Liaisons Dangereuses
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 Sedirah

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Népenthès

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MessageSujet: Sedirah    Sedirah  EmptyVen 27 Juil - 14:58

2480 av.JC

Les montagnes du Nord étaient connues pour être rudes dans la région. Les hommes qui y vivaient en petites tribus étaient solides, durs, et forts. Tout viking se devait d’être aussi solide que la montagne qui l’abritait pour espérer un peu de clémence lorsque l’hiver arrivait. Pourtant, les hommes étant ce qu’ils étaient, ils pouvaient se montrer cruels entre eux, fussent-ils de la même tribu.

Ressassant ses sombres pensées, Sven ne cessait de réfléchir à ce qu’il pouvait faire. Seul dans une grotte providentielle, sans nourriture, et bloqué jusqu’à nouvel ordre à l’intérieur tant que le blizzard et la colère de la Montagne ne se serait pas calmée. Sa colère revenait sans cesse. Par bouffées. Il ne digérait toujours pas ce qui lui était arrivé. Il était si loin de penser qu’une telle chose puisse arriver au sein de sa tribu. Une telle trahison. Et le pire, c’est que le traître était un roi parmi les siens…Mordillant sa lèvre, il restait recroquevillé dans son coin, l’estomac vide et douloureux et la rage au fond des yeux.

Une odeur putride le fit faire la grimace et il observa les alentours avec méfiance, sortant son couteau de sa botte. Il faisait sombre dans la caverne, et il n’avait aucun moyen de faire un feu pour y voir plus clair. Avec lenteur et prudence, il quitta l’entrée de la caverne pour s’avancer dans l’obscurité inquiétante. Il espérait qu’un ours ne vive pas dans ces grottes. Il avait vérifié, mais la caverne était si longue et profonde qu’il s’était contenté de rester près de son entrée. Rien ne laissait penser qu’un animal dangereux vive là.

Aux aguets, il respirait avec le plus de calme possible, faisant abstraction de l’odeur qu’il avait du mal à identifier par ce froid. Il ne percevait aucun bruit. Ses yeux clairs ne discernaient que les formes des rochers, mais guère de mouvement. Aurait-il rêvé ? Il avança encore. Lentement. Son instinct de chasseur lui criait qu’il n’était pas le seul. Les battements de son cœur et le sifflement de la tempête au-dehors semblaient les seules choses brisant le silence de sa cache.

A force de renifler, il reconnut enfin l’odeur. Des œufs pourris. Il n’en avait senti qu’une fois, mais cela avait suffi à lui soulever le cœur. Cette fois-ci pourtant, l’odeur ne le dégoûtait pas. Ça sentait la chaleur, la fumée, les cendres, et cette odeur d’œuf pourri. Un gémissement léger le fit sursauter. A deux pas de lui, sur sa droite. Prêt à se défendre ou à attaquer, il observa attentivement, sans bouger. Et sur le sol, une forme bougea. Les mouvements étaient tremblants, lents. Comme une frêle et faible créature. Affamé, l’estomac de l’homme lui commandait d’attaquer et de manger la chair de la créature. Pourtant, dans l’obscurité, la chose leva les yeux vers lui et il se figea.

Deux iris jaunes. Aussi claires et lumineuse que le soleil. Dans l’obscurité ambiante, il resta fasciné par cette couleur étrange et inopiné. La chose fit un mouvement vers lui, lentement et Sven sentit un contact contre sa botte de cuir. Réveillé par la sensation, il se recula, perturbé. Il était intrigué. Non. Fasciné, par la chose devant lui. Il ne sentait aucune animosité. Au contraire, il se sentit attiré. Il avait envie de voir, de toucher cette créature. Celle-ci baissa manifestement la tête et émit une plainte à fendre l’âme. Indécis, Sven s’approcha à nouveau, gardant le couteau en main et s’accroupissant pour repérer le corps de la créature au toucher.

Il découvrit en premier lieu un membre, chaud, sans fourrure, et mince. A nouveau, la créature le regarda et son regard le happa. Elle fit un autre mouvement et cette fois il reconnut une main contre son visage. Une petite main. La chose tremblait. Il rangea son couteau dans sa botte, s’approcha, sentit le corps mince et chaud sur le sol et le souleva. Revenant avec précaution à l’entrée de la grotte, il déposa son fardeau à la place qu’il occupait plus tôt et découvrit avec stupeur un jeune garçon. Il semblait malade. Ses yeux dorés étaient profondément cernés et son visage émacié. Et il était entièrement nu.

Il devait avoir faim. Mais il ne pouvait pas l’aider. Il n’avait rien sur lui. L’enfant l’observait d’un regard impassible. Sa peau était sombre. Et ses cheveux noirs comme une nuit sans lune, lisses. Il n’avait jamais rien vu de tel. Son peuple se composait d’hommes et de femmes blonds et pâles aux yeux bleus ou verts. La créature face à lui ne rassemblait aucun de ces critères. D’autant plus que deux excroissances poussaient sur son front.

L’enfant parut remarquer sa perplexité, voire son angoisse face à lui et leva de nouveau la main pour toucher son visage.

- N’aie pas peur, murmura-t-il d’une voix faible. Je ne te veux aucun mal.

Il semblait épuisé.

- Je n’ai pas peur, répliqua-t-il en reprenant une constance.

L’enfant laissa retomber sa main et sourit faiblement. Mais son regard resta extrêmement sérieux, donnant l’impression que son sourire était loin d’être amical. Quelque peu troublé, Sven demanda pourtant :

- Comment t’appelles-tu ?

- Sedirah. Et toi ?

- Sven.

Il marqua une pause. Il ne cessait de regarder les excroissances sur son front. L’enfant ne le lâchait pas des yeux. Toutefois, il ne semblait pas disposé à poursuivre la conversation. Ou attendait que ce soit lui qui lui parle. N’aimant pas ce long silence, Sven posa une question qui pouvait paraître étrange pour certains mais qui pourrait expliquer certaines choses.

- Es-tu un envoyé des Dieux ?

L’enfant bougea légèrement la tête. Dans ses yeux, Sven avait l’impression qu’il était plus vieux que l’âge qu’il paraissait. Ce qui était très troublant.

- Oui, répondit la voix fluette. Ils ont entendu ton appel. Je suis ici à leur demande afin de t’aider à accomplir ta tâche.

Ainsi ils avaient entendu ses prières. Il aurait donc sa vengeance. Il ferma les yeux en murmurant une prière de remerciement pour avoir répondu à son appel.

- Toutefois, reprit Sedirah, il y a quelques conditions.

