Liaisons Dangereuses
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 ¤ Ambre Roja ¤

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AuteurMessage
Ambre Roja
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Ambre Roja

Messages : 89
Date d'inscription : 11/02/2011
Age : 70
Localisation : Somewhere you can't reach me

.: You :.
Situation: Célibataire
En couple avec: /
Péché / Vertu représenté(e): Envie/orgueil - Courage/charité

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MessageSujet: ¤ Ambre Roja ¤   ¤ Ambre Roja ¤ EmptyDim 6 Mar - 15:10


Ambre Roja
Dance & Dream



Nom : Roja (actuellement)
Prénom :Ambre, prénom qu’il affectionne à cause de son harmonie avec son apparence.
Nom Véritable: Rhill
Anniversaire : 12/08/1953~sur sa carte d'identité: 12/08/1989
Âge : 53 ans ou 22 ans, suivant si on se fie à ses papiers officiels ou non.
Nationalité : Il est officiellement Franco-Espagnol
Groupe : [Dragon]
Métier : Chercheur doctorant en histoire coloniale et danseur-étudiant au NCA (National Center for the Arts)



SANTÉ




Silhouette:
Mince, élancé et parfaitement musclé.
Taille: 173 cm
Poids : Environ 58-60 KG
Groupe sanguin : Inconnu
Allergie : Aucune, à sa connaissance
Problème de santé : Aucun, il a une constitution particulièrement résistante. Deux particularités : il est hyperlaxe (extrêmement souple au naturel) et a également une 'mémoire absolue', c'est-à-dire qu'il retient à peu près tout ce qu'il lit ou entend s'il est concentré. A souligner également, il est ambidextre.
Marque de naissance: Une croix inversée enchevêtrée dans une feuille de lierre, à l'intérieur de sa cuisse gauche, environ 10 cm sous l'aine, de couleur rouge sang.
Peur : De l’eau. Il panique dès qu’il est immergé plus loin que le torse (il ne sait pas nager, il faut dire). Il apprécie les bains cependant.
Manie : Chantonner et marquer les pas de la dernière chorégraphie qu’il travaille quand il réfléchit. Il arrive cependant à ne pas le faire en public. Il a aussi un sens de l'orientation désastreux, à rendre fou un GPS doté d'intelligence artificielle.
Antécédents Familiaux : Ses parents lui sont inconnus, il ignore même exactement ce qu’il est. Il n'a découvert l'existence des démons, des anges et autres hybrides que sur le tard, vers 25-30 ans. Il en a déduit être un hybride assez justement, et à ce moment des souvenirs oubliés de sa petite enfance lui laissèrent comprendre qu'un de ses parents était un démon. Djinn ou Dragon? Il l'ignore. Il sait ne pas être né sur Terre, mais c'est là sa seule certitude.

BIOGRAPHIE


Un Danseur...





Une serviette sur l'épaule, torse nu et portant uniquement un léger bermuda de toile noire sur ses hanches fines, Ambre, encore mal réveillé, entra dans sa salle de danse 'privée'. Il était 4h30 du matin, heure à laquelle il se levait tous les jours. Tous. Sans exception. Dimanche y compris. La petite salle couvrait toute la surface de son appartement, cachée sous des combles hautes sous plafond. L'homme alluma la musique, laissant bas le volume pour ne pas agresser ses oreilles sensibles dès le matin. Des oreilles qui étaient, d'ailleurs, étrangement, légèrement effilées et pointues, à croire qu'il s'était fait greffer des appendices d'elfe après la sortie du colosse cinématographique que fut le Seigneur des Anneaux. Il n'en était rien, il était né comme ça. Et tout aussi naturels étaient ses épais cheveux normalement rouge sang qu'il teignait au henné, leur donnant par là-même une couleur brun-rouge dans lesquels le soleil faisait danser de flamboyants reflets, plus faciles à faire passer. La nature l'avait également doté de tatouages du même rouge sang, fins et délicats, sur son corps en entier, et le seul dénotant des autres représentait une croix inversée enchevêtrée dans du lierre comme un fin filigrane, à l'intérieur de sa jambe, quelques dix petits centimètres sous son aine. Sa marque d'hybride, indiquant sa nature profonde. Une énigme à part entière...

