas stupide pour autant ; les questions qui tourmentaient son protecteur tournoyaient aussi sous son crâne, aiguisaient sa curiosité, dansaient avec ses doutes et excitaient ses espoirs. Qu’est-ce qui avait poussé Eliel à demander ce second pacte ? Pourquoi n’avait-il pas attendu le matin pour faire cette proposition ? Ils n’étaient pas pressés. Tant que l’ange Hadrièl restait hors de leur portée, ils étaient liés. Eliel avait déjà l’ancre qu’il désirait, et Eleonore savait qu’il pouvait compter sur sa protection, tant que la volonté de Dieu n’entrait pas en ligne de compte. Il ne voyait pas ce que le déchu pouvait tirer d’un tel pacte pour le moment, à part l’assurance que le nephilim resterait à ses côtés une fois le premier contrat terminé. Eleonore aurait aimé y voir une preuve d’amour, mais était trop réaliste, et connaissait surtout trop bien l’animal, pour donner du poids à une telle hypothèse. Il était clair que le déchu ne lui aurait pas fait une telle proposition si leur association lui avait semblé insupportable, alors que tant d’autres envieux traînaient dans les rues mexicaines, mais il était probable que son choix ait été motivé par la simplicité. Il était là, à ses côtés, et ils étaient compatibles ; pourquoi chercher une ancre plus loin ?

Ce qui n’expliquait pas pourquoi Eliel l’avait réveillé pour ce contrat, qui n’avait rien d’urgent. Eleonore flairait une impulsion irraisonnée, et l’idée que ce second pacte pourrait être rompu à tout moment le rassurait. Si son protecteur se ravisait, ou donnait l’air de souffrir des conséquences de son coup de tête, ils seraient en mesure de rompre leur association. Même si le plus jeune des deux ne le voulait pas. Il n’oscillait pas entre tendresse et haine, lui ; il avait pris son parti, et désirait rester aux côtés de l’ancien Seraphin, aussi longtemps que possible. Si l’Apocalypse était vraiment en marche, il ne leur restait peut-être que quelques jours, ou quelques semaines, à vivre, ce qui n’était rien après cent soixante ans de cohabitation. Ce serait vite passé, et ce serait agréable de ne pas être seul, au crépuscule du monde.

Il laissa Eliel prendre sa main. Un frisson le secoua au moment de la morsure, et un vague sourire étira ses lèvres. Certainement à cause de la fatigue, qui l’engourdissait toujours, peut-être à cause de la destruction de son ordinateur, et sans doute parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de voir le grotesque et le sublime des pires situations, il pensait au succès mondial que rencontraient les histoires de vampire. Il se demandait comment réagiraient ses lectrices si son héros roux, Elias, se retrouvait avec des crocs, et un second frisson, plus discret que le premier, glissa sur son échine. Une seconde plus tard, le déchu mêlait leurs sangs, et le nephilim sentit son aura rousse se déployer en réponse, sans conviction, comme si elle voulait simplement vérifier que tout allait bien, avant de disparaître, aussi discrètement et rapidement qu’elle était venue. Eleonore comptait porter la main à ses lèvres pour lécher le sang, mais Eliel le devança. Sentir la langue chaude et douce du déchu sur sa peau ne fit qu’exciter davantage les idées immorales qui étaient nées sous la morsure. Il prit sur lui pour arrêter de sourire, de crainte que le déchu lève les yeux sur lui et lise son désir mêlé d’amusement sur ses lèvres et dans son regard, plus étincelants que jamais.

Une fois qu’Eliel eut léché son propre sang, le nephilim céda à sa propre impulsion et leva à nouveau sa main jusqu’au visage du déchu, pour caresser sa joue, alors que ses lèvres cherchaient celles de l’immortel pour un autre baiser. Il lui donna à nouveau un peu de sa chaleur, et aurait volontiers prolongé ce contact si son gardien ne l’avait pas interrompu, en lui recommandant d’aller prendre du repos. Eleonore ne réprima pas un sourire amusé.

"Très bien"

Ce n’était pas comme s’il s’était attendu à autre chose. Il se recoucha sur le lit, tira le dessus de lit sur lui puis ferma les yeux, d’excellente humeur.

"A demain"

Demain est un autre jour, comme on dit...
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