Rouvrant les yeux, il le considéra calmement. Bien sûr. Rien n’était gratuit.

- Je suis ici tant que tu auras besoin de moi pour accomplir ta tâche, dit l’enfant. Mais ce corps n’étant qu’une simple enveloppe charnelle, je ne puis me maintenir dans ce plan qu’avec ton concourt.

Sven se fit la réflexion que l’enfant parlait drôlement bien à son âge mais ne l’interrompit pas.

- Il me faut de l’énergie pour rester ici et pouvoir t’aider. Ce faisant, il va me falloir te prendre ton énergie, énonça-t-il tranquillement. Tu ne peux te défaire de moi, sous peine de mort, et je ne suis pas un Dieu moi-même. Je n’ai pas tous les pouvoirs. Mais si je suis ici, c’est que je suis capable de t’aider.

Il se tut et sembla guetter son approbation, un léger sourire aux lèvres. Il n’avait de toute façon pas le choix semblait-il. Il inspira puis acquiesça d’un signe de tête. L’enfant sourit d’un sourire joyeux et se redressa. Il tendit les bras vers lui et les enroula autour de son cou comme s’il lui faisait un câlin. A son oreille il entendit pourtant :

- Ca fera un peu mal, mais j’en ai besoin.

Aussitôt après une douleur fulgurante lui brûla la gorge. Il lâcha un cri surpris et sentit que Sedirah empoignait ses cheveux avec force. Beaucoup de force. Il sentit ses ongles racler et déchirer ses vêtements, déchirant sa peau, faisant couler son sang et il voulut repousser la chose, mais celle-ci le repoussa avec violence d’un geste et il se retrouva plaqué au sol. Sedirah vint se placer à califourchon sur lui, ses lèvres étaient barbouillées de sang et il arborait un large sourire.

- Navré pour toi, les Dieux qui m’ont créé me forcent à me nourrir de la douleur des autres. Tu ne pourras pas y couper, alors essaye de serrer les dents et de faire abstraction.

Et il lui décocha un fulgurant coup de poing qui sembla ravir le démoniaque envoyé de ses Dieux.
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MessageSujet: Re: Sedirah    Sedirah  EmptySam 28 Juil - 10:42

A côté de lui, l’humain était inconscient et salement amoché. Sa lèvre inférieure était éclatée, des hématomes fleurissaient un peu partout sur son corps, là où ses griffures n’avaient pas ouvert sa peau délicate. Une odeur de sang régnait dans la grotte. Mais il avait fait attention à le laisser en vie. Ne pas toucher les points vitaux, se contenter de la surface. S’il devait rester longtemps à ses côtés, il devait considérer qu’il serait à même de supporter ce régime sur une longue période. Rien n’était plus fragile qu’un humain.

Toutefois, il se félicitait des leçons de Mère. Elle l’avait bien formé pendant ces cinquante-deux années de vie. Elle lui avait enseigné la patience et la déduction. Elle le savait colérique mais lui avait assurée que la vengeance était meilleure si l’on prenait la peine de bien la réfléchir et la préparer.

Songeur, il observait l’humain étendu sur le sol, inerte. Sven. C’était le premier humain qu’il rencontrait. Et il devait avouer que son ressenti à ce propos était relativement mitigé. D’un côté, il le trouvait ridicule, facile à berner, influençable et ridiculement faible. De l’autre, quelque chose le fascinait chez cette espèce capable d’évoluer sans l’aide de personne et constamment obligée de le faire pour survivre à son environnement ou à ses propres semblables. D’autant que Sven était jeune et plutôt bien charpenté. Bien qu’il n’ait comme référence que ses propres congénères qui étaient tous des adonis en puissance.

Quant à sa mère, il ne pouvait que lui être reconnaissant de l’avoir si bien préparé au choc de « la première fois ». Car son apparence se rapprochait de celles des humains, ce qui était extrêmement perturbant. Il brûlait de voir son reflet dans un miroir. Contempler son apparence humanoïde. Il était de petite taille, comme en Enfer, n’étant encore qu’un enfant jalousement gardé par sa mère.

Il déambula dans la caverne en attendant que Sven refasse surface. La grotte était profonde. Et glacée. Il grelottait et n’avait rien pour se protéger du froid. La seule source de chaleur résidait dans son humain. Qu’à cela ne tienne ! Il retourna auprès de lui et se pelotonna contre son torse, rabattant sa cape de fourrure sur eux. Une vingtaine de minutes plus tard, Sven revenait parmi les vivants, gémissant et bougeant avec lenteur. Sedirah se redressa et se plaça au-dessus de lui.

- Tu es enfin réveillé, fit-il. Navré pour ce traitement douloureux, les Dieux m’ont créé ainsi. Si tu veux les maudire, libre à toi.

Il se remit à côté de lui et tira la cape autour de lui en observant l’humain. Il ne guérissait pas vite on dirait. Mère l’avait prévenu de cet inconvénient. Raison pour laquelle elle lui avait enseigné les zones que l’on pouvait frapper sans risque de tuer.

- Serpent, siffla l’humain en se redressant avec difficulté.

- Tout a un prix, Sven. Tu pensais tout obtenir sans rien en échange ?

L’humain lui jeta un regard noir et se tâta le visage, constatant les dégâts. Il essuya le sang séché comme il put et s’examina minutieusement.

- Tu as encore des surprises de ce genre ? grogna-t-il en se relevant avec difficulté.

Sedirah prit la peine de réfléchir. Se tapotant le menton, il finit par dire :

- Je ne crois pas.

Quel beau mensonge. Ca respirait la vérité et l’innocence de l’enfance alors que celle-ci ne l’avait même jamais habité. Sven parut néanmoins méfiant. Il le surveillait tandis que Sedirah se retrouvait privé de la cape de fourrure si chaude. Il resta immobile sous le regard de son humain qui devait déjà regretter de l’avoir rencontré. Afin de ne pas perdre le semblant de confiance qui pouvait encore exister, il relança la conversation :

- D’ailleurs, tu ne m’as pas donné la raison de ma venue, dit-il d’un ton tranquille en changeant de position pour s’agenouiller.

- Tu ne la connais pas ? répliqua Sven d’un ton peu amène.

- Les Dieux savent, répondit-il judicieusement. Ce n’est pas à moi que tu t’es adressé mais à eux. Je ne suis qu’un soldat à tes ordres.

Mère disait toujours que les mortels donnaient des indices précieux à chaque parole qu’ils proféraient. Il fallait s’en servir pour les mettre en confiance. Il parlait de Dieux ? Très bien, il serait leur envoyé dans ce cas.