Ambre s'approcha de la barre et commença ses étirements. Extrêmement flexible et souple, il avait tous les atours d'une danseuse, dans le corps d'un danseur. Ses jambes longues et fines, bien plus musclées qu'elles n'y paraissaient à première vue, avaient un galbe confinant à la perfection. Son corps tout entier présentait une attitude féline toute en puissance contenue, une grâce nonchalante que seuls les grands prédateurs des forêts peuvent avoir. Sur une ossature très fine et légère, qui à son grand damne le rendait trop androgyne à son goût, s'attachait une musculature délicatement développée et sculptée qui n'arrivait pas, cependant, à lui donner le physique viril auquel il aspirait parfois. Faute de se complaire à se plaindre de son sort, il avait fait de ce léger handicap sa force, au même titre que sa petite taille et son poids modeste. Aspirant à devenir danseur professionnel, il avait appris à mettre en valeur son élégance et sa souplesse dans ses mouvements, à tel point que cela ne le quittait plus. Sur la musique qui, en changeant de mouvement, changea de rythme pour entamer un allegretto, il commença les mouvements précis et tant répétés qu'il pouvait les faire même en dormant à poings fermés. Précis et maitrisés, chaque geste, de la pointe tendue de son pied qui s'ouvrait sur un dégagé à son port de tête, en passant par la position ouverte de son bras et l'inclinaison de sa main, dénotait de sa longue pratique et de sa passion.

Le temps s'écoulait, et de la musique classique, la chaine Hi-Fi passa au rock et au métal, deux autres styles musicaux sur lesquels il appréciait danser. Repasser des chorégraphies classiques sur ce genre de musique, ou faire du hip-hop sur un concerto étaient des choses caractéristiques de son style. Son regard doré à pupille fendue comme un chat, concentré, révélait seul l'activité cérébrale que les exercices qu'il s'imposait lui demandaient. Son visage, lui, restait détendu et légèrement souriant, dénotant du plaisir qu'il prenait à son activité, malgré la forte contrainte physique que cela impliquait. Ses traits harmonieux et agréables à regarder étaient comme le reste de sa personne un peu androgynes par leur finesse, si bien que souvent, avec ses cheveux épais et longs,  souples voire légèrement ondulés aux pointes qui lui tombaient entre les omoplates, il arrivait qu'on le confonde au premier abord avec une femme. Il lui suffisait heureusement d'ouvrir la bouche pour démentir cet affreux malentendu, sa voix grave, chaude et douce ne pouvant trahir son sexe.

La sueur coulait le long des muscles de son dos, et il fit une petite pause, après une heure et demie de danse, pour boire et souffler. Ses mains aux longs doigts fins s'emmêlèrent dans ses cheveux qui collaient à sa nuque, et il pesta une seconde d'avoir négligé de les attacher correctement. 'Assis' en écrasé facial (mot ô combien barbare pour refléter sa position favorite pour lire), les pointes de ses pieds marquant le rythme d'une mélodie qu'il avait en tête, il cherchait une piste en particulier sur le dernier album du groupe ΗΛΤЯΣĐ, une chanson sur laquelle il chorégraphiait sa prestation pour le concours d'entrée au "NCA". S'il n'était pas encore une fois recalé pour son physique atypique. Combien s'étaient moqués de lui en arguant qu'avant de faire tatouer tout son corps, il valait mieux penser deux fois à ce que l'on voulait faire de sa vie? Comme s'il avait choisi d'avoir le dos, les épaules et une partie des flancs décorés d'ailes de feu, ou encore d'avoir les jambes et les bras couverts de tâches figurant, ensemble, des motifs complexes à l'aspect un peu runique. Ces 'tatouages' étaient apparus tous seuls, les uns après les autres, au moment de la puberté. Il n'avait pas choisi. Et ne pouvait les faire disparaitre. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était en jouer, comme de tout ce qui le rendait si particulier, si peu 'normal'.