- A mes ordres ? répéta Sven d’un air soudain plus intéressé.

- A tes ordres, confirma le Démon sans lâcher le regard bleu océan de son humain.

Il sembla songeur. Il savait qu’il allait lui demander quelque chose qu’il n’allait pas apprécier. Mais il savait aussi qu’il devait lui faire croire ce qui pourrait lui être utile plus tard.

- Donc, reprit-il. Si je te demande de me trouver de la nourriture et de quoi faire un feu, tu iras ?

Ah. Il tourna son regard doré vers la tempête de neige, ne se souvenant que trop bien de la morsure de la glace et de la neige sur sa peau dans les Limbes. Il tressaillit mais se força à ne pas montrer sa peur.

- Ce serait dangereux, dit-il.

- Précisément, dit l’humain.

- Je veux dire que ce serait mortel pour moi. Et si je meurs…

Il laissa volontairement sa phrase en suspens. Un nouveau mensonge pour prendre le pas sur l’humain. L’expression de ce dernier se durcit.

- Tu es en train de me dire que si tu meurs, je meurs aussi ? dit-il lentement comme s’il cherchait à rester calme.

Sedirah resta immobile quelques instants puis acquiesça avant d’ajouter précipitamment comme il voyait la colère flamber dans ses yeux :

- Mais l’inverse est vrai aussi ! Si tu meurs, je meurs également. Si tu m’envoies dans ce froid, fit-il en pointant le doigt vers l’extérieur ; je ne tiendrais pas longtemps. Je suis fait pour la chaleur, pas pour le froid. Et je suis nu comme un ver au cas où ça t’aurait échappé.

Sven fronça les sourcils et décrocha sa cape de fourrure qu’il lui lança sans douceur. Il la rattrapa et s’en enveloppa aussitôt. Il était bon acteur, c’était indéniable. Il avait eu l’occasion de s’entrainer longuement en Enfer de toute façon. Un long silence suivit, durant lequel son humain l’observait avec une méfiance justifiée et non dissimulée.

- Quel Dieu t’envoie ? demanda-t-il enfin.

Ah. Mère disait qu’il fallait toujours bien réfléchir avant de parler. Les humains donnaient souvent eux-mêmes les réponses qu’ils voulaient entendre.

- A ton avis ? Tu m’as appelé pour une tâche précise, et pas franchement louable, dit-il. Quel Dieu répondrait au mieux à ta requête en m’envoyant ?

Sven l’observa silencieusement. Il espérait avoir été assez convaincant.

- Thor, dit-il finalement plus pour lui-même que pour le jeune Démon.

La perspective que ce Dieu l’ait aidé ne semblait guère l’enthousiasmer pourtant. Mais il lui sembla que l’humain acceptait davantage la présence de Sedirah à ses côtés. Sven soupira et se rassit, grimaçant de douleur et l’observant à nouveau pensivement.

- Je veux me venger, dit-il d’une voix grave.

Le Démon eut une furieuse envie de répliquer un « oui, ça j’avais deviné » mais se retint, se mordant la langue pour écouter.

- Un homme de mon peuple, Aslak, m’a trahi. Il a tué un homme de notre peuple et m’a fait accuser à sa place. A présent, il est devenu notre chef, et m’a banni dans les montagnes où seule la mort m’attend.

L’histoire semblait intéressante.

- Et pourquoi a-t-il tué cet homme ?

Sven leva un regard glacé sur lui.

- Qu’est-ce que ça peut faire ?

Bon, il n’en saurait pas plus donc. Pas grave, il n’avait pas besoin de tous les détails.

- Tu veux donc que je le tue ?

- Non.

Non ? Il afficha malgré lui une expression perplexe. Il ne voulait pas qu’il le tue ?

- Je veux que tu t’introduises dans mon village, gagne sa confiance, lui fasse avouer sa faute en public puis que tu me l’amènes. C’est moi qui le tuerais.

Vaste jeu. Ce serait plus long et compliqué qu’il ne le pensait. Mais cela risquait de s’avérer très intéressant. Il afficha un sourire de connivence et murmura :

- Bien, maître.
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MessageSujet: Re: Sedirah    Sedirah  EmptyMer 1 Aoû - 20:27

Mère le regardait avec un soupçon de fierté, le sourire aux lèvres. Dans leur demeure sombre et luxueuse, elle écoutait le récit du premier pacte de son fils sur Terre. Il semblait avoir bien compris et retenu ses leçons, même si son éducation était loin d’être parfaite. Il n’était encore qu’un enfant après tout.

- Raconte-moi la suite, dit-elle avec douceur.

- J’avais un plan pour m’intégrer auprès des villageois, dit-il. Sven pensait que j’étais un envoyé des Dieux. Pourquoi ne pas utiliser la même excuse auprès des autres mortels ? J’ai donc tracé un cercle d’invocation incomplet au sol et me suis placé en son centre, peu avant l’aube. Les villageois m’ont trouvé ainsi et ont tout de suite pensé que j’étais un présage. Leur chef m’a fait amener devant lui pour des explications et j’ai joué la carte de l’innocence, fit-il avec des yeux brillants.

Il avait joué les amnésiques, expliquant qu’il ne savait pas ce qu’il faisait là, qu’il ne se rappelait de rien tout en laissant sous-entendre que les Dieux l’avaient envoyé. Il avait rapidement attiré la sympathie de beaucoup de villageois et ses conseils avisés lui permirent même de gagner la confiance du chef de village.

- Toutes les nuits, je retrouvais Sven quand tout le monde dormait, et le frappait pour retrouver mes forces. Celui-ci se pliait à ces séances en échange d’un peu de nourriture et de quoi faire du feu dans sa caverne. J’étais devenu un membre à part entière du clan et on m’apprit l’histoire des Dieux, la chasse, le maniement des armes. Certes, l’enseignement fut court et sans profondeur vu le peu de temps dont je disposais avant que Sven ne succombe à mes violences répétées. Mais j’appris aussi ce qui s’était passé entre le chef de clan et mon protégé.

Sven avait tué un homme un soir de beuverie, et l’avait salement amoché. Son corps était couvert de contusions et de blessures en tout genre. Il semblait s’être acharné sur le corps. L’homme en question, un certain Erik, allait se fiancer à la femme que convoitait Sven. Persuadé qu’il avait tout fait pour le discréditer auprès d’elle, il avait perdu les pédales et assassiné son rival.
Mais comprenant la gravité de son geste, il avait tenté d’accuser le second du clan, appelé à remplacer leur chef mourant à petit feu du mal de glace. Une grave infection des poumons. Le second prouva la duperie de Sven et le condamna à l’exil en montagne, sachant que l’hiver aurait tôt ou tard raison de lui.