Un soupir de lassitude s'échappa de ses lèvres charnues, une moue sur son beau visage à la peau dorée. Il n'avait pas besoin d'un physique atypique pour savoir qu'il n'était pas humain. A 53 ans, il avait l'apparence aussi magnifiquement insolente que quand il en avait à peine plus de 20. Seul son regard trahissait parfois son âge réel, car ses réflexions restaient souvent au seul état de pensées. Quelques mèches indisciplinées virent chatouiller ses joues glabres et son nez fin, le faisant éternuer. Ambre ferma les yeux, et se concentra sur la chanson qui commençait. Il écoutait toujours une fois le morceau en entier avant de commencer à le travailler, afin de se ré-imprégner du texte fort des paroles écrites par BAMBI, le chanteur du groupe, et de tout ce qu'elles véhiculaient. Parfois il se disait qu'il aimerait bien écrire des paroles pour ce groupe, car il aimait leur musique. Et bien qu'il ne le connaisse en rien, BAMBI alias Sid Cavalera lui inspirait de l'amitié. Étrange... Finalement, il retira ses chaussons et banda ses pieds abimés, déjà, par des heures et des heures de pratique quotidienne. Il dansa alors, vivante image de ce mélange de haine, d'amour et de faux-espoir que contenait la chanson, faisant vibrer chaque mot comme si c'était lui qui les hurlait.

Le temps cessa alors de s'égrener tandis qu'inlassablement il dansait, et re-dansait la même chose, jusqu'à ce que ce soit parfait, jusqu'à ce que les mouvements fassent tellement partie de lui qu'ils lui soient aussi naturels que de manger, respirer ou dormir. Alors seulement, quand il ne serait plus un humain, quand il ne serait plus tout à fait un corps mais surtout un esprit, il serait prêt. Prêt à donner tout ce qu'il avait pour transcender un instant les paroles, le chant, la musique et la danse dans une harmonie parfaite. Du moins, l'espérait-il.

A huit heures moins le quart, il se rua vers la douche et s'habilla à la hâte, courant alors par les rues du quartier de Coyoacan jusqu'à sa salle de cours, où il arriva en retard. Comme d'habitude. Au moins cette fois-ci n'avait-il pas fait de détour pour faire le trajet de chez lui jusqu'à l'UNAM.

... mais aussi un Chercheur.

Ambre soupira. Il avait bien du mal à se débarrasser de son élève de première année, plus passionnée par son physique peu ordinaire mais avantageux de ‘jeune homme’ que par la réponse à la question qu’elle avait réussi à lui poser cette fois pour rester un peu plus avec lui. Elle était jolie, mais franchement, à son âge, les petites jeunes demoiselles ne l’intéressaient absolument pas, il aurait l'impression d'être un pervers. C’était l’un des gros inconvénients à être un hybride : il avait la mentalité d’un homme ayant vécu un certain chemin déjà, mais une apparence et des appétits qui restaient ceux du jeune homme dont il avait l’apparence. Une gamine n'avait pas la mentalité ni l'expérience pour le séduire, une femme plus âgée l'attirerait rarement.

Avec la patience qui le caractérisait à chaque fois qu’il enseignait à ses élèves en tant que chargé de TD, il expliqua un point de ce qui avait été sa recherche de master : la bible dans l’histoire antique. La passion prit vite le pas sur l’ennui que cette énième tentative de séduction lui causait, et la discussion se poursuivit un long moment.

Ambre avait naturellement un bon tempérament, et faisait un compagnon agréable. Souriant et enjoué, il avait tendance à se forcer à l’optimisme même quand la situation lui semblait (et ce assez raisonnablement) désespérée. Mais ce caractère se teintait d’un fort aspect solitaire. Pourtant, il n’était pas misanthrope, mais était affublé d’une timidité quasi-maladive, il s’ouvrait peu à autrui autrement que part un verbiage poli et agréable, mais distant, et il passait ses rares heures de temps libre entre des salles de danse et la bibliothèque d’histoire, enfermé dans un mutisme obstiné. Il y avait aussi sa nature d'hybride à l'espérance de vie dix fois supérieure à la normale qui jouait. Il ne voulait pas se lier aux humains, trop fragiles et éphémères pour une créature comme lui, et nombreux étaient ceux qui le croyaient taciturne et renfermé, aussi il était rare qu’il soit abordé. D’ailleurs, malgré déjà plusieurs mois passés ici, il n’avait pas d’amis. Du moins, de nouveaux amis. Il restait toujours Viola, son amie, sa confidente, et son amante de temps à autres, une 'jeune' femme tout aussi hybride que lui. Elle enseignait l’anglais à l’UNAM. Ambre avait pour elle une fidélité absolue, leur relation était par ailleurs claire et limpide comme de l’eau de roche, teinté d’une complicité innocente. Pas d'amour, ni de passion, mais une camaraderie saine et franche.

Viola arriva d’ailleurs juste à propos pour libérer la pauvre élève qui regrettait à présent amèrement d’avoir tenté de séduire ou du moins, de se faire bien voir de son professeur, car peu importait à cette jeune tête de linotte qu’Henoch ait décrit l’Apocalypse avant Saint Jean. Volant le chargé de TD à la première année qui avait compris sa leçon, elle l’emmena boire un verre non sans se moquer de son ‘sex appeal’ et de ses techniques abrutissantes de dissuasion. Ambre n’en prit pas ombrage, au contraire, son esprit vif enchainait les réponses pleines d’humour tandis qu’ils prirent un moment pour aller déguster des Tapas dans un café-restaurant du coin. Viola était sa ‘chorégraphe’, et elle avait été première danseuse à Moscou, puis étoile à Paris avant de changer d’identité pour suivre Ambre au Mexique. Elle était aussi l’un de ses professeurs de danse, bien qu’il ait appris une bonne partie de son savoir en autodidacte.

En tant qu’élève, ou désormais danseur, comme dans ses études, ambre dénotait par son application, et son obsession de la perfection. Il était impossible de tirer quoi que ce soit de lui s’il ne le voulait pas, car il savait se montrer d’un entêtement exaspérant. C’était tout ou rien, il fallait qu’il soit intéressé. Un gros défaut qui se muait en qualité quand on prenait en compte les heures de travail acharné qu’il passait à répéter ses mouvements de danse ou à se documenter, allant jusqu’à apprendre une langue morte pour traduire un seul et unique texte. Car Ambre avait une autre passion que la danse : l’Histoire, et tout particulièrement (et plus récemment) l’histoire religieuse et biblique. Or, il refusait de travailler sur des traductions, quand bien même elles aient été faites par les plus grands. Il maitrisait ainsi sans difficulté le grec ancien, le latin, l’hébreu, le perse et l’assyrien, et avait de solides bases en égyptien antique. A cause de cela, Viola, joueuse et taquine comme lui, s’amusait à le surnommer Champollion. Il avait refusé de s’abaisser à se vexer de cette moquerie bonne enfant.

D’ailleurs, il n’était pas homme à prendre la mouche facilement. Enfant adopté, tragiquement différent des autres, il avait dû composer avec les humains et leurs critiques depuis son enfance et semblait par nature assez modeste. Franc du collier cependant, il n’hésitait pas à dire ce qu’il avait en tête, tant que cela ne concernait pas vraiment ses sentiments. Cela désespérait son amie, qui avait une sincère affection pour son ‘cadet’ bien que ce-dernier se satisfasse d’une amitié qui pouvait parfois déraper, après un verre de trop. Ambre était un homme à la fois joyeux, ouvert quand on faisait l’effort de le connaître sans lui faire de rentre-dedans, mais aussi mystérieux, secret au point de sembler froid et sans cœur. Un cœur, pourtant, il en avait un, et son amie le savait bien quand elle voyait passer dans les orbes d’or fendues un éclair de tristesse, de nostalgie ou parfois de colère. Rien ne dépassait le regard félin de son ami, son attitude comme un masque, son corps qui même en dansant merveilleusement bien ne trahissait jamais rien de son état d’âme. Viola souvent se disait que celui ou celle (car elle savait parfaitement que si Ambre n’avait jamais couché avec quelqu’un de son propre sexe, cela ne le rebutait pas par principe) qui gagnerait son cœur serait à la fois bien courageux et bien chanceux. Et qu’il serait encore plus doué s’il parvenait à conserver à ses côtés cet électron libre qui ne faisait preuve d’une fidélité sans borne qu’à condition qu’on ne s’avise pas de lui retirer sa liberté.