- Ingénieux, commenta sa mère. Il avait inversé la situation, en se plaçant en victime plutôt que bourreau.

Sedirah acquiesça et reprit :

- J’ai forcé le chef de clan innocent à avouer les faits, clamant que les Dieux connaissaient la vérité et qu’ils m’avaient envoyé à cette fin dans le village. Il a avoué les fautes qui n’étaient pas les siennes et je l’ai amené de force à Sven. Il lui a plongé sa lame dans la gorge et s’est acharné sur lui jusqu’à ce que le corps ne bouge plus du tout.

Le regard de sa mère brillait. Elle attendait la fin semblait-il.

- Le contrat terminé, je lui ai indiqué que ma mission à ses côtés prenait fin. Je pense que s’il avait pu, il m’aurait tué, dit-il d’un air songeur. Mais je lui avais clairement indiqué que s’il faisait une chose pareille, il mourrait également. Je l’ai laissé derrière moi et il a repris sa place dans le village en tant que nouveau chef, faisant sienne la femme qu’il désirait. Quelques jours plus tard, je me suis introduit dans sa maison, et je l’ai réveillé. Il n’a pas eu le temps de crier que je lui arrachai déjà la gorge.

Ce souvenir illumina son visage d’un sourire rêveur.

- Une vie pour une vie, ça me semblait juste, conclut-il.

Sa mère se leva et vint s’asseoir avec grâce à côté de lui. Son corps de déesse et son opulente chevelure noire et lisse cascadant dans son dos. Elle s’approcha suffisamment près pour que leurs deux souffles se mêlent, le regardant droit dans les yeux.

- Tu t’en es bien sorti, mon fils. Toutefois ton apprentissage est loin d’être terminé et tu le sais.

- Oui, Mère.

Elle plissa légèrement les yeux. Il ressemblait à un gamin d’une dizaine d’années. Mais dans son regard, elle lisait sa puissance à venir, sa colère, et son ingéniosité. Il serait sa plus grande réussite, songea-t-elle en le prenant dans ses bras pour le presser contre son opulente poitrine. Le chef d’œuvre de sa vie. L’union d’une Démone de l’Orgueil et d’un Démon de la Colère. Son apparence enfantine lui avait beaucoup simplifié la tâche pour ce pacte. Au prochain, il n’aurait sans doute pas autant de chance. Lui caressant les cheveux, elle se demanda ce qu’il serait dans quelques milliers d’années. Quand il serait adulte, puissant, et parmi les plus hauts gradés de son espèce. Un sourire étira ses lèvres.

Il ferait un excellent roi des Enfers.
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MessageSujet: Re: Sedirah    Sedirah  EmptyDim 12 Aoû - 17:03

- 2449 av. JC

Epuisé, Sedirah se dirigeait d’un pas trainant vers la maison familiale. Il revenait d’un Pacte long et ennuyeux qui l’avait privé de sa mère pendant trois longues années humaines. Ayant à présent le corps d’un garçon de seize ans, il arrivait encore à séduire facilement. Sa croissance semblait poursuivre un rythme normal. A plus de quatre-vingts années humaines de vie, il semblait continuer à grandir et se développer. Toutefois, il arborait déjà un corps ferme et musclé. Quant à son visage, il avait noté qu’il commençait à avoir de la barbe. C’était léger, très récent. Mais aux Enfers, la barbe restait tout de même une particularité.

Il arborait donc un duvet brun qui lui donnait un air plus ténébreux tandis que son regard d’or luisait dans l’obscurité ambiante. Nu, il déambulait sans se préoccuper davantage de son apparence ou de sa démarche. Il était épuisé, et il voulait seulement s’affaler pour dormir. Même s’il devinait que Mère ne serait pas de cet avis.

Il était presque arrivé.

Avant d’être brusquement appelé sur Terre, Mère avait commencé son éducation sexuelle. Jusque-là, elle lui avait interdit tout rapport. Elle l’autorisait, et l’encourageait à séduire. Mais tout contact trop intime était proscrit. Mère était jalouse. Elle l’avait défloré, puis lui avait enfin donné la permission de s’amuser ailleurs. Mais il savait devoir être l’un des meilleurs dans ce domaine comme dans les autres. Elle avait insisté pour qu’il essaye toutes les pratiques, toutes les positions, tous les partenaires possibles. Jusqu’à ce qu’il se considère comme assez bon pour repasser entre ses cuisses. Mère serait intransigeante.

Mais il n’avait clairement pas la tête à ça et souleva le pan de tissu qui servait de porte à leur maison troglodyte – comme la plupart des maisons des Enfers. Et il s’immobilisa en découvrant Mère avec un autre, manifestement bien occupée, mais appréciant ses bienfaits. Lui, qu’il avait sans doute déjà rencontré, lui jeta un bref regard, lui fit un signe de tête en guise de salut, puis se reconcentra sur sa tâche tandis que Mère le regardait avec un léger sourire. Rares étaient ceux qui s’interrompaient en présence de leurs pairs aux Enfers. A part si l’un des Sept venait faire irruption, tout le monde poursuivait ses jeux sans se préoccuper des mouvements et des regards alentours.

Le jeune Démon resta un instant interdit puis rugit de colère. Il attrapa l’intrus à bras-le-corps et le souleva comme un vulgaire fagot avant de le plaquer au sol de toutes ses forces. Il eut pour lui l’effet de surprise, mais Mère déjà se relevait, et le Démon sous lui fronçait les sourcils en préparant un coup de poing. Sedirah connaissait les endroits sensibles et frappa avec précision tandis qu’il l’insultait de tous les noms les plus répugnants qu’il arrivait à concevoir. Un coup de poing lui arracha un hoquet de douleur et faillit le jeter au sol. Il réagit aussi vite que possible en visant les yeux. Le mâle sous lui hurla de douleur, se tordant au sol tandis qu’il pressait ses mains sur son visage ensanglanté pour arrêter l’hémorragie.

Mère attrapa soudain son fils à la gorge tandis qu’il avait envie de la frapper elle aussi. Elle le regarda de ce regard froid qu’elle avait quand il faisait une terrible erreur. Il sentit l’eau remplir ses poumons et se mit à étouffer et cracher, sachant pertinemment que tant qu’elle le toucherait, il ne pourrait rien faire. Elle le fixait sans émotion, la main serrée autour de sa gorge, ses ongles longs lui rentrant dans la chair. Il agrippa ses mains, la suppliant du regard, tandis qu’il manquait d’air. Il n’avait aucune chance de lui faire lâcher de force. Aucune chance non plus si elle décidait de ne pas lâcher.