Drôle de jeune homme, pensa-t-elle, n’arrivant toujours pas, même après plus de trente ans, à le considérer autrement, elle qui avait déjà vu s’écouler deux siècles. Ambigu, alliant dans un exquis mélange des contraires étonnants, qui faisaient de lui un homme pétillant et plein de surprises, bonnes comme mauvaises, d’ailleurs.  Perdue dans ces pensées, Viola ne revint à la réalité que quand Ambre la secoua  doucement alors que  le serveur attendait leur commande.


Histoire :


Un soir comme un autre, en octobre 2004, Ambre sirotait son thé dans son loft de Boston en attendant que Viola, sa colocataire et amie ne le rejoigne pour la partie d'échecs qu'elle avait réclamé. Le 'jeune homme' ne tenait pas plus que cela à ce genre de jeux, même s'il n'était pas mauvais. Mais une fois de temps à autres, il pouvait bien faire un effort  et offrir ce divertissement à la danseuse, d'autant qu'ils passaient alors la plus grande partie de la soirée à discuter de choses et d'autres. Dans un bruit de coton légèrement froissé, la Néphilim s'assit en face de lui, de l'autre côté de la table basse et disposa le jeu en silence. Elle se mordillait la lèvre, signe que quelque chose n'allait pas, ou du moins, qu'elle avait quelque tracas qui trottait dans sa tête bien remplie.

"Qu'est-ce qui te contrarie cette fois? demanda gentiment l'hybride, en posant son mug presque vide à sa droite.
- Ta future nouvelle identité, répondit-elle abruptement. Ambre, tu gardes toujours le même prénom, je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée, surtout pour quelqu'un avec un physique aussi remarquable que le tien.
- Je me teins les cheveux... tenta-t-il d'objecter avec une moue méfiante.
- Mais tu as les yeux dorés et avec un pupille verticale. On a vu plus ordinaire.
- C'est mon prénom. Et ici je m'appelle Amber. Je ne veux pas changer de prénom, c'est tout.
- Pourquoi? Ce n'est pas comme si c'était ton véritable nom. Celui-ci tu ne me l'as même pas dit! argua-t-elle, et cela sonnait presque comme un reproche.
- Je ne le connais pas. Et je tiens à mon prénom, c'est tout ce que je peux garder de mes parents.
- Ce n'étaient que des humains, même pas tes vrais parents, pas même l'un d'entre eux, récusa-t-elle avec une cruauté involontaire qui blessa son vis-à-vis. Pardon... Je ne voulais pas te blesser. Si tu les aimes tant, pourquoi avoir fui? Pourquoi ne pas leur expliquer? Et pourquoi ne parles-tu jamais d'eux, ou de toi?
- Cela ne me vient pas naturellement, mais je peux te raconter, si tu le souhaites."

Viola hocha la tête et grimpa sur un fauteuil dans lequel elle se pelotonna comme un chat. Son regard bleu glacier semblait transpercer Ambre de part en part, encadré entre les courtes mèches de cheveux ébène coupés en dégradé. Ambre lui-même s'enfonça dans le canapé, titillant une mèche actuellement auburn entre ses longs doigts fins.

"Je suis apparu sur Terre le 12 août 1957 dans une chapelle d'un petit village de bergers des Pyrénées, au-dessus d'Oloron-Sainte-Marie. Je ressemblais à un petit garçon d'environ six ou sept ans, mais personne ne me connaissait. Et pour cause, nul ne savait que j'arrivais tout droit des Limbes, moi-même avais alors la mémoire complètement brouillée. Même aujourd'hui, je ne me souviens toujours pas précisément de ce qui s'est passé, de la raison pour laquelle j'étais là-bas... Pas plus que je ne pourrais dire le nom de mes géniteurs : un démon, un démone avec un ou une humaine? Qui sait, tant qu'on y est pourquoi pas avec un ange! Franchement, je l'ignore et cela m'importe peu de le savoir. Ainsi donc, inconscient, je fus découvert par Esteban, mon père, alors qu'il sortait du confessionnal. Il me ramena chez lui en faisant mander le médecin. Je me suis réveillé le lendemain, l'odeur du café fort emplissait la petite salle à vivre de la maison tandis que Madeleine, ma mère, prenait son petit déjeuner. Je te passe les détails, mais ce couple ne pouvait avoir d'enfants, aussi réussirent-ils, après que j'aie confirmé que je n'avais pas de parents à ma connaissance, à m'adopter. Ce fut long mais les services sociaux n'eurent pas le cœur de m'arracher à eux le temps de l'enquête, aussi sommes nous devenus une famille très rapidement.

La vie que nous menions était simple, mais heureuse, bien que parfois quelques nuages voilaient le ciel bleu de ce bonheur, comme dans toute famille. J'allais à l'école à Oloron-Sainte-Marie, où ma mère enseignait le français dans un lycée. Mes parents m'aiment profondément, mais leur éducation était très stricte, très traditionnelle aussi: je n'étais pas pourri-gâté, ils n'en avaient pas les moyens, et quand bien même les auraient-ils eu, que cela n'aurait pas été le cas. Non, nous avions peu de moyens, mais ne manquions de rien. Malgré mes différences flagrantes par rapport aux autres enfants, à cause de mon physique, je grandis normalement, et entouré d'amour. Pendant les vacances j'aidais mon père à garder les brebis, à faire la traite et la tonte, et j'ai aussi appris avec ma grand-mère paternelle le filage de la laine. En fait, je suis un vrai petit berger!" s'exclama Ambre avec un rire joyeux. "Mais mes parents voulaient mieux pour moi, alors puisque j'étais un bon élève, ils me poussèrent à faire des études. Cela saignait à blanc leurs revenus, mais ils disaient que c'était là des dépenses qu'ils faisaient volontiers, car ils étaient fiers de moi. Arrivé au lycée cependant, je pus intégrer un groupe de danse. C'est là que j'ai appris les danses de salon, le rock acrobatique, le jazz et le hip-hop, ou ce qui s'y apparentait à l'époque. Tant que je demeurais en tête de classe et que je ne laissais pas tomber les études, mes parents me laissaient faire ce qu'il me plaisait. J'ai passé un BAC C, et je suis entré à la faculté de médecine de Paris. Le changement fut brusque, c'est moi qui te le dis!

Imagine un campagnard comme moi, qui n'avait jamais vu de plus grande ville que Pau, dans la capitale, seul! J'étais complètement désorienté. Mais je m'y suis rapidement fait, malgré le mal du pays. J'ai intégré très vite le groupe dans lequel tu m'as connu en tant que danseur, même si au début nous n'étions que 3. Mes études se sont bien passées, et je suis devenu rhumatologue, comme tu le sais, avant de faire une formation de Kinné pour le sport. Et je me suis retrouvé en remplacement à Garnier en 83, avant d'accepter ce poste l'année d'après. La suite, ma foi, tu la connais aussi bien que moi, non?

Ma vie est très simple finalement, pour une créature mi-démone mi-humaine, probablement... on n'en sait rien en fait, je me fie à tes suppositions et ton expérience, puisque, aussi limitée soit-elle, elle est toujours plus grande que la mienne. Si un jour je croise un ange ou un démon, je n'aurai qu'à lui demander et nous seront fixés quant à mon ascendance mystérieuse et hypothétique. Bref, j'étais et suis sans doute encore quelqu'un de simple, je rentre très bien dans le moule de la société. Pas d'histoires majeures, pas de drogue outre un pétard ou deux lors d'un fête, pas d'alcoolisme, pas d'accidents, rien! Je suis un garçon sage et qui aurait parfaitement pu rester un homme banal et normal, si je n'avais été ce que je suis. Si je n'avais pas vu que je ne vieillissais pas, si tu ne m'avais pas un jour pris à part pour m'expliquer ce que j'étais, un hybride, je serais probablement resté encore un moment dans ce poste, en retournant voir mes chères montagnes les vacances venues. Mais tu t'es mêlée de mes affaires et m'as ouvert les yeux, je me suis souvenu que je n'étais même pas né sur Terre, mais dans les limbes, et tout ce qui s'ensuivait comme conséquences. D'ailleurs, est-ce vrai que les hybrides normalement naissent sur Terre? Je suis sûr de ne pas y avoir mis les pieds avant mes six ou sept ans... Enfin, toujours est-il que je ne regrette pas ton intervention, même si ma vie n'a plus jamais été la même depuis.