Alors que sa vue se troublait et que son visage pâlissait à vue d’œil, elle le libéra. Il s’effondra au sol, crachant, toussant, tremblant de tous ses membres. A côté d’eux, le Démon était presque guéri, le visage maculé de sang.

- Silas, tu peux partir, l’entendit-elle lui dire.

- J’espère bien, répliqua-t-il en se relevant, non sans décocher un coup de pied à Sedirah, prostré au sol et tentant de se calmer.

Il lâcha un hoquet de douleur suivi d’une quinte de toux involontaire. Silas sortit sans rien ajouter et Mère attendit d’être sûre qu’il se soit éloigné pour s’agenouiller devant son fils. Elle lui posa une main délicate sur la tête tandis qu’il tressaillait. Il savait qu’il lui suffisait de le toucher pour le noyer.

- Sedirah…, murmura-t-elle. C’est ton séjour sur Terre qui t’as rendu si idiot ? demanda-t-elle d’une voix mielleuse.

Il n’osait pas répondre, haletant. Elle lui attrapa fermement les cheveux et lui releva brutalement la tête, l’obligeant à la regarder et à exposer sa gorge.

- Tu ressembles à un insecte effrayé, dit-elle d’une voix douce.

- Mère…, commença-t-il d’un ton plaintif.

Elle le gifla et il sentit la douleur cuire sa joue aussitôt. Il n’avait même pas vu son mouvement.

- Tu me déçois, dit-elle d’une voix glacée. Il semblerait que tu ne saches toujours pas te tenir convenablement.

Il se redressa légèrement et osa un regard vers elle. Elle était furieuse. Son teint blême et ses lèvres pincées en témoignaient. Mais elle était si belle…Il la vit froncer légèrement les sourcils.

- Tu ne diras donc rien pour ta défense ? poursuivit-elle.

Il la fixa, cherchant vainement une explication. Le silence s’étira pendant des secondes qui lui parurent être une éternité.

- Contrôler ma colère est presque aussi inutile que d’essayer de contrôler votre perfectionnisme, dit-il enfin d’une petite voix.

Elle resta un moment immobile, puis sourit légèrement.

- Effectivement, concéda-t-elle d’un ton plus léger.

Elle le fixa encore quelques instants avant de se relever avec grâce et de se coucher avec langueur sur les coussins où elle se trouvait plus tôt avec Silas. Sedirah se redressa, quelque peu détendu, et se massa la joue discrètement. Elle avait frappé fort. Il n’osa pas bouger jusqu’à ce qu’il la voie tapoter les coussins à côté d’elle. Il se redressa avec incertitude et il nota son regard désapprobateur. Aussitôt il bomba davantage le torse, se tenant droit, et adopta une démarche plus féline qui arracha un demi-sourire à Mère. Il s’assit à ses côtés et dissimula sa peur toute fraîche derrière un masque imperturbable. Mère lui avait appris.

Elle l’observa avec intérêt et tendit la main vers lui. Il eut un geste de recul et se ressaisit pour se replacer normalement. Elle effleura ses joues couvertes de duvet et lui fit tourner la tête pour l’observer sous toutes les coutures.

- Mon fils devient un homme, commenta-t-elle.

Mais il connaissait cette moue sur son visage. Quelque chose la dérangeait. Elle se leva, alla chercher une dague et revint s’asseoir. Il se demanda brièvement ce qu’elle comptait faire avec mais elle l’obligea à tourner la tête pour fixer le mur. Il se laissa faire et sentit la lame aiguisée contre sa joue. Oh…Elle le rasait. Il se laissa faire docilement tandis qu’il notait qu’elle ne rasait pas tout. Elle cherchait probablement à tirer parti de sa barbe naissante pour le rendre plus séduisant.

Elle l’examina à nouveau d’un air concentré puis leva les yeux vers sa chevelure en bataille, lâchant un claquement de langue désapprobateur avant de lui recouper les cheveux de façon égale. Elle l’examina une nouvelle fois et hocha la tête d’un air satisfait. Elle se leva avec une grâce et une élégance qui lui étaient propres et alla chercher un petit miroir qu’elle lui tendit. Il se regarda et ne put cacher sa stupéfaction.

Il ressemblait presque à un gentleman. Ses cheveux coupés à la perfection et ramené en arrière lui dégageait le visage, tandis que sa barbe taillée de façon parfaitement symétrique lui conférait une nouvelle élégance.

- Vous savez vraiment tout faire, Mère, murmura-t-il en s’examinant sous tous les angles.

Restée debout à côté de lui, elle lui reprit doucement le miroir des mains et le posa derrière elle sur le socle de pierre qu’ils utilisaient comme table basse. Elle se retourna vers lui et l’observa à nouveau.

- La dernière fois que je t’ai vu et touché, tu étais encore un petit garçon aux airs d’adolescent. Et te voilà à présent avec une carrure d’homme et une musculature naissante.

Elle l’enfourcha délicatement, mains sur les épaules. Mère s’habillait toujours légèrement de vêtements de type orientaux en crêpe – tissu léger, transparent et souple – maintenu sur son corps par des ceintures d’or et d’argent et autant de bijou venant couvrir ses oreilles, ses cheveux, ses poignets, ses chevilles et son cou fin et délicat.

Elle le poussa gentiment vers l’arrière pour qu’il se couche et il se laissa faire. Elle semblait redécouvrir son corps en passant ses mains habiles sur toute la surface de sa peau.

- La chair de ma chair sait-elle contenter les femmes à présent ?

- Oui Mère, mais je crains de ne pas encore exceller en la matière, murmura-t-il.

Elle posa son index sur ses lèvres et se pencha vers lui dans un tintement léger de bijoux, ses cheveux se répandant en cascade sur le torse chaud de son fils comme autant de caresses soyeuses.

- Laisse-moi en juger.

Ce qu'elle fit.
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MessageSujet: Re: Sedirah    Sedirah  EmptyLun 13 Aoû - 19:29

2361 av. JC – 171 ans – âge physique 32 ans

Sedirah regardait sa mère marcher rapidement en cercle devant lui. Elle était en colère. Pire. Elle était déçue. Et pourtant un mince sourire étirait ses lèvres tandis qu’il observait son manège. Il se demandait bien ce qu’elle allait dire. Elle avait déboulé chez lui sans crier gare et depuis l’avait obligé à s’asseoir tandis qu’elle se rongeait les sangs. Elle se tourna enfin vers lui. Son visage peinait à masquer sa colère. Elle semblait moins belle en colère. Ce qui lui allait bien, c’était la froideur de son regard, et son masque impassible qu’elle adorait tant porter la majorité du temps. Alors qu’à présent, elle était livide de rage, les lèvres pincées.