Mais si je n'ai jamais avoué à mes parents ce que j'étais, c'est à mon avis car j'avais peur de leur réaction. Ma famille est extrêmement croyante, alors comment leur dire que, selon toute vraisemblance, je serais l'enfant d'un démon, ou, plus probablement, d'une démone?

J'ai agit de manière très égoïste, je le regrette souvent car en m'évaporant dans la nature sans laisser de traces, je leur ai fait beaucoup de mal... et ce pour ne pas avoir à affronter leur regard dégouté ou effrayé, pour ne jamais entendre leur rejet, tout hypothétique qu'il fut. J'étais le fils que Dieu leur avait donné, tu comprends, je sais qu'ils me chérissaient comme comme leur bien le plus précieux, alors je me suis arraché à eux par couardise en me persuadant sur le moment que c'était le mieux à faire pour eux, de leur laisser leurs illusions... Et j'avoue que cela me fait souvent mal, rien que d'y penser. Je leur ai repris ce que je savais être leur plus cher trésor. C'est cruel, simplement cruel. Mais ce n'est pas maintenant que je peux changer les choses, pas vrai? Pourtant le honte reste là, le remords aussi. Peut-être qu'un jour j'irai leur dire que je vais bien, que je suis toujours vivant, mais que je ne peux plus être leur enfant à cause de ce que je suis... Je ne sais pas. Si j'avais la moindre certitude, peut-être trouverais-je le courage de le faire.

Maintenant nous sommes là, moi ton élève danseur et accessoirement professeur d'histoire antique à Harvard, et toi maîtresse de danse, à préparer notre nouvelle vie à Mexico... Qui durera quoi, cinq ans, dix ans?"

Ambre se tut, un sourire un peu triste sur les lèvres. Il n'aimait pas parler de lui, car cela ravivait ses vieux démons, les peines qu'il avait endurées jusque là pour essayer de vivre sans soulever les soupçons. La vie qu'il menait lui convenait, seul ombre au tableau : le mal qu'il savait avoir causé à sa famille. Combien de fois avait-il imaginé le visage baigné de larmes de ses parents apprenant sa disparition, et l'attente interminable, qui semblait ne vouloir prendre fin qu'avec leur propre vie. Etaient-ils encore vivants, d'ailleurs? Parfois il brûlait de rentrer en France, et d'aller les voir, de manger de nouveau sur une tranche de pain moelleux le fromage de brebis et la confiture de cerises noires, avec un grand bol de café noir. Il rêvait encore de ces repas autour de la veille table de chêne massif, Esteban à peine réveillé qui se faisait secouer sans ménage par sa mère dès le matin, leur sourire le voyant apparaitre, la voix bourrue mais pleine de gentillesse de son père, le regard vert et pétillant de Madeleine...

Tout cela ne reviendrait pas, il commençait d'ailleurs à saisir l'interminable de sa vie qui devait durer plusieurs siècles. Il n'était pas pessimiste par nature, mais comment ne pas craindre une telle longueur, quand on voyait chaque jour, chaque mois, chaque année, que les hommes menaient le monde à sa perte? Et que faisait donc Dieu et le Diable là-dedans? Rien, sans doute se contentaient-ils de se distraire avec leurs petites marionnettes. on parlait parfois de l'Apocalypse que Dieu déclencherait, mais à son sens, ce n'était pas la peine qu'il bouge le petit doigt, l'Autre bien-pensant, car les hommes la faisaient eux-mêmes, l'Apocalypse. Leur planète était agonisante par leur faute, mais qui voulait vraiment agir? Qui le pouvait seulement? Mais dans tout ça, ce n'était même pas les hommes qu'Ambre blâmait. Ils avaient été créés pécheurs et tentés, passionnés et envieux, ils n'étaient pas si responsables...

Le danseur jeta un coup d'œil à sa compagne qui gardait le silence. Il savait qu'elle comprenait son tourment par rapport à ses proches, elle avait eu une famille elle-aussi, des enfants même, et elle avait dû partir et tout quitter un jour pour ne pas briser le secret d'un tabou absolu. Comme lui, elle abhorrait les non-humains, avec une haine encore plus féroce pour Dieu et le Diable, qui avaient permis leur existence sans se soucier d'eux. On leur donnait une vie qu'ils n'avaient pas demandé, et qui ne serait rien d'autre que des siècles de fuite en avant, une prison de solitude car nul ne pouvait vraiment partager leur vie que leurs rares semblables. Ils devaient rester sans attaches, à moins de ne vouloir faire du mal à ceux qu'ils laisseraient derrière eux. Incapables d'exprimer leur véritable nature, ils étaient prisonniers de leur condition, une géhenne qui pour quelques siècles avait des accents d'éternité.

"Tu apprends si vite... cela me fait froid dans le dos, dit finalement Viola tout bas.
- Ce n'est pas comme si j'avais eu le choix. Je suis assez désabusé quand à la tournure que prendra ma vie, et si le destin existe, je le remercie de t'avoir mise sur ma route, car je ne serai jamais vraiment seul si tu es là. Et je ne te laisserai pas seule non plus.
- Merci, répondit-elle sincèrement, un sourire sur ses lèvres fines et roses. Mais j'aurais aimé pouvoir t'épargner plus longtemps.
- A quoi bon, que sont deux ou trois ans pour nous? Je n'étais plus un enfant quand nous avons quitté Paris, Viola, j'avais déjà trente-deux ans. Alors, je peux garder Ambre pour Mexico? questionna-t-il faussement inquiet, comme si elle prendrait la décision à sa place.
- Ma foi, ce prénom te va si bien, accepta-t-elle avec un regard malicieux. Après tout, tu es ambré, ta peau, tes cheveux, tes yeux, tout en toi prend différentes teintes que l'on peut donner à l'ambre. Et c'est un beau prénom.
- Je l'aime aussi... Bon, et cette partie?"

D'un même mouvement fluide et gracieux, ils glissèrent de leurs sièges pour se mettre en tailleur par terre, face à face, et entamèrent le jeu, que cette fois Ambre remporta de justesse. Mais entre eux, un nouveau degré d'intimité venait d'être atteint.



Péchés représentés: Aucun en particulier dans son caractère, ce qui ne fait pas de lui une figure de vertu ou un saint. il a un peu de tout!
Vertus représentées :Il avait le Courage, détruit par Méphistophélès, et la Justice.

VOUS


Comment avez-vous découvert ce forum ? J’y suis admin-triple compte ^^
Aimez-vous le design ? Cela vaut mieux pour moi
Âge : Encore et toujours 23.
Fréquence sur 10 : Avec Ambre, comme avec Loann, je dirais 3/10 pour le moment, mais comme je suis régulièrement là avec Méphisto…
Autre : Vive LD!!!


Dernière édition par Ambre Roja le Mer 29 Avr - 9:34, édité 1 fois
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Népenthès

Népenthès

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MessageSujet: Re: ¤ Ambre Roja ¤   ¤ Ambre Roja ¤ EmptyLun 7 Mar - 10:50

Re-bienvenue ^^

Bonne continuation pour ta fiche ^^
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MessageSujet: Re: ¤ Ambre Roja ¤   ¤ Ambre Roja ¤ EmptyMar 8 Mar - 20:06

héhé! Merci Thess, je pensais la faire après celle de Loann, mais ambre est une tête de mule et ne voulait pas laisser mon esprit en paix.

Je ne t'oublie pas non plus, mon petit démon de pacotille. Je m'occuperai de ton cas demain!
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MessageSujet: Re: ¤ Ambre Roja ¤   ¤ Ambre Roja ¤ EmptyMar 8 Mar - 21:56

Lol, ok ^^
Hâte de voir ta réponse ^^
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MessageSujet: Re: ¤ Ambre Roja ¤   ¤ Ambre Roja ¤ EmptyDim 13 Mar - 15:20

Et voilà, fini! Bon, Thess, si tu permets, je me valide.
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