- Comment as-tu osé me faire une chose pareille ?! dit-elle avec lenteur d’une voix tremblante de colère.

- De quoi parlez-vous, Mère ? demanda-t-il d’un air tranquille.

Elle le gifla. Ah, la douleur cuisait sa joue, lui arrachant de petits frissons.

- Tu sais parfaitement de quoi je parle ! s’emporta-t-elle. Tu n’entends pas les rumeurs sur ton passage ? Les regards dans ton dos ? Tu ne vois pas tous les jeunes Démons qui s’écartent de toi et s’enfuient comme si tu étais la Peste incarnée ?!

Il affichait toujours son sourire goguenard.

- Ah, c’est donc cela qui vous gêne tant. Vous n’aimez pas que l’on parle de moi ? Ce n’est pas ce que vous souhaitiez ?

Elle le gifla à nouveau, sur l’autre joue. Il perdit fugacement son sourire. Certes la douleur était sa force, mais se laisser écraser par cette femelle commençait à l’agacer. Fusse-t-elle sa mère.

- Ne joue pas à ça avec moi ! hurla-t-elle. Tu sais très bien ce que j’attends de toi ! Et depuis quelques temps tu t’emploies à m’en empêcher par tous les moyens !

Il la fixa d’un regard sombre.

- Je ne suis pas votre pantin, répliqua-t-il sèchement.

- Oh bien sûr que tu l’es, répliqua-t-elle en croisant les bras. Tu l’as toujours été, et le seras toujours. C’est uniquement pour ça que je t’ai laissé vivre et éduqué.

Il avait beau le savoir, qu’elle le dise si facilement sans même une once de remords ou de regret le blessait. Il n’était à ses beaux yeux orangés qu’un outil pour atteindre son but. Il se renfrogna et serra les dents. Les muscles de sa mâchoire saillirent, dissimulés en partie sous sa barbe taillée avec soin. Un silence s’installa. Il avait envie de la frapper, de réduire en bouillie son beau visage et de l’ouvrir en deux pour jouer avec ses boyaux. Mais il n’avait aucune chance d’y arriver.
Elle s’assit, lâcha un soupir et appuya brièvement son front contre sa main.

- Je ne devrais même pas être étonnée. Tous mes enfants n’ont toujours été que des échecs, dit-elle plus pour elle que pour lui.

- Il faut croire que la mère leur refile une tare, répliqua-t-il sans même y penser.

Il la vit se lever et eut le réflexe de s’écarter. Les gifles ne l’effrayaient pas. En revanche, elle pouvait le noyer sans autre forme de procès. Elle serait assez intelligente pour invoquer la légitime défense ou utiliser sa récente faute pour expliquer son acte.

- Ca va, ça va, je retire ce que j’ai dit, dit-il aussitôt.

Elle s’arrêta, le jaugea de son regard glacé. Elle avait le port de tête d’une reine. Et quelle beauté. Il avait beau la côtoyer depuis bien longtemps, il ne s’en lassait jamais.

- Et donc ? dit-elle d’une voix neutre. Ton explication pour ton immense bêtise ?
Il haussa les épaules avec légèreté en dépit de sa taille et de sa carrure.

- Tu vas me faire croire que tu as infligé un tel traitement à ce pauvre gamin parce que ça t’as pris comme ça ? dit-elle d’un ton glacé tandis qu’elle fronçait les sourcils.

Il soupira profondément.

- Mère ! Vous voulez vraiment savoir ?

- Oui, dit-elle sèchement en lui attrapant la mâchoire sans même qu’il l’ait vue bouger. Oui, je veux savoir pourquoi mon fils mutile ses semblables et je veux savoir s’il y a moyen de faire encore quelque chose de toi et donc d’intercéder en ta faveur auprès de Méphistophélès ou bien si tu es une cause perdue que je devrais laisser entre les mains du Juge des Enfers.

Il resta un moment interdit. Tiendrait-elle tout de même un peu à lui ? Il eut un doute mais ne dit rien. Elle faisait une tête de moins que lui, et elle semblait si frêle à côté de lui qu’il la trouvait souvent semblable à une enfant. Une enfant avec une opulente poitrine, de longues jambes fuselées et des fesses galbées à souhait.

- Vous savez que la douleur est mon énergie, dit-il avec sérieux.

- Ca n’est pas nouveau, répliqua-t-elle. Pourquoi ?

Il se perdit dans la contemplation du visage agacé de sa mère, de sa longue chevelure noire et soyeuse qui coulait sur ses épaules, de son regard d’ambre liquide, sur ses lèvres charnues et pulpeuses. Il vit l’expression de son visage se modifier pour adopter une expression douce et presque peinée.

- Sedirah…, murmura-t-elle.

- Pour être franc, je ne sais pas vraiment. J’avais envie de faire souffrir. Il est arrivé à ce moment-là et il était jeune…Je l’ai déchiqueté et j’adorais ça…

Il semblait un peu ailleurs. Il sentit la main de mère lâcher doucement son visage tandis qu’elle l’observait pensivement. Elle semblait inquiète.

- Tu es plus rebelle ces derniers temps. Tu as passé ta majorité il n’y a pas si longtemps, dit-elle. Serait-ce un effet de ton entrée dans l’âge adulte ?

Il la regarda droit dans les yeux sans rien dire. Que répondre à cela ? Il n’en savait rien. Elle posa sa main sur sa joue.

- Fils…, murmura-t-elle.

Il attrapa sa main et la pressa contre sa joue osseuse et rugueuse en raison de sa barbe courte.

- Si une telle pulsion te reprend, viens me voir immédiatement, dit-elle avec sérieux.

Il acquiesça. Elle passa son autre main derrière sa nuque et l’attira à elle, posant ses lèvres sur les siennes.

- Personne ne te touchera, souffla-t-elle entre eux. Personne ne fera de mal à mon fils. Tâche de te conduire correctement pour éviter de me décevoir encore. Tu es si prometteur.

Elle l’attira contre elle et le serra dans ses bras. Il profita de ce rare instant de tendresse, puis il la souleva et l’emmena vers sa chambre.
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MessageSujet: Re: Sedirah    Sedirah  EmptyMar 14 Aoû - 19:04

- Alors ? demanda-t-elle avec une légère anxiété.

Rodrik leva un regard mauvais vers elle.

- Tu me poses une question dont tu connais déjà la réponse, répliqua-t-il âprement. Il fait comme tous les autres avant lui.

Elle croisa les bras, un air indéchiffrable sur ses traits réguliers. Rodrik était le Démon qu’elle consultait toujours lorsque ses enfants commençaient à devenir un peu étranges. Et il avait dans un premier temps été assez perplexe face au comportement étrange de ses deux premiers. Puis avait trouvé la réponse à cette énigme : elle muselait leur péché. Depuis leur naissance, elle les soumettait à sa volonté, les contraignait à se tenir tranquilles, et convenablement. Pour faire simple, elle ne tolérait aucun débordement. Pas de pulsions quelconques, pas d’envies soudaines, pas de pertes de contrôle. Et une fois à l’âge adulte, ses enfants se retrouvaient submergés par leur péché devenu totalement incontrôlable.

Si ce n’était pas vraiment gênant en ce qui concernait un Gourmand ou un Envieux, voire même un Lubrique, cela s’avérait en revanche fâcheux dans le cas de son dernier fils Sedirah.

- Je te l’avais pourtant dit Mëalwin, tu ne veux pas admettre que tu puisses avoir tort. Et voilà le résultat, poursuivit le vieux Démon face à elle.

Elle lui jeta un regard indéchiffrable. Elle savait qu’autant de ratés chez ses enfants étaient forcément de son fait.

- Le problème ma chère, c’est que tu veux un fils Orgueilleux comme toi. Sauf que tu n’en as jamais eu jusqu’à présent. Et tu cherches à changer le péché originel de tes fils et filles pour les modeler à ton image. Seulement ça ne fonctionne pas.

- Et comment puis-je y remédier ? demanda-t-elle d’un ton sec.

Il la considéra un instant d’un regard torve.

- Tu peux l’abandonner comme tu l’as si bien fait avec les précédents, ou le tuer.

- Je ne veux pas le tuer, dit-elle aussitôt. Et je ne peux pas le laisser torturer tous les jeunes Démons qui passent. A ce train-là, Méphistophélès le fera condamner à un sort pire que la mort.

Elle s’était emportée. Elle reprit une constance. Pour l’instant son fils était terré chez elle, enchainé à un mur. Elle ne pouvait plus le laisser sans surveillance. Sa plus grande hantise était qu’il arrive sur terre et massacre les humains qu’il croiserait. Si les Sept n’intervenaient pas, ce serait un Ange qui se chargerait de lui ou un Exécuteur.

- Oh mais dis-moi…, fit Rodrik en s’approchant d’elle en se glissant sur le sol comme un serpent. Ma petite sœur serait-elle un peu trop attachée à son fils ?

Il passa ses doigts fins contre sa joue et elle se dégagea d’un mouvement souple. Il affichait un large sourire amusé.

- Ce n’est pas très sérieux tout ça, commenta-t-il.

- Je ne l’aime pas, répliqua-t-elle.

- Bah voyons. Tu te rebiffes comme une vierge effarouchée dès qu’il s’agit de se débarrasser de ton dernier rejeton.

Elle le gifla, mais n’atteignit pas sa cible, il avait attrapé son poignet avec désinvolture.

- Tss, tss. Tu me prends pour un débutant ? Je te connais depuis des lustres, ma douce…

Il s’approcha d’elle et effleura ses lèvres des siennes. Elle se laissa faire. Il l’embrassa et la prit doucement dans ses bras. Elle lui répondit puis l’obligea à reculer. Il se laissa faire, apparemment mécontent.

- Rodrik…, murmura-t-elle. Je ne veux pas qu’il meure.

Ils se fixaient droit dans les yeux. Elle était malheureusement sincère. Il soupira bruyamment et s’écarta.

- Ecoute, je ne peux pas vraiment de donner une solution miracle, fit-il en se détournant pour aller s’asseoir plus loin.

Elle s’avança et écouta.

- Si tu l’aimes si fort ce petit…

Elle le fusilla du regard. Il soupira une nouvelle fois et chercha ses mots :

- Si tu…souhaites tant aller au bout de ton projet avec lui, reprit-il. Je ne vois pas beaucoup de solutions. S’il a tant besoin de se défouler, procures-lui ce dont il a besoin et veille à ce qu’il n’abîme pas trop ses proies.

- Tu me demandes de le garder enfermé et de pourvoir à ses besoins, résuma-t-elle.
Il hocha la tête et attrapa un poignard à portée. Il joua un peu avec la pointe qu’il testa sur le bout de son doigt.

- Et si tu n’en es pas capable…

Il fit glisser la lame étincelante contre sa gorge.

- Et si tu n’en es pas capable non plus. Viens me chercher.

Elle resta quelques instants interdite puis acquiesça. Ses enfants précédents vivaient en honorant plus qu’il ne le fallait leur péché, au point qu’ils semblaient atteints de folie. Dans le cas de Sedirah, elle ne pourrait pas se contenter de le laisser à sa vie…

- Je te tiendrais au courant, dit-elle en reculant vers la sortie. A bientôt.

Il la regarda partir sans rien dire avec dans la bouche l’arrière-goût amer de la trahison. Un Démon amoureux n’était tout simplement pas un Démon.
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MessageSujet: Re: Sedirah    Sedirah  EmptyVen 24 Aoû - 18:54

Rodrik passa les tentures de la maison de sa sœur et la trouva simplement assise sur une banquette surchargée de coussins.

- Mëalwin, ma douce ! s’exclama-t-il. Quelle triste mine ! Comment se porte mon neveu ?

Elle lui jeta un simple regard puis fixa à nouveau ses genoux, qui devaient assurément être bien plus passionnants. Elle semblait avoir perdu de sa superbe. Oh, elle était toujours magnifique, mais l’aura qu’elle dégageait semblait avoir été réduite à néant. C’était bien triste. Elle n’avait plus guère de prestance.

- Si mal que ça ? questionna-t-il sur un ton enjoué en examinant les lieux.

A nouveau elle leva les yeux sur lui. Elle semblait…éteinte. A peine l’ombre d’elle-même. Il ne put réprimer une mimique dédaigneuse. Cela faisait plusieurs mois déjà qu’il lui avait prodigué ses conseils. Dans les Enfers, la rumeur de sa sœur enlevant des Nouveau-Nés et de jeunes Démons qu’elle rendait ensuite affreusement défigurés avait tôt fait d’arriver à ses oreilles. Certes, elle appliquait ses conseils. Mais était-ce suffisant ?

- Tu ne l’entends pas ? dit-elle dans un murmure.

Il se demanda brièvement de quoi elle parlait, puis en tendant l’oreille entendit à son tour. Sedirah devait être enfermé dans le sous-sol de la maison. Il hurlait des insanités à pleins poumons, injuriait, pestait, traitait sa propre mère des pires horreurs, la maudissait et lui promettait mille supplices s’il arrivait à sortir de sa prison.

- Ah.

Elle semblait épuisée. Si elle entendait cela à longueur de temps, il était normal qu’elle finisse par être fatiguée. Sa faiblesse, sa fadeur lui arrachèrent des expressions de dégoût. Il avait l’impression de voir une simple humaine face à lui. Il s’approcha vivement et lui attrapa le visage sans douceur.

- Tu comptes te laisser dépérir encore, vieille grand-mère ?! Une catin humaine a plus de classe que toi ! siffla-t-il.

Elle fronça légèrement les sourcils. Il vit une flamme s’allumer dans ses yeux, mais elle ne répondit rien. Il la repoussa brutalement, exaspéré.

- J’ai peut-être la solution à ton problème, encore faut-il que tu veuilles vouloir d’une solution, pesta-t-il plus bas.

Elle se redressa soudain, comme si la vie lui revenait. Il lui jeta un regard dédaigneux.

- Dis-moi !

- Et qu’est-ce que j’y gagne, hein ? répliqua-t-il d’un ton amer. Tu vivras ton idylle avec ce bellâtre à moitié fou ? Certainement pas.

- Rodrik ! s’exclama-t-elle en se levant.

Elle vint se planter devant lui, manifestement prête à en découdre pour entendre sa solution miracle. Il l’observa de bas en haut, se demandant si ça valait la peine de lui offrir un tel cadeau. Qu’y gagnait-il ?

- Qu’est-ce que tu veux en échange ? demanda-t-elle d’un ton exaspéré.

Il réfléchit quelques instants. Il savait ce qu’il voulait mais il voulait d’abord s’assurer d’un petit détail.

- Laisse-moi le voir d’abord. Je veux voir quel genre d’étalon peut bien te faire tourner la tête.

Elle prit un air méfiant. Il soutint son regard sans ciller. Elle détourna les yeux en premier, apparemment consciente qu’elle était obligée de céder à ses conditions. Elle se détourna et le guida vers des escaliers qui descendaient profondément dans le sol. Ils débouchèrent sur une salle creusée, sans fioritures, au centre de laquelle se trouvait Sedirah, lourdement enchainé. Des chaines épaisses de métal qui lui ceignaient les poignets, les chevilles, le cou et le ventre. Chaque chaine était ancrée au sol sous un gros socle de métal. Un vrai prisonnier. Sur le sol autour de lui, des traces de sang sombre et séché. Celui de ses victimes.

- Ah, te voilà, cracha-t-il. Avec un visiteur en plus, dit-il en lorgnant férocement sur Rodrik qui le dévisagea sans être vraiment impressionné.

Il jeta un coup d’œil à sa sœur, comme s’il s’attendait à plus impressionnant. Elle se contenta de détourner la tête. Rodrik s’avança, observant les éclaboussures sombres sur le sol. Il crut apercevoir une ou deux dents aussi. Il devait vraiment se défouler sur ces pauvres Démons. Arrivé à deux mètres, il s’arrêta. Certes, à genoux, et depuis l’escalier, Sedirah ne semblait guère imposant. Mais d’aussi près, il se rendit compte de la taille qu’il avait et de la carrure de ses épaules. Il dut avouer que sa sœur n’avait pas choisi n’importe qui.

- Ainsi donc, voilà notre petit élément perturbateur, fit-il.

Le Colérique lui cracha au visage. Il répliqua aussitôt en lui envoyant un formidable crochet en plein visage. Il entendit le gémissement étouffé du jeune Démon et essuya sa joue d’un revers de manche.

- Fais attention, gamin. Ta mère a la faiblesse de tolérer tes écarts, mais pas moi.

Un hématome fleurissait déjà sur la joue de son neveu qui lui jeta un regard noir. S’il avait pu tuer avec ses yeux, il serait sans doute déjà en charpie. Rodrik pivota vers sa sœur.

- Je veux que tu n’aies plus le moindre contact avec lui à l’avenir si je le sauve. Dans le cas contraire, je te laisse l’égorger comme un porc, dit-il avec un calme souverain.

Elle tressaillit en écarquillant les yeux. Sedirah ricana.

- Ainsi donc, ton rêve de gloire ne se réalisera pas avec moi, gloussa-t-il.

Rodrik lui envoya son coude en plein visage et entendit son nez craquer. Sedirah poussa un rugissement tandis que du sang coulait à flot de son nez meurtri.

- Silence, vermisseau ! Je m’adresse à ta mère !

Il l’entendit grogner, mais ne répliqua pas. Sa mère quant à elle semblait torturée à l’idée d’accepter de telles conditions.

- Si jamais je me rends compte que tu l’as revu quelle qu’en soit la raison, je l’égorgerais moi-même, sois en certaine.

Il la vit blêmir un peu tandis que Sedirah observait en le maudissant mentalement. Il le détestait sans doute plus que sa mère à présent. Qu’importe. Il ne se préoccupait pas de ce que pensaient les faibles. Enfin elle acquiesça. Il sourit.

- Bien, donc je suppose que ni l’un ni l’autre n’êtes au courant de ce qui se passe en ce moment entre Anges et Démons ? fit-il. Une guerre se prépare. Tous les soldats capables sont demandés et les premiers sont déjà en chemin vers les Limbes. Il me semble que ce merveilleux spécimen sera le bienvenu sur le champ de bataille où il pourra laisser libre court à sa folie destructrice pendant un bon moment.

Il jeta un coup d’œil à l’intéressé qui le dévisageait puis à sa sœur qui avait sensiblement la même expression, teintée d’inquiétude.

- Tu veux l’envoyer combattre des Anges ? s’étrangla-t-elle. C’est ça ta solution ?!

- Il faut combattre le mal par le mal comme on dit, répondit-il tranquillement. Il pourra se défouler et enfin – peut-être – retrouver ses esprits. C’est un pari à tenter, non ?

- Pour sûr ! répliqua Sedirah.

- Bien, il semblerait que l’affaire soit entendue, conclut Rodrik sous le regard médusé de sa sœur.

Ne restait plus qu’à le libérer, lui donner des armes, et croiser les doigts pour que ça marche.
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